A LA MEMOIRE DE ROLAND
Le 1er Août 1944 à SERRE MONTUEZ, le Capitaine ROLAND du 11ème Cuirassiers, tombait face à l’ennemi dans un dernier combat.
Aujourd’hui encore, son souvenir reste toujours gravé dans la mémoire de ceux qui l’ont connu : l’oeil clair, le geste vif, l’allure décidée, sanglé dans son uniforme d’ Officier de Cavalerie qu’il n’a jamais quitté, c’est ainsi qu’il nous apparut en Novembre 1943, lorsqu’il nous a rejoint sur les plateaux d’ AUTRANS.
Il arrivait dans l’un des plus vieux Maquis et je dois dire à la vérité, que son aspect juvénile, son goût manifeste du panache ne furent généralement pas très appréciés au premier abord. Une chose cependant séduisait chez lui, c’était sa qualité d’ancien de SAUMUR, il était de ces cadets qui en 1940 avaient sauvé l’ Honneur. On sentait d’ailleurs confusément que l’ Honneur était pour lui une vertu de tradition.
Effectivement Bernard CHASTENET DE GERY, puisque tel était son nom, appartenait à une vieille familles militaire : son père, ancien Commandant de la Légion Etrangère, était Grand Croix de la Légion d’ Honneur. Ses deux oncles paternels étaient d’anciens Officiers, dont l’un était devenu par la suite Procureur de la Grande Chartreuse. Tous trois étaient Grands Mutilés de la guerre de 14.
Bernard CHASTENET DE GERY, qui était né à la Rochelle, le 14 septembre 1920, a grandi à BEAUNE en BOURGOGNE, dans le respect et l’admiration de la carrière des Armes.
En 1939 à la Déclaration de Guerre, il s’engagea aussitôt au 7ème Spahis, admis à SAUMUR, il participa en Juillet 1940 à la défense des Ponts de la Loire, où il fut blessé.
L’amertume de la défaite ne fit qu’exacerber sa volonté de revanche. Nommé Aspirant au 5ème Chasseurs d’Afrique, il y compléta sa formation militaire. Il était animé au plus haut point de l’esprit de la cavalerie fait d’élégance, de droiture, de fierté et de témérité.
C’est au parachutage de L’ARBOUNOUZE, réalisé en plein hiver dans des conditions extrêmement difficiles, qu’il commença à acquérir l’estime des ses compagnons : on l’a vu à l’oeuvre, désormais il est des Nôtres.
Les vieux Maquis sont maintenant rassemblés à MALLEVAL, encadrés, équipés, armés, dotés d’un Service d’ Intendance et d’un Train des équipages, la Troupe a fière allure sous l’uniforme des Chasseurs, ROLAND reçoit le commandement d’une Section.
MALLEVAL est redevenu un coin de Terre Française sur lequel flottent les 3 couleurs. De LYON, de PARIS et d’ailleurs, on vient en pèlerinage pour respirer l’air pur de la Liberté.
Cet air est tellement enivrant qu’on ne sent même pas arriver la catastrophe. Le 29 Janvier 1944, à l’aube , MALLEVAL est pris d’assaut par l’ Armée Allemande malgré une résistance désespérée. Les nôtres sont encerclés, ils tombent sous les feux croisés des mitrailleuses, les survivants sont basculés dans les précipices, les maisons brûlent et quand s’éteignent les incendies, il ne reste que des cadavres et des ruines dans ce vallon sinistre.
C’est ce spectacle d’horreur qui s’offre à ROLAND lorsqu’il rentre de mission quelques jours plus tard. Ses camarades pour la plupart sont morts, le combat est si disproportionné qu’il semble inutile et aberrant de le poursuivre. Certains préfèrent rentrer dans leur famille, mais ROLAND a l’âme trop bien trempée pour connaître une pareille défaillance. Il rallie les volontaires et vient se placer à SAINT JULIEN, sous l’étendard déjà prestigieux du Commandant THIVOLET.
Les Anciens de MALLEVAL se remettent difficilement de l’épreuve ; eux qui se prenaient pour la fine fleur des Maquis de France, ils ne sont plus rien. La scepticisme, l’amertume se glissent dans leurs rangs. Si encore il leur était possible de s’attaquer immédiatement à l’ennemi pour venger leurs camarades, ils retrouveraient tout leur allant, mais il leur faut ronger leur frein pour éviter des représailles sur les populations civiles.
