Compte-rendu de la Campagne d’Alsace
du 2ème Peloton du 2ème Escadron du
11ème Régiment de Cuirassiers
Novembre – Décembre 1944
Samedi 18/11/1944
Présentation aux Fusiliers-Marins sur les chars desquels nous allons participer à l’attaque.
Dimanche 19/11/1944
6 heures du matin. Départ. Traversée de Ronchamp désert. Nombreuses destructions. 8 heures 15, le “132” en tête. Bois nettoyés par l’artillerie. Progression. L’ infanterie suit dans les chenilles. Une patrouille en avant de nous; mines anti-personnel sautent. Morts et blessés chez les biffins. Crête atteinte. La Verrerie en vue. Nettoyage du village par Aspirant MOREL-JOURNEL, Brigadier TORCHIN (O.F.I.), Cavalier GALLAND et POINAT. Aucune rencontre. Pont miné “Achtung Minen”. Merci!!! 10 heures 30 Entrée dans Champagney. Accueil triomphal. Préparation attaque bois de la Rougerie. 14 heures à 18 heures réaction Boche. 16 heures 30 Cavalier BLANC blessé épaule au cours patrouille soutien-porté sur le “134”. Nuit calme.
Lundi 20/11/1944
7 heures, Attaque Bois de la Rougerie. 10 heures Patrouille avancée du Soutien-Porté “131” Maréchal-des-Logis MADELINE (CALVA), Cavaliers LEROY,FELIX,LECOMTE, LAPEYRE. La Biff. ne suit pas. CALVA blessé par balle à la tête et à l’épaule. OFI remplace CALVA. Le “131” s’embourbe. Dégagement. Achèvement nettoyage Bois de la Rougerie au pas de course par le 2ème Escadron jusqu’aux abords de Plancher-Bas. Tentative par les chars de rejoindre ce village par la route à cet endroit (à 30 mètres de cette route).Retour sur Champagney et reprise de la route directe jusqu’à Plancher-Bas. Toujours “Achtung Minen”. Encore merci!!! Entrée à Plancher-Bas à 13 heures 30 pris depuis deux heures par le BM 24 et le GM du 2ème Escadron. Filons sur Auxelles-Bas. Aucune résistance. Entrée à 16 heures .Accueil peu cordial de mortiers et de 88, jusqu’à la nuit. Nuit calme.
Mardi 21/11/1944
7 heures. Départ vers Giromagny.8 heures 30, passage fossés anti-chars. 9 heures, grand tournant avant cimetière .(Giro passé?).9 heures 30 violents bombardements de mortiers et de 88. 10 heures, le “133” (Second-Maître LAUDOUARD du 1er RFM) se fait allumer par un anti-char. 10 heures 15, deux chleuls prisonniers passent sur la route. Ils courent vite ! ! !.10 heures 30,1e Sous-Lieutenant CHARVIER et le Capitaine Aumônier Père CHEVALLARD sont tués par un 88 entre la ferme Cavailhac et le Cimetière de Giromagny. 11 heures un 88 percute dans un arbre blessant les Cavaliers PESSION à la cuisse et LAPEYRE au pied droit.15 heures 30 Aspirant ” BERTIE”, Jacques BRUNEL,P.LEC0MTE, G.GALLAND, patrouillant, découvrent le canon (un 77 Autrichien) qui nous a ennuyé toute la journée, détruit à la grenade. Coucher à la ferme Cavailhac. Nuit calme.
Mercredi 22/11/1944
7 heures 30,Départ.9 heures Entrée dans Giromagny. Bon acceuil.9 heure30-10 heures 30 Bouchon sur route de Belfort.10 heures 30 Traversée dans le lit de “La Savoureuse”. Arrosage de 88.Chars foncent sur Vescemont sous nouvel arrosage de 88. Nettoyage. Les Chleuls se sont repliés sur la forêt de Rougegoutte. F.M. OFI, LEROY face à tranchée boche. Apparitions fridolines. F.M. s’enraye. Deux Chleuls sortent en courant font 200m puis reviennent en courant encore, disparaissent dans le bois. F.M. fonctionné trop tard. Croyant qu’ils viennent se rendre, “La Môme” et DEVILLON vont, sur ordre, à leur rencontre. Ils sont tous deux blessés par des tireurs embusqués. Aspirant, PATARD, AUGER, réussissent à ramener sans encombre “La Môme” sur le “131”. Hélas, “36” se fait tué de deux balles dans la poitrine, en cherchant DEVILLON, ainsi que CALANDRY foudroyé à son F.M. SEVE et P. LECOMTE blessés. Luc DEVILLON est achevé par de nouvelles balles. Morts et blessés sont ramenés sur le “132” protégé par un scout-car. 12 heures, la tranchée allemande est nettoyée.12heures 30,prenons position tandis que la biff arrivée, poursuit vers Rougegoutte. Nuit calme.
Jeudi 23/11/1944
Journée de repos passée dans le triste souvenir de la veille. Capitaine JUNG blessé par éclats d’obus à Rougegoutte avec Yves GERY. Deux Fusiliers-Marins blessés également la veille aux côtés des nôtres. Le soir un peu de détente morale.
Vendredi 24/11/1944
8 heures-8 heures 30, Entrée dans Rougegoutte pris depuis la veille par la biff. 9 heures-9heures 30, Arrêt, chars stoppés par deux fossés anti-chars distant de 500 mètres sur la route de Grosmagny. L’un de 4 mètres de large est passé par un Tank-Destroyer. L’autre de 8 mêtres à 10 mètres de large est un os plus gros a avaler. Hardi mouvement stratégique du commandement DE GASTINES qui décide passage par les hauteurs boisées dominant Grosmagny. Fortement secoués, on passe quand même provoquant certainement vive surprise chez les Boches à la vue des chars. Le “115” est allumé par un bazooka: Un mort, le pilote, et un blessé parmi l’équipage. 16 heures. Toujours arrêtés aux premières maisons de Gromagny. Boches accrocheurs tirent toujours. Sommes arrosés aux mortiers et 88. Chars stoppés. A la nuit nous couchons sur position. Assez agitée. Coups de main Boches sur maisons tenues par les nôtres (BM 24,BM 5,BM 11);ils font 19 prisonniers. Quel sera leur sort ?
Samedi 25/11/1944
8 heures entrée dans Gromagny. 9 heures entrée dans Petit-Magny; la batterie Boche sacrifiée et qui nous a fait tant de mal a été anéantie par la biff. 9 heures 30, fonçons sur Etueffont-Bas ; entrée à 10 heures sans résistance. Les Commandos sont depuis 3 jours dans la région y faisant un boulot de Maquis. 11 heures Après avoir pris position, départ sur Anjouney, Bourg, Saint-Germain jusqu’au carrefour des Errues atteint vers 12 heures.C’est l’embranchement avec la Nationale 83 Belfort-Cernay-Colmar. Traction avant venant de Belfort apparaît, stoppe, quelques hommes en descendent en courant et se planquent. Tank-Destroyer allume la Citroën. Nos FM et les Browning des Light crachent. Bagarre jusqu’à 13 heures 30. Poussée reconnaissance avec “131” et”134″ jusqu’à Bethonvilliers. Patrouille “OFI”, LEROY, FELIX, LECOMTE, MONNIER au village. Rien. Retour des deux chars sur les Errues. Apprenons que traction et hommes étaient Français 3ème Spahis arrivant de Belfort. Trois blessés par nous. Les liaisons étaient bonnes ! ! 14 heures 30 Tout le peloton de chars repart sur Bethonvilliers. 14 heures 45 à 16 heures En position sur route Ménoncourt. Départ sur Romagny . Arrivée vers 16 heures 45. Passons nuit calme. 10 heures à 13 heures Même jour, équipages de T.D. avec Soutien-Porté “PARE-CHOC”, G.GALLAND, AUGER, KOPPEL et 3ème peloton; s’emparent de Rouremont-le-Château, faisant 150 prisonniers. La biff arrive plus tard.
