Poèmes – Le Régiment de Cuirassiers Vercors

Le Régiment de Cuirassiers Vercors

Je suis parti un jour, pensant vers le meilleur,
Allant vers l’inconnu, l’avenir incertain,
Je partais de Romans, du Péage où d’ailleurs,
Avec un peu d’espoir, je cherchais mon chemin.

Bon sang que c’était dur ! frustré de liberté
D’endurer l’ennemi qui nous avait battus,
J’avais encore hélas, l’âge de la puberté
Et j’en avais assez de vivre en vaincu.

Il nous fallait subir beaucoup de privations
Pour payer les erreurs de la ligne Maginot,
On devait en finir de cette occupation
Et rejeter dehors, l’engeance germano.

Dans un lieu de maquis qui s’appelait Vercors,
Je me suis retrouvé parmi les patriotes,
Ceux qui avaient dit merde, et ils n’avaient pas tort
A tous ces ambitieux et minables despotes.

Oh ! que je suis heureux d’avoir connu là-haut
La plus belle amitié et la fraternité,
Ils étaient décidés, courageux et costauds,
Ces nobles maquisards en clandestinité.

Ils avaient l’idéal des plus beaux lendemains,
Vivant avec fierté leur courage exemplaire,
Reconquérir Romans, le Péage et plus loin,
C’était la prestation à leur vie sédentaire.

Et je suis devenu à mon tour Cuirassier,
Onzième Régiment qui s’était reformé,
Conduit par Thivollet et ses jeunes officiers,
Pour sauver la Patrie, pouvoir la libérer.

Hélas ! moi qui croyais avoir déjà tout vu,
Je me suis retrouvé devant la barbarie,
Le martyr et l’orgie, tout cela confondu,
J’ai vu beaucoup d’amis mourir dans l’agonie.

Certains étaient pendus, d’autres le ventre ouvert,
Ou bien les dents cassées, et là les yeux crevés,
Dans une fosse à purin, des cadavres étaient verts,
Horreur ! lui devant moi, était émasculé.

Leur sang si généreux a abreuvé la terre,
Ils se sont sacrifiés pour notre liberté,
Ils ont fait du Vercors un pays légendaire
Où ils sont alignés, pour l’immortalité.

Tous ces frères d’armes morts pour leur idéal
Nous ont donné l’exemple du sublime héroïsme,
Leur foi en la victoire, c’était leur capital,
Animés qu’ils étaient d’un pur patriotisme.

A dix contre cent ils se sont bien battus,
Balles, grenades, obus, ils n’ont jamais eu peur,
L’ennemi refoulé s’est retrouvé vaincu,
De leur pays meurtri, ils ont sauvé l’honneur.

Les escadrons défaits ont été reformés,
Avec leurs compagnons et un moral d’acier
Ils ont compté leurs morts qu’ils ont glorifiés,
Puis ils sont revenus, fiers d’être Cuirassiers.

Parmi les victoires de ce grand Régiment,
La première, de loin la plus belle fut Romans,
Celle d’honneur, du cœur, du devoir, de l’effort,
D’une jeunesse ardente, descendue du Vercors.