Pendant 4 mois sous le conduite de ROLAND et de son Ami FRESSINAT, ils vont mener une vie errante et rude, qui les conduira du Bec de l’Echaillon à l’Oscence, de l’Oscence à la Montagne de Musan, à l’Echarasson, à Lente, à Serre-Montuez et en bien d’autre lieux.
FRESSINAT s’efforce de panser leurs plaies, ROLAND leur insuffle son enthousiasme. Les souffrances endurées en commun, les veilles, les alertes, les marches, les manoeuvres, les coups de mains ont fait de cette unité un magnifique instrument de combat. ROLAND est nommé Sous-Lieutenant.
Mais les temps que l’on espérait approchent. Le 6 Juin, c’est lui qui nous annonce le Département, déclenchant une joie indescriptible.
Il est chargé du verrouillage de la partie Sud Ouest du VERCORS.
Le 13 Juin avec une audace, qui est bien dans les traditions de la cavalerie, il lance un raid sur le Camp de CHAMBARAND. Sous les acclamations des villages qu’il traverse au retour, il ramène, comme prise de guerre, 4 pièces de D.C.A. mais il n’a pas encore rejoint sa base qu’il apprend qu’on se bat à SAINT NIZIER, aussitôt il s’y précipite et donne le baptême du feu à ses hommes, qui retournent contre l’ennemi ses propres armes.
Le 11ème Cuirassiers renaît des ses cendres. ROLAND est fait Capitaine, il reçoit le commandement du 3ème Escadron comprenant les pelotons FRESSINAT, GASTON, SEGUIN et RAPHAEL. Il organise son unité et aménage la plaine de LENTE en terrain de parachutage.
Mais l’étau de l’ Armée allemande se resserre sur le VERCORS. ROLAND lance le 1er peloton sur SAINT NAZAIRE où malgré un feu violent nous pénétrons en plein coeur du dispositif ennemi et parvenons à abattre, Place de la Mairie, plusieurs officiers.
Malheureusement, il n’est pas possible de poursuivre notre avantage, de son P.C de LENTE, ROLAND nous appelle à son aide, les parachutistes allemands sont à VASSIEUX. Lui-même se porte immédiatement au Col de LACHAU avec le peloton GASTON et quelques recrues qu’il a pu ramasser en cours de route. Il organise rapidement la défense, il place des mitrailleuses, il déclenche un tir de barrage sur l’ennemi.
Des femmes, des enfants échappés au massacre sont secourus. Quelques rescapés parviennent à atteindre nos lignes. ROLAND hisse sur ses épaules, jusqu’au col, le Capitaine PAQUEBOT, qui a une jambe brisée et qui a été soumis à un feu si dense que les lobes de ses deux oreilles ont été troués pas des balles. Du fond de la vallée on entend des cris de bêtes qu’on égorge.
A la chute du jour le 1er peloton, harassé et fourbu, arrive enfin du ROYANS. Il faudrait pouvoir recommencer aussitôt le coup de SAINT-NAZAIRE. Une opération est montée sur le champ, mais l’épuisement est tel qu’elle aboutit à un échec.
L’histoire de VASSIEUX est bien connue, mais ROLAND lui l’a vécue avec une particulière intensité depuis le Col de LACHAU. Il faut déloger les allemands à tout prix, avant qu’ils ne reçoivent des renforts. Mais les parachutistes sont retranchés à VASSIEUX, à LA MURE, au CHATEAU , comme dans autant de forteresses. La plaine, qui leur sert de glacis, est battue par leurs mortiers et leurs mitrailleuses lourdes.
Cependant ROLAND reçoit du Q.G. de SAINT MARTIN une nouvelle réconfortante, à défaut d’artillerie, c’est l’aviation alliée, qui le lendemain à midi bombardera les positions de l’adversaire. A midi 45, les escadrons BOURGEOIS, HARDY et GRANGES commenceront l’attaque au Nord, à l’Est et au Sud, tandis que l’ escadron ROLAND, qui est le plus près de l’objectif, sera le premier à donner l’assaut.