Dimanche 26/11/1944
Repos.
Lundi 27/11/1944
Repos jusqu’à 16 heures, puis départ pour Massevaux. Arrivés à 17 heures aux premières maisons de la ville. Passons une nuit calme, mais très arrosée de 105 et 155 jusqu’au matin.
Mardi 28/11/1944
8 heures. Attaque et nettoyage de la dernière partie de Massevaux. Nombreux prisonniers fait dans les maisons alentour de la scierie sur la voie ferrée Cernay-Sewen. Boches, heureusement peu gonflés se terrent dans les caves, mais bien armés de mitrailleuses légères, MP 40 et MP 43, mausers et surtout bazookas. Ils sont dénichés tels des lapins de leurs terriers et les portées réservent quelques surprises en révélant des enfants peu pressés de suivre leur mère-poule Unteroffizière Undgefrieter dans la voie des mains levées ! ! On découvre également pas mal de cadavres dans ces caves, ce qui est peut être moins dangereux, mais plus désagréable.11 heures. L’avance se poursuit vers Grabenhutte qui est atteint par la biff. dans l’après-midi, tandis que le “134” et “135” poussent une pointe vers Houppach sur la route Joffre (Bitchwiller-Thann).Les chars se font copieusement arroser de mortiers et 88, tandis que de notre côté un 88 ou 105 ? tombé sur la voie ferrée, non loin de nous, a l’excellente idée de ne point éclater. Le terrain très montagneux ne se prêtant pas à leur emploi, les chars restent en réserve. Jusqu’au soir arrosage intermittent (88 et mortiers). Vers 17 heures, retour vers Romagny.
Mercredi 29/11/1944
Repos . Nous apprenons avec surprise et tristesse la mort de CHAUSSE DENT, tué aux côté NEAL à Massevaux.
Jeudi 30/11/1944
Les Fusiliers-Marins, relevés, partent vers Lure. Nous les quittons, à regret, aucun ordre n’étant arrivé pour les Soutiens-Portés/Enfin, on nous a promis de les revoir bientôt. Nous y croyons sans y croire tout en y croyant ! !
Vendredi 1/12/1944, Samedi 2/12/1944
Bruits de départ pour le front comme biff. Horreur !! On nous a feinté. Nous ne croyons plus qu’à la relève !
Dimanche 3/12/1944
Ca y est ! 9 heures. Embarquement dans les camions et départ pour Bourbach-le-Bas où le 3ème peloton, en ligne depuis 4 jours a contribué à repousser deux contre-attaques Allemandes avec le 8ème chasseur d’Afrique et le 3ème Spahis, la biff. Bourguignonne prenant la fuite 10 heures 30. Arrivée à Bourbach-le-Bas. Installation.16 heures 30. Ordre de monter.16 heures 45.Lieutenant AUDRAS arrive furieux; contre ordre, demi-tour ; retour au cantonnement.17 heures 30 – 18 heures. Cette fois, c’est vrai; on monte, malgré tout; on relève la biff. Bourguigno Nuit calme, mais froide et ensuite pluvieuse; de cette pluie qui n’a pas cessé de nous engluer, embourber, emm…. depuis le début de l’attaque ,jour et nuit, nuit et jour, soir et matin, matin et soir.
Lundi 4/12/1944
10 heures 30. Relève par le GM toujours sous la pluie; le jour nous a révélé les hautes aptitudes des officiers Bourguignons à de nouvelle conceptions stratégiques ! Il faut bien se distraire de temps à autre ! Reste de la journée; repos.
Mardi 5/12/1944
La relève est annoncée pour midi; on y croit sans y etc…….(voir plus haut)8 heures 30. Nous relevons le GM et ô, surprise ! l’on vient nous chercher à 9 heures 30 pour redescendre. Dans l’après-midi tout l’Escadron s’embarque et nous arrivons au repos dans un de ces quelconque Merdouzeux-sur-Gadoue qui jalonnent le département de la Haute Saône !
Mercredi 6/12/1944, Jeudi 7/12/1944, etc
Toujours repos ; attendons patiemment le départ pour La Rochelle (le 13 paraît-il? ). Avons revu avec plaisir ROUSSEL et “CALVA” arriver. Ces Normands ! Quelle race de béton armé ! ! !
Georges TORCHIN (O.F.I.)
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Les planeurs allemands à Vassieux, le 21 juillet 1944
D’un ouvrage édité par “Motorbuch Verlag” à Stuttgart dont l’auteur est Georg Schlaug intitulé “les unités allemandes de planeurs de transport 1937-1945”. Nous extrayons les pages suivantes traduites par le général Le Ray.
“Le Vercors est un haut plateau d’un massif étendu des Préalpes. Il est borné au nord parla grande boucle de l’Isère, au sud par la vallée de la Drôme et à l’ouest par le Rhône. Au-dessus de la gorge profonde du Royans, le plateau du Vercors forme une zone de prairies au milieu des forêts. Le Vercors accuse un caractère alpin typique. “
Dans ce territoire pauvre en axes de circulation – la description est empruntée à un guide touristique français – la Résistance française avait déjà, depuis l’hiver 1942-1943, constitué des dépôts d’armes et bâti une organisation locale qui, à l’origine, ne comptait que quelques centaines de partisans. Mais au fur et à mesure qu’approchait l’heure du débarquement (de l’invasion), les alliés renforçaient, depuis l’Angleterre, leur appui à la Résistance, tout particulièrement en faveur des groupes existant dans le Vercors. Des avions américains larguèrent des containers d’armes, de munitions et de matériel de transmissions. Ils parachutèrent enfin de petites formations de soldats qui accélérèrent l’instruction des combattants dont l’effectif, pendant l’été 1944, s’éleva aux environs de 4 000.
Les plans du Commandement supérieur allié attribuaient au Vercors une importance particulière, car depuis cette position, les lignes de communications allemandes avec la France du sud par la vallée du Rhône devaient être coupées.
Après le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, la Résistance renforça ses attaques contre les lignes de communications, les colonnes automobiles, les stationnements et les points sensibles des forces d’occupation qui, de leur côté, ripostèrent par des actions contre-offensives et des représailles.
A la mi-juillet, le Commandement militaire en France rassembla des forces opérationnelles afin d’éliminer les formations de la résistance réunies dans le Vercors.
Deux bataillons et deux compagnies du génie de la 157e division de réserve, le 19e régiment de police, des détachements du Régiment de Sécurité 200, trois bataillons de l’Est, ainsi que des unités de Feldgendarmerie et d’alerte reçurent mission d’encercler le Vercors et particulièrement d’interdire les quelques routes d’accès à l’intérieur du plateau. Quatre bataillons de Gebirgsjager et deux bataillon d’artillerie de montagne de la 157e division, ainsi qu’un bataillon de la 9e division blindée (Panzerdivision) devaient mener l’assaut contre le Vercors lui-même. L’attaque générale devait être déclenchée par l’aéroportage de deux compagnies de parachutistes avec planeurs dans la haute vallée de Vassieux-en-Vercors, où l’on soupçonnait la présence du quartier général des partisans .
Les parachutistes appartenaient au bataillon “Jungwirth”, une formation spéciale qui, en été 1944, était stationnée à Dedelstorf et subordonnée au ll/KG 200.
Entre le 18 et le 20 juillet 1944, arrivèrent à Lyon quelque vingt trains de planeurs DO 17/DFS 230, qui devaient transporter les deux compagnies parachutistes à Vassieux, situé à plus de 1100 mètres d’altitude. A Lyon, eut lieu la mise au courant des pilotes de planeurs, du plan d’opération et des caractéristiques du terrain . Il s’avérait nécessaire, lors de l’atterrissage, de mettre en œuvre des parachutes de freinage et même des fusées de freinage.
