Opérations du 21 au 26 juillet 1944 sur la face S.E. du Vercors
(Extraits d’un Journal de marche allemand)
N° 28 R.I./3 VERCORS
Le 21/07/44
La compagnie se rassemble à 4h30.
Itinéraire : Chaffand- Ruthier-Trezanne-Pansaret
La section Wilhelm bifurque juste après la localité de Ruthier et, accompagnée par des guides du pays, entreprend une opération de reconnaissance en direction du Godrissard.
Résultat : Le Godrissard n’est pas occupé par l’ennemi.
Au Nord du Mont Aiguille, la Compagnie occupe une position de départ à la lisière de la forêt. L’attaque commence vers 19 heures. La section Wilhelm est engagée sur la gauche. La section Hilche sur la droite, le groupe de commandement de la compagnie, sous les ordres du Commandant de Compagnie, progresse au centre. La section Schlemmer, gardée en réserve, protège la troupe à l’arrière et à droite. Des mitrailleuses, de l’artillerie et des mortiers appuient la progression de la Compagnie. Nous pénétrons profondément dans le Col, sans apercevoir aucune trace de l’ennemi. Ce n’est que lorsque la compagnie arrive au milieu du Col que l’ennemi ouvre le feu. A droite et à gauche, les terroristes ont posté des tireurs d’élite et mis en batterie des fusils-mitrailleurs et des mortiers légers et ils nous accueillent par un tir nourri. La compagnie doit s’arrêter, en attendant que les mitrailleuses aient repéré l’ennemi et occupé de nouveaux emplacements et que la section de chasseurs engagée par la gauche se soit portée assez loin en avant. Grâce au tir bien ajusté des armes lourdes et surtout grâce à la progression de la section Wilhelm, la situation devient intenable pour les terroristes. Ils sont obligés de déguerpir. A 21h15, les premiers groupes de la compagnie arrivent au sommet du Pas de la Selle.
Immédiatement après le sommet, la compagnie se forme en hérisson, bivouaque, et passe une nuit assez froide et pluvieuse. L’infirmier, aidé par une section du génie, quelques radios et quelques civils Français (ce qui est insuffisant pour les 5 blessés) reçoit l’ordre de transporter les blessés dans la vallée. Les blessés sont rapidement soignés, après quoi on les transporte sur des civières de fortune dans la vallée, au prix des plus grandes difficultés, car il fait nuit noire, le pluie tombe à verse et personne ne connaît le chemin exact. Après une descente de 7 heures, la colonne arrive avec les camarades blessés à l’infirmerie, à la Bâtie, sans avoir trop souffert.
Le 22/07/44
De bon matin, la brume s’étant dissipée, nos postes d’observation repèrent une cabane située à 3 km du Pas de la Selle ; des terroristes y entrent et en sortent. On en compte 25. Le Lieutenant RITTER reçoit l’ordre de les prendre au nid. Il dispose à cet effet de 2 sections de chasseurs de la 8ème Compagnie ainsi que des armes nécessaires. La section Hilche est engagée sur la droite avec pour mission de faire le tour de la cabane en décrivant un cercle, et d’empêcher les terroristes de s’échapper vers le Sud. La section Wilhelm, le groupe de mortiers moyens, le groupe de mitrailleuses et le groupe du commandement de la Compagnie sous les ordres du Commandant de Compagnie, s’avancent vers la cabane en suivant la crête. Les observateurs ennemis semblent s’être rendus compte de nos intentions. En effet les maquisards tentent de s’échapper isolément en direction du Sud Est et de gagner la forêt. Mais nos tireurs d’élite mènent la vie dure à l’ennemi en fuite.
Après la mise en place des postes de sécurité, le groupe de combat se met en marche en direction de la cabane. Mais celle-ci est vide. En continuant de fouiller la Crête et le versant Nord-Est nous sommes pris subitement à partie par l’ennemi qui tire depuis une grande excavation dans le roc à environ 200 m du Nord de la cabane. Tout le monde occupe immédiatement son poste et fait feu sur la grotte. Sommation est faite aux terroristes d’avoir à quitter immédiatement la grotte. L’un d’entre eux sort, les mains levées. Sur ce, la Compagnie se rapproche de la grotte, à sa tête se trouve le Commandant de la Compagnie. Personne ne pense qu’on pourrait encore courir un danger, cependant nous découvrons juste au-dessus de la grande grotte, une petite excavation ; au même moment, nous sommes accueillis par les coups de feu et des grenades. Étant donné que nos hommes se trouvent sur le versant exposé, ils n’ont pour l’instant rien d’autre à faire que de se mettre à l’abri aussi vite que possible. Le chef et quelques soldats sont blessés. Les hommes sont obligés de rester couchés jusqu’à la tombée de la nuit. Ce n’est qu’au cours de la nuit que les blessés peuvent être évacués.
La section Hilse reste sur les lieux, afin d’empêcher les terroristes de s’échapper de la grotte. Le groupe de commandement de la Compagnie et la section Wilhelm transportent les blessés au Pas de la Selle. Il leur faut trois heures pour arriver à destination. Au cours de la même nuit, on fait descendre également la section Schlemmer, afin d’empêcher que les terroristes ne reçoivent des renforts de quelque lieu que ce soit.