ROLAND a étendu son dispositif des Crêtes des Gagères, jusqu’au virage en épingle à cheveux qui domine LA MURE. Lorsque le jour se lève, de nouveaux planeurs arrivent, ils sont pris pour cibles et tombent lourdement sur le sol. Un gros Junker est abattu en flammes : une immense aviation salue cette victoire.
Mais à midi l’aviation alliée n’est pas au rendez-vous. En revanche voici les chasseurs-bombardiers de la base de CHABEUIL, qui prennent nos lignes en enfilade à la bombe et à la mitrailleuse. ROLAND donne l’ordre de retourner nos armes contre ces nouveaux agresseurs, plusieurs sont touchés, ils n’en continueront pas moins pendant 3 jours leur ronde infernale au-dessus de nos têtes.
Sous les rafales de l’aviation et des parachutistes ennemis, ROLAND imperturbable, va de poste en poste soutenir le moral de sa troupe, qui n’a plus de ravitaillement et qui grelotte sous une pluie glaciale. 3 fois l’ordre d’attaquer en masse a dû être reporté, car ni l’aviation alliée, ni les renforts promis n’ont pu arriver.
Cependant, malgré l’héroïque défense des Chasseurs de CHABAL, le front Nord s’effondre. Le 24 Juillet, ROLAND reçoit l’ordre de replier son escadron sur SERRE MONTUEZ et sur AMBEL. Lui-même rejoint le Commandant THIVOLLET à PELANDRE, où BAYARD, que nous avons été chercher dans le DIOIS, arrivera un peu plus tard.
Le 27 Juillet, ROLAND avec un seul compagnon part en reconnaissance sur VASSIEUX, par le Col de LACHAU et le Hameau des JOSSAUD il s’avancera, je m’en souviens, tout près du Cimetière où il repose aujourd’hui.
Le lendemain ROLAND, qui a conservé son P.C à LENTE, reçoit pour mission de protéger le Régiment d’une éventuelle attaque en provenance de VASSIEUX.
Les pelotons GASTON et SEGUIN prendront position aux Cols de LACHAU et de LA MURE, tandis que le peloton FRESSINAT occupera entre les deux le Col de LA BAUME qui est légèrement en retrait.
Le mouvement s’opère le 28 Juillet avant l’aube. Dans la matinée les allemands attaqueront en force sur toute l’étendue du front. Les pelotons GASTON et SEGUIN sont culbutés après avoir subi de très lourdes pertes, quant au peloton FRESSINAT, dépassé par l’avance ennemie, il est complètement encerclé et ne peut rejoindre SERRE MONTUEZ comme prévu.
Les puissantes colonnes allemandes, qui ratissent toute la forêt, arrivent à LENTE avant même que ROLAND ne soit informé du désastre, il se replie le dernier en faisant feu sur l’ennemi.
Perdu dans une zone complètement contrôlée par les allemands, le 1er peloton, guidé par l’étoile polaire qu’on observe la nuit du haut des sapins, finira par sortir de son encerclement grâce à une marche d’approche interminable, qui dura 3 nuits entières et qui lui permit d’atteindre, mourant de soif mais au complet, la source de l’Arp à 9 km seulement de son point de départ.
ROLAND ignore que ce peloton est sauvé, il est sans nouvelles de ces Anciens de MALLEVAL auxquels l’attachent tant de souvenirs, tant de souffrances communes, tant d’espoirs partagés. Il multiplie les reconnaissances pour les retrouver.
Le 1er Août, accompagné de son Agent de Liaison, il marche à grandes foulées sur le flanc Ouest de SERRE-MONTUEZ, il marche à la limite de l’alpage et de la forêt dans quelques instants, il va atteindre la source du Berger, où si souvent nous avons bu ensemble.
Soudain une patrouille allemande se dresse devant lui, il fait front ; il engage le combat, un combat sans espoir, mais sans esprit de recul.
Il tombe en Officier de Cavalerie fidèle aux traditions de son arme.
Il tombe face à l’ennemi après avoir brûlé sa dernière cartouche.
Il tombe sur cette Terre du VERCORS, qui est sa seconde Patrie.
C’est l’heure où le soleil se couche derrière la montagne dans un grand flamboiement de pourpre. La nature sauvage et grandiose lui accorde les funérailles qu’elle réservait aux Héros de la GRECE antique.
Comme eux, il a le privilège de conserver dans la mémoire de ses compagnons, l’éternelle jeunesse de sa vie ardente et généreuse.