Dans le brouillard matinal du 21 juillet 1944 , décollèrent donc de Lyon deux échelons du I/LLG1 (groupe aéroporté). Les planeurs de l’un d’eux avaient reçu comme zone de posers le voisinage des hameaux Le Château et La Mure, quelques kilomètres au nord de Vassieux. Les appareils de la seconde formation devaient atterrir tout contre le village de Vassieux lui-même.
Le jour suivant fut marqué par de nouvelles attaques des combattants de la Résistance qui avaient reçu des renforts au cours de la nuit. De violentes averses de pluie et les nuages bas interdisaient par contre tout soutien et ravitaillement aériens du côté allemand.
C’est seulement le 23 juillet que le temps s’améliora. Dans les premières heures de la matinée, quelque vingt DFS 230 décollèrent de Valence transportant une compagnie de – légionnaires de l’Est » (Ost Legionàre). avec une section de mortiers et cinquante nouveaux parachutistes qui avaient été conservés jusqu’ici en réserve.
A l’atterrissage, le planeur piloté par le sous-officier Metzen, s’écrasa contre un bloc de rochers. Tous les occupants furent tués. Déjà pendant l’approche, le sous-officier Birzer avait fait une chute mortelle. Les soldats d’un autre DFS 230 qui, en raison d’une rupture de câble, avait dû atterrir loin de Vassieux en pleine zone ennemie, eurent plus de chance. Ils furent aussitôt récupérés par une unité allemande d’infanterie.
Simultanément avec les DFS 230 de la I/LLG1 (Luftlandgruppe 1, groupe aéroporté 1) atterrirent aussi deux GO 242 de la l/Luftlandgruppe 2 qui apportaient des armes lourdes d’infanterie. En réalité, au début seule la cargaison d’un GO 242 put être récupérée. L’autre appareil s’était posé trop loin, hors de portée.
Renforcés par les soldats fraîchement débarqués, les parachutistes réussirent, au cours de la journée à refouler les partisans, d’autant mieux que maintenant des avions allemands passaient à l’attaque. A l’est du Château et près de Vassieux, des « Storche » (Fiseler Storch, avion léger très maniable) atterrirent à plusieurs reprises pour charger les blessés.
Selon un pilote de planeur, les forces allemandes n’acquirent vraiment la supériorité décisive qu’avec l’atterrissage d’un nouveau GO 242 qui débarqua le 24 juillet une pièce antiaérienne de 20 mm. En une heure, cette arme lourde détruisit les positions les plus importantes des combattants adverses, en particulier une maison en pierre dans la pente sous la forêt de Lente. Les Français durent alors se replier dans les bois.
Un pilote de la l/Luftlandgruppe 1 raconte ce qui suit sur la fin des opérations :
“Dans la matinée du 25 juillet, le gros des parachutistes et des pilotes descendit vers Grenoble. Maintenant, seulement arrivèrent, pour soulager nos commandos restés surplace, les Gebirgsjâger qui avaient pénétré dans la haute vallée (de Vassieux) sans avoir rencontré l’ennemi, et qui découvraient avec stupéfaction les traces du combat. Nous avions recouvert les cadavres de nos morts avec des toiles de tentes, en raison de la très grande chaleur et de l’ardeur extrême des rayons du soleil. Pour procéder à l’évacuation des morts, un Fiseler Storch arriva de Lyon dans la matinée. On étudia avec son pilote l’aménagement d’une piste d’atterrissage provisoire pour JU52 de transport. Et c’est sans difficulté que se posèrent dans l’après-midi deux JU52 sur une bande de terrain nettoyée par nos soins des pierres; blocs et buissons. Nous commençâmes par charger l’un des appareils du fardeau funèbre, puis nous quittâmes pour Lyon, avec le deuxième JU52 , cette haute vallée où beaucoup de nos camarades et aussi beaucoup de Français avaient laissé leur vie. “
En réalité, en effet, les violents combats prolongés pendant plusieurs jours pour le Vercors avaient coûté de nombreuses victimes. D’après les estimations françaises, six cent trente-neuf combattants de la Résistance et deux cent un civils furent tués. Le nombre des pertes allemandes ne put être établi. Du côté de la l/Luftlandgruppe 1, quatre pilotes furent tués.
Au total, quarante-trois DFS 230 et trois GO 242 avaient été engagés .
Quelques semaines plus tard, tandis qu’après leur débarquement en Provence, le 15 août 1944, les Américains remontaient rapidement vers le nord par la vallée du Rhône, la Wehrmacht évacua le Vercors partiellement et” gravement sinistré.
Le 1er septembre 1944, le l/Luftlandgruppe 1 déménagea de Strasbourg-Entzheim vers un aéroport de campagne près de Giessen, où une attaque aérienne alliée à basse altitude détruisit quelque vingt Dornier 17.
Comme ce fut le cas pour toutes les formations de planeurs, le l/LLG 1 et le l/LLG 2 ainsi que l’état-major du LLG 1 durent être dissous par ordre du haut commandement de la Luftwaffe, en date du 9 septembre 1944. Le personnel rendu disponible fut en majorité versé dans des unités de réserve de parachutistes. Excepté tardivement de l’ordre de dissolution, le ll/Luftlandgruppe 1 (capitaine Klaus-Dieter Reich) fut transféré au début d’octobre 1944 à Altenstadt (Ober-Hesse). C’est cette unité qui devait prendre part de façon marquante à la renaissance inespérée que connurent les formations allemandes de planeurs au début de 1945.
Georg Schlaug. (Traduit par A. Le Ray).
La lecture du document présenté ci-dessus a l’avantage, en premier lieu, de nous apporter quelques détails sur l’attaque aéroportée de Vassieux, vue du côté allemand. Il s’agit seulement de renseignements “techniques” sur l’organisation et le déroulement des opérations. Il n’est question dans ce texte ni des pendus de La Mure, ni de la famille Blanc du Château. On notera seulement :
“…la Wehrmacht évacua le Vercors, partiellement et gravement sinistré…”;
“…où beaucoup de nos camarades et aussi beaucoup de Français perdirent la vie…”.
Ce qui ressort, en outre, de ce texte, ce sont les difficultés éprouvées par les parachutistes de la première vague du 21 juillet, exprimées à plusieurs reprises :
“…accueillis par des tirs violents…”;
“…placés en situation difficile…”;
“…la situation des combattants posés en ces lieux ne pouvait pas être considérée comme favorable…”;
“…nouvelles attaques des combattants de la Résistance…”.
Et ceci peut nous amener à penser, à en croire donc les Allemands eux-mêmes, qu’il eût peut-être fallu peu de choses pour que la première vague ait été placée en position très difficile, voire neutralisée.
La formation de planeurs commença par descendre la.vallée du Rhône. A la hauteur de Valence, elle infléchit son vol vers l’est, pour finir par aborder le Vercors en remontant vers le nord. A environ 10 kilomètres de l’objectif, à une altitude de 2 500 mètres, les planeurs décrochèrent, et les appareils atteignirent Vassieux après un vol plané de cinq à huit minutes. Environ 900 mètres au-dessus de l’objectif, les pilotes commencèrent leur piqué. Les machines du premier échelon se posèrent sans accident tout près des maisons de La Mure et du Château. Les fusées de freinage avaient permis un sensible raccourcissement de la longueur d’atterrissage. Pour deux des appareils de cette formation, les parachutes de freinage ne s’ouvrirent pas. Cependant les pilotes réussirent un poser sûr.
Tandis que les soldats de la première formation n’eurent â subir que de faibles réactions lors de l’atterrissage ceux de la seconde, posée près de Vassieux, furent accueillis par des tirs violents . Deux ou trois appareils furent touchés en se posant à terre. De nombreux parachutistes y trouvèrent la mort. Parmi les tués figuraient les pilotes Pyritz et Rink. C’est ainsi qu’affaiblis dès la première phase du combat, les parachutistes de cette formation se trouvèrent placés en situation difficile au cours des combats parmi les maisons. Aussi fut-il nécessaire de leur renvoyer des renforts prélevés sur les groupes posés au Château et à La Mure.
