Poème
Depuis longtemps déjà la guerre s’est terminée
Mais rien n’a effacé en dépit des années
Le souvenir affreux de bruits sourds de mitrailles
Qui grondaient nuit et jour sur nos champs de bataille
Nos bons petits poilus disaient pour s’endurcir
Nous allons à Berlin c’est un train de plaisir
Les uns en sont revenus malades
D’autres mutilés, aveugles ou incurables
Des milliers de français y ont laissé leur peau
Ceux qui étaient partis là bas héros obscurs sublimes
Pour défendre un symbole, un emblème, un drapeau, Un drapeau
On salut lorsque ce dernier passe
Mais rien de rien n’efface
Les longs jours de cafard, de froid et de misère
Qu’ont vécu nos poilus qui ont gagné la guerre
Quand à nos grands blessés que chacun se rassure
Pour remplacer leur membre ou panser leur blessure
On leur a octroyé ça c’est une faveur
Le rutilant ruban de la légion d’honneur
Cette décoration collée sur leur poitrine
Ne remplacera pas hélas, ça se devine
Le bras droit amputé ou la jambe coupée
Atroce souvenir de la sombre épopée
Nous ne voulons plus de monument aux morts
De sang versé, de pleurs, de nombreux deuils encore
Nous voulons condamner ceux qui désirent la guerre
Qui veulent voir pleurer les petits et les mères
Il faut aux profiteurs attendant la curée
Dire fini ce temps qui n’a que duré
Au cours duquel repus vous emplissiez vos coffres
Tandis que nos poilus obéissants à Joffre
Se faisant mitrailler sous les mures de Verdun
Et pendant ce temps là vous les nobles tribuns
Animés cette fois d’une ardeur intrépide
Vous preniez prudemment pour Bordeaux le rapide
Et bien faux puritains qui crevez de courage
N’invoquez nul motif ou douleur ou votre âge
S’il faut des macchabés pour faire du fumier
Montrez nous le chemin et passez le premier