LA CHAPELLE EN VERCORS, LE 30 MARS 1969
Ex-Aspirant ALEXIS
***************
La Résistance est en deuil
Etrange coïncidence le jour même de l’inauguration du mémorial de Vassieux, le 21 juillet, à l’aube de ses 88 années, une figure de la Résistance nous quittait : Yvonne Berthet était la veuve du lieutenant “Molaire”, tombé sous les balles allemandes le 27 août à la prise de Romans et Bourg-de-Péage, sur la route d’Alixan.
C’était une femme de caractère qui œuvra pour la Résistance au mépris du danger, ne se laissant pas influencer, notamment pour obtenir la libération de son mari interné par la Gestapo à Grenoble. Elle fit très souvent des déplacements à Romans et à Valence pour obtenir des cartes d’identité et d’alimentation, qu’elle établissait aux réfractaires de passage qui étaient hébergés chez elle avant de les conduire au C.6 ou à Ambel. Elle censurait également le courrier des camps afin de vérifier des fuites éventuelles.
Elle participa à la diffusion du journal Combat que le docteur Ganimède lui fournissait. Au printemps 1944, la Milice était à St-Jean pour arrêter “Zozo” et “Charipe” : elle s’occupa de leurs papiers et vêtements pour les évacuer vers la Savoie. En juin, la situation devint de plus en plus périlleuse. Elle reçut l’ordre de rejoindre avec sa fillette de 3 ans, ainsi que Mme Brunei et ses deux filles, une baraque de bûcheron dont le propriétaire n’était autre que mon père. Puis, après la perte du Vercors le 23 juillet, sous la conduite de Marius Béguin, elle se réfugia chez Germain Brun à Peumiat.
Ceci prouve s’il en était encore besoin que des femmes de chez nous, à mon avis on en parle peu ou pas assez, ont eu des conduites héroïques. Certains hommes de nos jours feraient bien de s’en inspirer, tout en méditant sur leur passé.
Le mot n’est pas trop fort : ce fut une héroïne authentique. Ma chère Yvonne, tu ne reverras plus tes petits comme tu nous appelait familièrement, que ce soit pionniers ou 11e cuirassiers, ils sont tous là autour de ton cercueil étreints par l’émotion. Va, dors de ton profond sommeil, sommeil du juste, avec la satisfaction d’avoir fait ton devoir. Nous ne te reverrons plus avec ton drapeau que tu étais si fière de porter.
Au revoir Yvonne.
André Béguin
***************
Paul JANSEN dit “Jacquelin”
Paul Jansen du Vercors est mort et c’est la consternation. Il était une figure emblématique de la Résistance, et plus encore, une référence morale, le mainteneur d’une éthique humaniste. Il n’aimait pas les grands mots, mais il faut bien dire l’homme qu’il était car son histoire est exceptionnelle. Né à Metz en 1914, au retour de la guerre en 1940, il avait été expulsé de Lorraine par les autorités allemandes d’occupation. Et c’est ainsi qu’il se retrouva à Romans où il fonda en 1942 une maison des jeunes, avenue Jean Jaurès, dont il allait faire progressivement un foyer de résistance. Les camps de vacances dans le Vercors étaient une sorte de préparation aux combats à venir. En juin 1944 Paul Jansen, directeur de cette maison des jeunes de Romans, réunit une trentaine de garçons qui se retrouvèrent à Montmiral pour une ultime mise au point, un dernier entraînement à la guérilla et au maniement des armes, des grenades Mills et Gamon, etc. Puis ce fut la montée vers Presles et le bois des Coulmes, rejoignant la 4e compagnie du 1er bataillon de la Drôme déjà fort de 132 hommes, avec pour chef de groupe René Piron dit Daniel, de l’Armée secrète. Paul Jansen, dit Jacquelin, avait su galvaniser ses gars qui eurent une conduite exemplaire. Le premier mort fut Yves Péron, lâchement abattu par les soldats allemands. Mais il y en eut d’autres, hélas. Sabotages, parachutages, liaisons, missions de ravitaillement des maquis se succédaient. Les jeunes participèrent aux batailles de Romans avec les Chapus, Piron, Deval, etc. Le groupe Jacquelin eut cinq tués au combat, deux blessés, neuf citations. Jusqu’au bout Paul Jansen sut animer son groupe de la maison des jeunes qui allait plus tard rejoindre l’officielle maison des jeunes et de la culture de Romans fondée par Robert Martin. Ils avaient conservé l’esprit qui convenait, dans la fraternité.