Certes, grâce à la surprise, La Mure et Le Château avaient été rapidement occupés, mais la situation des combattants posés en ces lieux ne pouvait pas être considérée comme favorable, car les partisans commençaient à se rassembler et à combattre en retraite.
Au soir du 21 juillet, les deux compagnies débarquées étaient partout sur la défensive. Vingt-neuf soldats avaient été tués, vingt autres étaient gravement blessés.
N.D.L.R.
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VASSIEUX – VERCORS
Par le lieutenant colonel THIVOLLET,
ancien chef des maquis du Vercors et du 11ème régiment de Cuirassiers.
Je dois attirer l’attention du lecteur sur la difficulté qu’il y a d’exposer le développement des combats du VERCORS. La guerre que nous menions était tellement particulière que chaque chef de camp ou d’ escadron était astreint à manoeuvrer en faisant preuve d’une très grande initiative dans le cadre de directives générales très larges.
C’était une citadelle s’avérant imprenable, à condition de pouvoir disposer d’un minimum de moyens indispensables à sa défense. Visitez la région et vous serez convaincus.
Après de simples actions de guérillas isolées et de multiples coups de main, après des combats de guérillas plus ou moins importants suivant que plusieurs unités marchant au bruit de la fusillade, tombaient sur le même ennemi et le mettaient en pièces, des combats se sont mis en relief. Pourquoi?
Parce qu’ils prennent parmi tant d’autres une forme plus régulière. Ils sont marqués par des faits plus saillants et plus douloureux que grandit encore l’héroïsme d’un officier, d’un gars ou d’une collectivité.
Je vais essayer de vous exposer quelques uns de ces “barouds”, entre autre VASSIEUX, La Forêt de Lente, Romans Sur Isère.
VASSIEUX est, dans l’ histoire de la Résistance, l’image d’un lieu où la barbarie allemande s’est donné libre cours. Elle se dresse, cette petite cité, douloureuse et meurtrie sur ce grand plateau, témoin de tant d’ horreurs et de tant de gloire. Des soldats n’étaient pas seuls en présence, il y avait la femme et l’enfant, l’ouvrier et le paysan. Tous, levés dans un même élan, luttaient contre l’envahisseur. Elle n’était pas récente cette lutte, elle n’avait pas débuté aux mois de juin ou juillet, elle durait depuis des années, et les évènements qui s’y sont produits dans la région, n’étaient que l’aboutissement de tous les combats livrés en secret. VASSIEUX, depuis le début de la Résistance, cachait dans ses murs et dans ses bois proches des gars solides, des “brûleurs de loups” Elle cachait des dépôts de vivres et de munitions et aussi des coeurs d’habitants merveilleux. Ces habitants volontairement complices de tous ceux de la Résistance, favorisaient leur but et leurs missions : liaison ; renseignements; etc……ce qui fit qu’en pleine occupation, par le geste répété de toutes les communes du Vercors, celui-ci put vivre de fait, en république indépendante, à la barbe et au nez de l’occupant.
Placé au centre d’un plateau admirable par sa situation et ses dimensions face au Veymont majestueux, collé à la forêt de Lente, il était écrit que ce terrain serait destiné à recevoir des parachutages, non seulement de matériel, mais aussi d’hommes. Je me souviens de la première visite que je lui ai faite en compagnie de Jean-Pierre et de Procureur, deux officiers alliés, de les avoir vus enchantés de trouver un terrain qui répondait si bien aux missions dont ils étaient chargés. Le ciel laissa donc tomber sur ce plateau tout ce qu’il était nécessaire d’ avoir pour équiper et armer des éléments qui, depuis de longs mois, voire même depuis des années, se battaient avec quelques ”pétoires” prises aux Italiens et aux Allemands. Nos gars, remplis d’ardeur, furent enfin correctement armés avec des armes modernes. Un commando américain fut parachuté également et instruisit nos camps, en particulier sur le ”bazooka”.
Le 14 juillet 1944, les parachutages qui avaient lieu habituellement de nuit se firent en plein jour. A 9 h 30 un nombre considérable d’ appareils déposa sur le terrain un important matériel. A mon avis il eût mieux valu que les opérations de parachutage continuent à se faire la nuit, afin de moins attirer l’attention de l’ennemi. Nous aurions pu ainsi garder un peu plus longtemps le maquis pour ne pas avoir à le reprendre.
Les faits sont là. L’ennemi s’est rendu compte de l’importance qu’attribuaient les Alliés à cette forteresse. Il décida de la réduire. Les opérations commencèrent d’ailleurs immédiatement par le pilonnage du terrain à peine une demi-heure après le passage du dernier avion allié.
La récupération des tubes et de leur transport deviennent très périlleux sur un billard arrosé par les bombes et la mitraille et sur les routes où tout véhicule est pris en chasse.
En outre, les allemands se concentrent à Grenoble et les renseignements nous avertissent qu’une attaque se prépare. Les portes de la zone nord du Vercors sont alertées. Les commandements militaires sont répartis. Le capitaine Durieux prend celui de la zone nord, Thivollet celui de la zone sud. Le lieutenant-Colonel Huet ”Hervieu”, chargé de coordonner les efforts entre Drôme, Isère et Vercors depuis le 25 mai, coiffe l’ensemble. L’ allemand monte à Saint-Nizier, le 20 juillet, il se rend compte de la résistance du dispositif. Elle est opiniâtre, il se retire avec des pertes sérieuses. Saint-Nizier brûle. Le noyau du 6° B.C.A que commande le lieutenant Chabal fait merveille (les chasseurs ont été regroupés au cours de l’hiver). Ils formaient un camp accolé au début de 1944 au 11° Cuirassiers, à Saint-Martin et cantonnaient au Brignac. Le Capitaine Tanant était chargé du recrutement et de la réorganisation de ce régiment. Ces chasseurs qui avaient pendant plusieurs mois lié leur sort à celui des Cuirassiers, nous quittèrent après Saint-Nizier pour reconstituer avec de jeunes recrues leur régiment. C’est avec un serrement de coeur que nous les vîmes partir. Il fallait cependant qu’ils fassent vivre leur écusson si cher au commandant de Regniès.
Les Allemands se heurtant à une belle résistance, décident de mettre le prix pour anéantir ou tout au moins entamer ces flots dangereux pour leurs arrières. Trois divisions sont lancées à l’assaut de ce donjon. De toutes parts le même renseignement arrive. Le même bruit se répand ; depuis Die jusqu’à Romans, de Grenoble à Crest, de la vallée de l’Isère à celle de la Drôme, de celle du Rhône à la route Napoléon, ils sont partout, ils montent pillant, martyrisant, tuant femmes et enfants, fusillant les jeunes gens ; leur but: détruire ce Vercors.
Ils ne détruiront rien. Ils rendront plus forte que jamais la foi de ceux qui auront la chance d’échapper à la tourmente et fourniront une raison de plus de se battre.
Chaque rescapé reprend le flambeau que son camarade mort lui tend en tombant, et plus ardente est leur volonté, plus mordante est leur ténacité ; attaqués cent fois, dispersés autant de fois, ils se reformeront. Le boche en tue un, l’autre se décuple, et il y en a dix contre lui. Le coeur de chacun est d’acier et de la même trempe que celui qui se battait avec Turenne, en Alsace, sous la cuirasse à Wagram, à Reichshoffen et ailleurs, leurs poitrines sont nues : leurs pères n’ont-ils pas gagné la fourragère dans la tranchée en 1917 ? Ces gars en haillons sont les dignes successeurs des cavaliers d’ épopées. L’ un deux, Yves Beseau, maintenant la tradition, ne meurt-il pas à cheval en chargeant, ne tombe-t-il pas glorieusement en fonçant dans le tas?