La Libération venue on redécouvrait les films réalisés par Marcel Jansen, le frère de Paul, qui avaient été enterrés dans de la toile de parachute dans un jardin. Et j’ai eu du plaisir à préfacer l’album que nous avons tiré de ce petit trésor, publié par Mémoire de la Drôme à Peuple libre, sous le titre “Reporter au maquis”, un document irremplaçable sur ce maquis d’adolescents. Paul Jansen était fier de ses jeunes compagnons et, en juillet dernier encore, il avait réuni les survivants chez lui à La Chabertière à La Chapelle-en-Vercors. C’est dans ce village qu’il avait épousé Denise Vallier, elle aussi dans la Résistance, et c’est dans sa maison qu’il a voulu mourir, paisiblement, entouré de Denise, son épouse, de ses quatre enfants et de ses neuf petits-enfants. Il portait fièrement à son revers le chamois des Pionniers du Vercors, ses frères d’armes. Pour Paul Jansen la Résistance de ces jeunes amis restait “un symbole de fraternité, de loyauté, de courage”. Au-delà on doit souligner que Jansen-Jacquelin était aussi un amateur d’art épris de musique et de cinéma. Il était vraiment un patriote humaniste.
Pierre VALLIER
***************
LA MORT DE PIERRE BRUNET
La mort subite de Pierre Brunet, président du Comité d’Entente des Anciens Combattants de Romans et Bourg-de-Péage, a frappé de stupeur et plongé dans l’affliction la plupart des Romanais.
Né le 17 novembre 1912 à Pont-en-Royans, Pierre Brunet incarnait, il est vrai, le courage et la droiture, deux qualités qui n’avaient jamais été prises en défaut lors d’une existence guidée par une certaine idée de la dignité.
Garagiste à Pont, puis responsable avec M. Pouzin le la concession Renault de Romans, Standard-Automobile, Pierre Brunet était devenu ensuite expert en automobile. Mais en toile de fond à une carrière professionnelle riche et réussie, s’inscrivait un profond besoin de se dévouer et de servir. Pierre Brunet adorait le sport, le ballon oval en particulier (il avait participé activement au Comité Directeur de l’U.S.R.P.) et sa popularité autant que sa compétence lui avaient valu d’assumer la présidence de l’Office Municipal des Sports.
Pierre Brunet justifiait encore d’une conduite héroïque pendant les événement de 39-45; sous officier dans un bataillon de chars, prisonnier de guerre en mai 40 à Saulieu, il s’était évadé en Juin 41, avait regagné Pont-en-Royans, pour gagner l’exploitation forestière d’Ambel le 4 avril 1942; il y créait le maquis d’Ambel. Chef du 1er camp de réfractaires du Vercors et de France, lieutenant adjoint au capitaine Fayard, qui commandait le 14e B.C.A, Pierre Brunet allait prendre part avec bravoure à la libération de Romans, de Lyon, faisant campagne jusqu’à l’armistice avec le 11e Régiment de Cuirassiers.
S’il était titulaire de multiples décorations (croix de guerre avec citation étoile d’argent ; croix de combattant volontaire de la Résistance ; médaille militaire; médaille des évadés; croix du combattant volontaire de la guerre), s’il s’était vu décerner en 1970 la légion d’honneur, Pierre Brunet avait une secrète fierté: celle d’avoir pu réunir toutes les associations locales d’anciens combattants dans un Comité d’Entente d’abord présidé par le regretté Maurice Michel, puis par lui-même — « mais c’était par Intérim », avait-il précisé tout de suite — depuis l’an dernier.
Président d’honneur ou actif de multiples associations du monde combattant, Pierre Brunet était la gentillesse même ; présent dans toutes les manifestations, il s’occupait avec une foi extraordinaire de ses amis anciens combattants, privilégiant le dialogue à l’anathème. Pour tout dire, on pouvait compter sur lui.
Pierre Brunet a été Inhumé samedi ; ses obsèques, célébrées en l’église Notre Dame de Lourdes, ont été suivies par une foule émue et recueillie.