Le 11° Cuirassiers était à Vassieux. Il mordit tant qu’il put ; attaquant de toutes parts, avec de faibles moyens, chaque fois qu’il le pouvait il se regroupera sans trêve et après les durs combats de Vassieux et de Lente, il se permettra, avec une aisance qui force l’admiration de descendre dans la plaine, d’ y harceler l’ ennemi sur la route nationale n° 7, Valence-Lyon, et d’ attaquer dans un beau style la garnison de Romans, le 22 Août. A Vassieux cependant, la bataille va faire rage. L’ ordre est simple : interdire l’accès au plateau, chacun est à son poste, si le terrain est riche en possibilités, nos moyens ne le sont pas, l’ennemi est habillé, équipé, nos cavaliers sont en guenilles, ne possédant que peu ou pas d’armes lourdes, ni d’artillerie. Sur huit canons de 25, pris aux boches à Chambarrand, 4 seulement fonctionnent encore, 2 ont été perdus à Saint-Nizier. Ils étaient arrivés à point pour entrer dans la bataille. Les avions ennemis volent plus haut depuis que deux des leurs ont été atteints. Attaqués de partout, la situation deviendra tragique quand l’ennemi, déposant des planeurs sur le terrain de Vassieux, constituera un accès interne extrêmement dangereux.
Les boches montent par Izeron. La cabine ne répond plus. RAS sur le plateau de Beurre, deux mille allemands dans le Trièves s’ installent entre Clelles et Vif. Des convois arrivent à Saint-Just-de Claix ainsi que des canons de 155 tractés.
Ils sont aussi à Pont de Manne. De notre côté l’activité est intense. Des renforts sont envoyés aux points les plus faibles et pour cela il faut racler les fonds de tiroir. A Vassieux, des incendies s’allument, l’aviation ennemie continue son action destructive. Le 21 juillet à 9 h 30 des planeurs se posent, admirablement répartis autour des trois petites localités : de Vassieux, la plus importante, de la Mure et du Château. Ils se collent aux murailles ; de leurs carlingues les troupes spécialisées composées de SS à la tenue noire, et même de Waffen SS, se jettent dans les premières maisons. L’ennemi attaque au lance-flammes, à la grenade, et s’ acharne à réduire chaque îlot. Les combats de rues sont durs. Les civils, femmes et enfants abattus, ceux qui auront pu échapper pendant le combat seront martyrisés; tout comme les maquisards, ils furent fusillés ou pendus avec un raffinement inouï. Pendant que la lutte fait rage dans les petits villages du plateau de Vassieux, les cols tiennent toujours. Des unités sont prélevées sur les escadrons en position, se préparent et se jettent sur ce nouvel objectif. Saint-Jean-en-Royans est bombardée. Deux escadrons sont lancés sur Vassieux. Ils sont commandés par les capitaines Grange et Bagnaux. Le commando américain les appuie avec des ”Bazooka”. La progression se fait difficilement, néanmoins l’attaque est lancée et les éléments de Grange prennent pied dans les premières maisons de Vassieux. Le commando se replie, les éléments gardent le contact. L’aviation harcèle les attaquants. Au nord le capitaine Bourgeois, à la tête du plus ancien des escadrons du 11° Cuirassiers, formé avec le noyau des premiers du maquis dès décembre 1942, progresse vers la Mure. Bourgeois a le commandement de l’ensemble de l’action, mais les liaisons sont difficiles: terrain, aviation, etc…..La nécessité de monter deux actions différentes se fait sentir dès le début de la bataille.
Les unités légères prélevées, arrivent et prennent position sur le pourtour du terrain qu’elles dominent. Rolland (Capitaine de Géry) au col de Lachau. Le Lieutenant Philippe, ancien Tcherkess, vers la Mure, baroude déjà et est sérieusement accroché. Le Lieutenant Arnold avec ses éléments de Q.G. et le capitaine Nicolas avec un section du Génie, sont sur le château.
Les effectifs sont insuffisants et fatigués, soumis à un bombardement incessant. L’aviation pilonne sans arrêt les liaisons et abords du plateau desquels doivent déboucher les unités qui doivent attaquer sur billard. Chaque village est planté sur le terrain comme un nez dans un visage.
La Chapelle-en-Vercors flambe. La situation sur les pas, devient de plus en plus critique. Il est nécessaire d’opérer sur Vassieux, avec tous les éléments disponibles en place désormais. Il est décidé que deux actions différentes seraient dirigées, l’une sur Vassieux même, l’autre sur la Mure et le château, au cours de la journée. Les Allemands redoublent le pilonnage des lisières du plateau, puis atterrissent avec des transports de troupes. Les effectifs adverses augmentent de plus en plus sans qu’on puisse réagir faute d’armes lourdes. La situation devient inquiétante d’heure en heure, l’ennemi tient tête partout cherchant le défaut de la cuirasse. Des signaux lumineux partent alors de l’intérieur du Vercors, rappelant quelques sombres journées de 1940. Le contact est pris à Saint-Nazaire-en-Royans ; par les éléments du capitaine Fayard-Bourdeau qui commande le 14° B.C.A. appartenant à mon regroupement.
De Léoncel on craint une attaque, quelques renforts prélevés ici ou là, sont envoyés aux points en danger et répartis au mieux de la défense. Grange renforce Corrençon et Menée. Quelques rescapés de Vassieux nous fournissent des renseignements sur l’attaque par planeurs, et nous apprennent que le Capitaine Hardy, chargé de la défense du terrain de parachutages, a été tué. Hardy était une belle figure d’officier, jeune Saint-Cyrien ayant un cran merveilleux. Il avait sollicité l’honneur de remplacer au commandement de son escadron le lieutenant Payet, tué le 14 juillet sur ce même terrain. Le capitaine Paquebot, officier aviateur parachuté, chargé de construire la piste d’atterrissage a été blessé (2 balles) et eut la cheville cassée (il rejoindra mon P.C. à Lente, effectuant, pour nous rejoindre, 12 Km à plat ventre, après avoir passé 36 H dans une fosse à purin). Quel magnifique exemple d’endurance et de courage. Nous avons aussi quelques détails sur la brutalité de l’attaque ce qui confirma les renseignements reçus par téléphone, au moment où la bataille s’ engageait .
Message tragique dont je me souviendrai toujours ; les dernières phrases étaient les suivantes : ils attaquent au lance-flammes, la défense est inefficace, éléments sont coupés, ils ont la supériorité, il y en a partout, le feu est partout, et puis plus rien.
Sur les pas et aux cols, les gars tiennent toujours, mais demandent des renforts, principalement des mortiers pour riposter à l’ennemi dont la pression se fait de plus en plus sentir. Les troupes spécialisées de montagne attaquent à leur tour, et prennent pied sur les rochers dominant la position. Le 22, à 21 h 30, les pas cèdent. A 23 h ils sont occupés mal….. l’héroïque défense de ces braves qui ne sont inférieurs qu’en nombre et en matériel. L’ allemand prend pied mais la lutte continue. En zone Nord du Vercors, le dispositif craque. La J.W. est occupée. La ligne de défense de Corrençon est enfoncée. Le lieutenant Chabal est tué. Malgré la vaillance des chasseurs, Valchurion cède, les Sénégalais sont débordés. L’ennemi marche sur Herbouilly et dévale alors sur Saint Martin, où se trouve le P.C. du lieutenant-colonel Huet. L’ordre de dispersion a été donné. Les films du Vercors sont enterrés à proximité de mon P.C. par les aspirants Durand, Rose et Giordan; nous les retrouverons à peu près intacts après les opérations.
Les unités reçoivent l’ordre de se replier dans leurs zones respectives : au 11° Cuirassiers, Forêt de Lente ; P.C au domaine puis à PEAL André, 14° B.C.A. Sur le Royans, puis Malatras. Les unités du Trièves rejoindront Lente par le Diois. Le décrochage des unités au contact, ne s’ est pas fait sans difficultés. Nous déplorons des pertes sévères, mais l’ennemi compte ses morts. Nous sommes revenus sur le terrain, et nous avons eu le spectacle horrifiant de ce qu’était capable l’allemand en fait de barbarisme. J’ai retrouvé plusieurs de mes gars pendus et odieusement torturés, les autres achevés, blessés, dans la grotte de la Luire. Des photographies montrent l’ authenticité de ces crimes odieux.
Le lieutenant Philippe est tombé glorieusement à la Mure avec tout son peloton. Le lieutenant Payet, le capitaine Hardy ainsi qu’un grand nombre de héros inconnus parce qu’il s’appelaient ” Fend la bise”, ou ”Dubois”, ”René ou Pierre” ont été ensevelis sur le terrain arrosé de leur sang. Un exemple est à retenir, celui de Paquebot, qui, après tant de souffrances, tombera glorieusement, ayant échappé à la fournaise de Vassieux, sur la route de Romans, après avoir établi la liaison avec les Américains à Grenoble. Le capitaine Boiron, magnifique d’abnégation et de bravoure avait lié son sort à celui de Paquebot. Ils seront unis dans la mort, comme ils le furent dans le Vercors et à Vassieux en particulier. Les civils en grand nombre tombèrent. Femmes, enfants, hommes de tous âges, victimes de leur dévouement et de leur patriotisme.
Devant les cadavres de tous ces innocents, le monde peut frémir d’indignation et la France garder l’empreinte d’ une grande et éternelle fierté.
Puisse-t-elle reconnaître un jour la grandeur des sacrifices consentis par tous ces vrais Français pour l’honneur de son drapeau………….FIN
***************
EPILOGUE
Galopant dans l’histoire, les Cuirassiers de 1942, se sont trouvés des cavaliers d’épopées, de ceux des charges fantastiques, aussi élégants sous l’uniforme qu’ardents dans la bataille. Comme eux ils sont entrés dans la légende, partant en haillons pour arriver aux cuirasses.
Soldats sans uniforme, armée sans drapeau;
chantant la marseillaise en allant au tombeau,
c’est ton groupe, ces amants de la liberté…
Vercors qui t’a à jamais immortalisé…
a écrit Jean de Neulie-Libérateur de Brigue et de Tente, terres françaises.
En vérité, l’histoire ne s’écrit qu’avec le recul du temps. Les recoupements doivent permettre de faire jaillir la lumière que seule l’évidence des faits peut apporter. D’ores et déjà, il est possible d’affirmer que les volontaires de la résistance qui ont combattu à Lyon, dans la Drôme, l’Isère et dans le Vercors, avant de poursuivre la lutte jusqu’au Rhin avec la Légion de la 13ème Demi-Brigade, les Fusiliers-Marins et les Chasseurs du 8ème Régiment de Chasseurs d’Afrique ont marché sur le chemin de l’honneur, suivant la devise des anciens carabiniers. Continuant la tradition, ils ont écrit la suite d’une belle histoire de trois siècles de gloire, avec le sang des uns et le sacrifice des autres pour que la France vive.
Le Général de Lattre de Tassigny a reconnu dans son livre “Histoire de la Première Armée Française”, que les escadrons du 11ème Cuirassiers lui ont apporté un effectif de 3000 hommes, et pour eux, il ne dissimulait pas son affection.
Le 11ème Cuirassiers est resté à la 1ère D.F.L. simplement parce que le Général de Lattre était le champion de l’amalgame et sûrement parce qu’il n’a pas voulu démolir une magnifique équipe. Aussi, laissons-nous Roger Barberot Lieutenant de Vaisseau des Fusiliers-Marins, commandant le 1er escadron de reconnaissance de cette unité, apporter son magnifique témoignage, qui met en évidence le triomphe de l’amalgame, par ce récit des combats livrés dans les Vosges et en Alsace par les Fusiliers-Marins, les Chasseurs d’Afrique et les Cuirassiers du 11ème, unis dans un même combat, pour un même idéal.
L’ATTAQUE
Le 11ème Cuirassiers compagnon des Fusiliers-Marins
et des Chasseurs d’Afrique
———
Le dimanche 19 Novembre 1944, c’est dans l’Est que vont se dérouler des combats qui décideront du sort de l’Allemagne. Le 27 Novembre, l’ordre n°1 fait le point. Il y a douze jours, une attaque générale ébranlait de la mer du Nord à la frontière Suisse, le front des armées allemandes. A l’aile droite du dispositif allié, la 2ème D.I.M. ouvrait, après de durs combats, un étroit corridor par où s’élançait un groupement de la 1ère D.B. Le Rhin était atteint et Mulhouse libérée.
Mais la réaction allemande survenait rapide et brutale. La 2ème D.I.M. était bloquée dans sa progression, la 5ème D.B. embourbée et entassée dans un étroit secteur, ne parvenait pas à déboucher. Le 20 Novembre au soir, l’axe de ravitaillement de la 1ère D.B. était coupé à plusieurs reprises. Nos chars étaient à cours d’essence, de munitions. L’infanterie évacuait Hombourg. La population de Mulhouse s’apprêtait au pire. A notre gauche, la 3ème D.I.A. était coupée dans ses attaques. C’est dans ces conditions que la 1ère D.F.L. entre en lice. Cette division, la première, il est à peine nécessaire d’en retracer l’histoire.
D’abord Bataillon de la Légion Etrangère, puis Brigade Koenig, puis Division Brosset, elle se compose des premiers hommes qui, en 1940 ont suivi le Général de Gaulle. Elle a été de tous les combats. La Légion Etrangère vient de Narvick où, dans la défaite de 40, elle est presque la seule, par ses victoires incontestées de Norvège à sauver l’honneur de l’armée. A ceux-ci vont s’adjoindre, à Londres, un Bataillon de Fusiliers-Marins, puis des Bataillons venus du Tchad, après le ralliement de cette colonie à la France Libre, les Spahis et les troupes coloniales qui, de Syrie, ont passé en Palestine et en Egypte.
Ces hommes sont de tous les combats. Ils tracent autour de l’Afrique et de la Méditerranée, un cercle de fulgurantes victoires. Après le Gabon et Libreville libérés par eux, ils entrent en vainqueurs à Keren, Massawa, Damas, Beyrouth, puis participent à ces flux et reflux de la bataille du désert. L’une de ces retraites sera, pendant quatorze jours, suspendue par la résistance héroïque et inattendue de Bir-Hakeim.
Ce délai permet à l’armée anglaise d’organiser sa défense d’El-Alamein.
Dès lors la série de victoires ne s’arrête plus. El-Alamein, Tripoli, Tunis, le Garigliano, Rome. En vue de Sienne, ils embarquent et partent pour la France. Toulon, Lyon; aucun sont les jalons de cette nouvelle route triomphale.
Maintenant, le dimanche 19 Novembre 1944, voici deux mois qu’ils sont à l’Est, dans la boue, la neige. La résistance allemande se raidit. On pense partout que l’hiver a arrêté le rythme de la guerre. L’Alsace passera-t-elle encore un hiver dans les fers, au moment où le reste du pays est dans l’allégresse de la liberté retrouvée ?
Pendant le répit qui sépare les nouvelles offensives, de nouveaux Bataillons des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.) sont venus grossir la 1ère D.F.L. Ils sont maintenant avec ceux que le Général de Gaulle appelait en Syrie : “Les meilleurs d’entre les meilleurs“. Des divers maquis de France qui combattent dans ses rangs, l’un d’eux, le célèbre Vercors, se fera juger à l’œuvre. Devant ces vieux soldats – j’entends vieux de quatre ans de guerre – qui sont ce qu’était la Garde de l’Empire, aucune défaillance ne sera permise. Ils s’apprêtent à juger sans tendresse.
La partie est difficile. Ces soldats du maquis ont lutté héroïquement dans le Vercors. Mais là encore, il était question de guérilla. Que feront-ils maintenant, incorporés dans cette division motorisée, où les chars, les voitures, les canons, les radios, apporteront dans la guerre un élément auquel ils n’ont pas été habitués ?
Après dix jours de bataille, la cause est gagnée.
La bataille engagée par la Brigade de Raynal est gagnée. Elle supporte pendant dix jours tout le choc. Les Fusiliers-Marins, le 11ème Cuirassiers, le 8ème Chasseurs d’Afrique mènent le combat de la Brigade et lui ouvrent la route. Pendant dix jours, le 11ème Cuirassiers-Vercors travaille en soutien-porté du 1er régiment de Fusiliers-Marins, ceux dont les chars et automitrailleuses croisèrent les premiers, dans Lyon libéré.
Ce régiment, notre régiment, est à peine plus âgé que le 11ème Cuirassiers. Il a en plus l’âge de la guerre. Ceux du maquis ont 20 ans, les Marins 24. A l’issue de ces combats, l’ordre général déclare :
“Aujourd’hui les troupes allemandes sont en pleine retraite. Belfort et Mulhouse sont dépassées. Les deux divisions blindées font leur jonction. La victoire complète est certaine. Ce redressement est entièrement votre œuvre. Il faut que vous le sachiez. Il faut que vous n’ignoriez pas vos mérites. C’est dans des conditions invraisemblables, privés de votre chef au moment critique, avec des moyens insuffisants, des cadres épuisés, des recrues sans instruction qui attaquent et manoeuvrent sans répit, que vous avez, seuls dans la neige et la boue, enfoncé le front ennemi, ouvert le passage aux blindés, et résolu une crise grave. Je vous en parle en toute connaissance de cause. Le Général de Gaulle, le ministre de la guerre, les Généraux de Lattre et Monsabert en témoignent. Le Général Eisenhover est venu vous exprimer sa gratitude et son admiration. Toutes ces louanges, nous les offrons en hommage à la mémoire de notre chef et de nos camarades disparus, car c’est dans leur souvenir, par notre douleur, par notre fierté, que vous avez trouvé l’énergie et l’abnégation nécessaires à la victoire. C’est le sacrifice de tous, anciens F.F.L., soldats du maquis, jeunes recrues, que la division, plus homogène que jamais, a pu emporter avec la 2ème D.B. qui vient de libérer Strasbourg, un des plus magnifiques succès de la libération”.
Général Garbay
Commandant de la 1ère D.F.L.
A la pointe de cette avance, le régiment de reconnaissance fonce sur les routes portant sur ses chars les Cuirassiers. A peine quelques jours avant l’attaque leur a-t-on montré leur matériel, appris à monter et descendre rapidement des véhicules, à les protéger pendant que le char, lui aussi les protège, à fouiller les maisons, à éclairer la route dans les endroits difficiles, puis ils sautent sur les chars et l’avance continue.
Les Allemands, pendant ces mois d’Octobre et de Novembre ont organisé leur défense, parsemé le sol de mines anti-personnel camouflées en cailloux recouverts de mousse, en morceaux de bois.
Dès le déclenchement de l’attaque, l’arrière reçoit les premiers blessés. Les premiers barrages passés, l’ennemi a reculé devant les chars. L’avance tombe dans le vide, arrêtée seulement par des tirs d’artillerie, des résistances isolées qui rompent le combat et s’évanouissent dans les bois. Les ponts sont coupés, le génie travaille sans relâche. Petit à petit, nous gagnons l’ennemi de vitesse.
Voici un pont qui n’a pas sauté, le groupement blindé s’engouffre dans la brèche et fonce vers le premier village; 15 chars portant dix Cuirassiers chacun, des éléments du génie dans les premières voitures, foncent sur les routes à 50 kilomètres à l’heure, comme les blindés allemands de 1940.
Nous approchons du dernier virage, le claquement sec des mitrailleuses nous accueille. Les hommes sautent à terre. Nos armes automatiques se mettent à cracher régulièrement. En 5 minutes, la question est réglée. Un groupe d’Allemands aux avant-postes devant le village, lève les mains. Ils sont correctement habillés et portent le couvre-casque blanc. Trois d’entre eux ont été cloués au sol. Le village n’est plus qu’à 500, 200, 100 mètres. Les chars foncent dans les rues. Le soutien-porté bondit de maison en maison. Dans les champs, suivis par les balles traçantes de nos mitrailleuses, les Allemands essaient de fuir. En une demi-heure, tout est réglé : 50 prisonniers, 10 tués. Chez nous, peu de pertes.
Cette victoire n’est pas acquise aussi facilement, il a fallu que l’ennemi soit surpris et bousculé pour se rendre. Il ne s’est pas rendu sans combattre. Un Allemand s’approche les mains levées, mais poings fermés. Il lance deux grenades qui blessent mortellement et touchent trois des nôtres. Tels sont encore nos adversaires. Les abaisser serait nous abaisser nous-mêmes.
Premier village libéré après deux mois d’attente, les habitants ne nous espéraient plus. Ils attendaient le printemps avec résignation. Il y a une vieille femme terrifiée qui n’arrive pas à croire que nous sommes des Français. Entourée d’Allemands prisonniers, elle crie ” kamarad” et croit à une ruse de notre part. Elle répète ” kamarad ” puis, elle comprend et pleure de joie.
Ce jour sera le dernier du Général Brosset. Il arrive quelques minutes après nous, ironique et joyeux.
Nous lui offrons symboliquement les clés de la ville. Pour la première fois, il n’entre pas le premier dans un village. Voilà trois fois aujourd’hui qu’il est frustré de sa plus grande joie : dépasser la voiture de tête et entrer le premier dans le village libéré. Aujourd’hui, nous avons lutté de vitesse.
Au moins ce dernier jour aura-t-il été pour lui un jour de joie et de victoire. Pensait-il que ceci n’était que le prélude d’un grand combat, où sa division rétablirait une situation difficile et déciderait du sort de l’Alsace ?
Le Général est mort au soir d’une fulgurante avance de 15 kilomètres. Toute la journée il est resté avec nous, ses commandants d’éléments de reconnaissance, plaisantant, saluant les paysans, parlant de l’avenir, de réforme de l’armée, de son service social, de tous les projets dont il avait la tête pleine.
Le lendemain, trêve. Les routes sont coupées, les ponts sautés. Le génie recommence à travailler. Vraiment les Allemands savent faire la guerre. Ils se défendent pas à pas. Une hésitation d’une heure et les ponts sautent. Toutes les routes sont coupées. Il ne faut pas perdre de temps. Un char de Fusiliers-Marins flambe sur la route. Un violent duel s’engage entre un Tank-Destroyer (chasseur de chars) et le canon antichars. Soudain une explosion. Les servants s’éparpillent. Des ordres allemands interceptés demandent une concentration d’artillerie sur les blindés ennemis. Ces blindés, ce sont nos éléments qui avancent. La poursuite continue. Cette fois-ci nous sommes sur le pont, au moment même où nos adversaires ont la mèche en main. Du même coup, la retraite est coupée à trois canons de 77mm qui, à l’orée d’un bois tiraient sur nous depuis deux jours. Le lendemain, ils seront obligés de se détruire sur place. En huit jours, nous avons progressé de 40 kilomètres, capturé des centaines de prisonniers. Maintenant nous sommes en Alsace. La deuxième branche de la pince se referme. La bataille de basse Alsace est près d’être terminée.
Pendant ces huit jours, les cavaliers du 11ème Cuirassiers-Vercors se sont montrés à la hauteur de leurs aînés. Leurs pertes sont lourdes. Le 2ème escadron qui travaille avec l’escadron de chars des marins, a le tiers de son effectif hors de combat, et quatre officiers sur cinq. Ils n’ont jamais reculé devant la tâche. Ils ont fait preuve de courage, d’un mordant, d’un cran admirable. Pendant dix jours, ils se sont battus dans des conditions difficiles, le ravitaillement encore mal assuré, manquant de camions, passant la nuit à grelotter dans leurs habits trempés. Ils ont fait preuve d’un courage, d’une jeunesse qui était notre jeunesse de 1940.
Maintenant ces combats sont terminés. Les Cuirassiers et les Marins se séparent. Le mot fraternité d’armes avec tout ce qu’il entraîne de sentimental et de touchant dans son silence s’applique bien à eux. Ils s’embrassent et se félicitent joyeusement, comme les membres d’une équipe de football après un beau match. Ils demandent des insignes pour leurs fanions. Il n’y eut jamais preuve plus éloquente de l’union profonde, qui, à des milliers de kilomètres, unissait ces hommes qui, en France et hors de France, luttaient pour un seul même but.
ANNEXES
Les six citations du Lieutenant Colonel Geyer la Thivollet
La conduite héroïque de cet officier, tant lors de l’irruption des Allemands dans son quartier de la Part-Dieu à Lyon, sauvant l’étendard de son régiment de l’infamie, qu’à la formation des maquis du Grand-Serre et du Vercors, lui vaudra la croix de guerre 39/45 avec six citations. Il sera élevé par le Général de Gaulle, à titre exceptionnel, au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Citations
Capitaine Yves Moine
1ère Citation à l’ordre du Corps d’Armée.
Ordre Général n° 155 du Général de C.A. de Goislard de Monsabert, Cdt le 2ème C.A., après approbation n° 382/CH DC du 29 Janvier 1945 du Général d’Armée, Cdt en chef de la 1ère armée française.
Commandant un groupement de chars composé de jeunes recrues F.F.I., a été engagé sans interruption du 20 Novembre au 5 Décembre 1944 devant Belfort, a participé à l’offensive qui, déclenchée le 19 Novembre, devait amener la libération de Champagney, Giromagny, Rougement le Château. A puissamment contribué au succès de ces opérations en nettoyant un à un les villages conquis par les chars et en dégageant ceux-ci sous le feu et les grenades de l’ennemi.
La Valbonne, le 21 Juillet 1961
8ème Région Militaire
Groupe de Subdivision de Lyon
G.I. 8ème régiment de Cuirassiers.
Copie certifiée conforme
Le Chef d’escadrons Nonier
Officier supérieur adjoint pour les services
Par délégation
1ère Citation à l’ordre de la Division.
Ordre Général n° 3 du 29 Juin 1940 – Homologation au J.O. du 4 Septembre 1941.
Jeune officier plein d’allant et d’énergie. Au cours des combats du 30 Mai 1940, se trouvant en situation difficile avec son peloton, s’est imposé à ses hommes par son calme et son sang-froid.
La Valbonne, le 21 Juillet 1961
8ème Région Militaire
Groupe de Subdivision de Lyon
G.I. 8ème régiment de Cuirassiers.
Copie certifiée conforme
Le Chef d’escadrons Nonier
Officier supérieur adjoint pour les services
Par délégation
1ère Citation à l’ordre de l’Armée.
Jeune officier de la plus grande valeur, témoignant au combat des qualités de sang-froid et de bravoure, ranimant sans cesse par son exemple et son énergie sous le feu, le courage de ses hommes, fatigués par un effort ininterrompu. S’est particulièrement distingué aux combats de Bonneval le 17 Juin 1940 et à St-Aignan le 19 Juin 1940. Chargé de tenir, à plusieurs reprises, un passage sur une ligne d’eau avec deux pelotons, une section de chars et deux canons de 47mm a, grâce à son activité et son initiative, maintenu chaque fois sa position; a tenu tête à un ennemi agressif et supérieur en nombre, malgré un feu intense et un violent bombardement faisant ainsi l’admiration de tous.
La Valbonne, le 21 Juillet 1961
8ème Région Militaire
Groupe de Subdivision de Lyon
G.I. 8ème régiment de Cuirassiers.
Copie certifiée conforme
Le Chef d’escadrons Nonier
Officier supérieur adjoint pour les services
Par délégation
2ème Citation à l’ordre de la Division extraite de l’ordre général n° 1250 de la Région Territoriale et Corps d’Armée de Constantine.
Par application des dispositions du décret ES-1848 du 12 Octobre 1956 (J.O. du 18 Octobre 1956) le Général de Corps d’Armée Ollié, commandant la Région Territoriale et Corps d’Armée de Constantine.
Cité à l’Ordre de la Division
Geyer la Thivollet Narcisse
Copie certifiée conforme
Le Chef d’escadrons (A.B.C.)
du 5ème régiment de Cuirassiers
Pour le motif suivant :
Officier supérieur plein d’enthousiasme et d’idéal, commandant le Sous-Quartier de Yours-les-Bains (zone Est de Constantine) a, grâce à une activité de tous les instants, assuré la parfaite préparation du référendum et des opérations électorales. Adjoint opérationnel, puis commandant du Sous-Groupement dans le cadre du groupement de protection du barrage avant, de Janvier à Juin 1959; a fait preuve de beaucoup d’énergie et d’un sens tactique avisé; a rempli au mieux sa mission et toujours repoussé les tentatives rebelles contre les chantiers de construction du barrage.
Cette citation comporte l’attribution de la croix de la Valeur Militaire avec “Etoile d’Argent”.
La Valbonne, le 21 Juillet 1961
8ème Région Militaire
Groupe de Subdivision de Lyon
G.I. 8ème régiment de Cuirassiers.
Copie certifiée conforme
Le Chef d’escadrons Nonier
Officier supérieur adjoint pour les services
Par délégation
1ère Citation à l’ordre du Régiment.
Ordre n° 5 du 8 Juillet 1940 (non homologuée au J.O.)
A participé à toutes les opérations de la 4ème D.C.R. du 10 Mai au 25 Juin 1940. (ne comporte pas la croix de guerre).
La Valbonne, le 21 Juillet 1961
8ème Région Militaire
Groupe de Subdivision de Lyon
G.I. 8ème régiment de Cuirassiers.
Copie certifiée conforme
Le Chef d’escadrons Nonier
Officier supérieur adjoint pour les services
Par délégation
Le Chef du service des effectifs
Citation au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Le Général de Gaulle nomme au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur à titre exceptionnel pour fait de guerre, le chef d’escadrons Geyer la Thivollet avec le motif suivant :
Officier de cavalerie d’élite au 11ème régiment de Cuirassiers, le 28 Novembre 1942, lors de l’occupation de Lyon par les Allemands et de leur irruption dans son quartier, a réussi à s’évader, emportant l’étendard de son régiment. Repris par les Allemands, leur a, à nouveau échappé en entraînant avec lui la majeure partie de son peloton. Organisant le maquis du Grand-Serre, a constitué une des meilleures unités animée d’un très bel esprit cavalier.
Gagnant ensuite le Vercors, il multiplia les actions les plus audacieuses contre les Allemands et contre la Milice, leur infligeant des pertes sévères. Lors de l’attaque du Vercors, résista pendant trois jours aux attaques des parachutistes et de troupes de montagne quatre fois supérieures en nombre. Parvint à regrouper son unité malgré l’activité intense des patrouilles allemandes et des combats journaliers.
Descendant dans la plaine au moment du débarquement en Méditerranée, s’empara de haute lutte de Romans après des combats acharnés pour pénétrer dans la caserne et le collège faisant 150 prisonniers et tuant 50 Allemands dont quatre officiers.
Attaqué ensuite par des éléments de la 11ème Panzer et ayant cédé du terrain, n’a cessé de harceler l’ennemi et est parvenu à réoccuper la ville, devançant les éléments de l’armée régulière alliée. A participé à la prise de Lyon et rentré dans son quartier à la Part-Dieu à la tête de ses escadrons après 22 mois de luttes incessantes.
La présente citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.