Parmi les très nombreuses personnalités, s’étaient déplacés E.- J. Lapassat, maire de Romans, vice-président du Conseil Général ; de nombreux membres de la municipalité; Henri Durand, maire, conseiller général de Bourg-de-Péage, Georges Durand, conseiller général de Romans; de très nombreux dirigeants de l’USRP, de l’OMS, de clubs sportifs, et naturellement les membres, responsables, et porte-drapeaux des associations du Comité d’Entente des Anciens Combattants, les Résistants du Vercors et Royans, 11e Cuir, Français Libres, et bien d’autres que nous ne pouvons citer.
Tandis que les drapeaux rendaient les honneur autour du catafalque, ses amis et les personnalités allaient rendre à Pierre Brunet un ultime et poignant hommage; après le président national des Pionniers du Vercors, le colonel Bouchier, c’est M. Rosseti, président du 11e Cuir ; X- C. Goubillon, président départemental de l’Union Fédérale des Anciens Combattants; Gérard Chaumontet, adjoint au maire de Romans, qui devaient tracer du disparu un portrait enrichi de leur approche personnelle.
Notre Journal, en cette si pénible circonstance, assure Mme Veuve Pierre Brunet, M. et Mme Gabriel Deshormière et leur fille, M. et Mme Jacques Rigal et leurs filles, de toute sa sympathie et s’associe bien sincèrement à leur immense chagrin.
J.- L. B.
***************
Raymond Castagna
Les pionniers du Vercors, les Anciens du 11e cuirassier, les Anciens Combattants de Bouvante ont le coeur gros pour accompagner un de leur plus fidèle adhérent. Malgré son éloignement, Raymond Castagna se faisait un devoir d’être toujours présent. Il fut un résistant de la première heure, d’un sang froid et d’un courage exemplaire.
Il n’hésita pas en janvier 1944 à déserter les chantiers de jeunesse pour entrer dans la résistance sous les ordres du capitaine Seguin avec lequel il participa aux coups dé mains de la section. Par la suite, il participa à la prise de Romans et de Lyon, partant de la caserne de la Part Dieu. Ce trio était composé de Raymond, René Béguin et André Béguin.
Après une fusillade très fournie, ils réussirent à ramener un prisonnier à la caserne où ils eurent droit aux éloges de leurs chefs. Après de nombreuses péripéties, ils se sont acheminés vers le Doubs, la Haute-Saône, le Territoire de Belfort, les Vosges, l’Alsace puis l’occupation en Allemagne.
Toutes ces actions où il eut une conduite héroïque, lui valurent la Croix de Guerre, la médaille des Combattants volontaires de la Résistance, la médaille de Combattants volontaires, la médaille commémorative des Engagés volontaires libération. Il avait également la médaille d’or du travail dont ses employeurs n’eurent qu’à le féliciter du sérieux dans la vie professionnelle.
Il éleva une belle famille qui aujourd’hui est fière d’avoir eu un père d’une telle valeur.
***************
André Madeline dit “Calva”
Né le 5 novembre 1924 à Colleville-sur-Orme (Calvados), il poursuivait ses études à Caen en septembre 1940. Il a 16 ans lorsque s’installe l’occupation ennemie. Tout de suite, il fait partie d’une cellule du réseau “Hopper” sous le pseudonyme “Marceau”. Grillé par la Gestapo, il rejoint le maquis du Vercors avec l’un de ses camarades Paul Moisson. C’est dans le camp C2 qu’ils entrent, commandé/par le Lieutenant Kalk, puis dans le Cl2 sous les ordres du Lieutenant Pierre Point dit “Payot”. Il deviendra “Calva”, on comprend pourquoi !
Texte tiré du discours du Colonel Louis Bouchier lors de la cérémonie de remise de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à André Madeline
“Calva” a été décoré de la Croix de Guerre pour trois citations : sa bravoure dans les combats de Saint-Nizier, de Vassieux et de Basse-Alsace.
***************
Paul Moisson dit “Pare-Chocs”
Né le 30 octobre 1925 dans le petit village de Périers-sur-le-Dan, non loin de Deauville dans le Calvados.
“C’est le 18 janvier 1945, à la nuit tombée, que la maison de l’éclusier sur l’Ill, non loin d’Huttenheim, est prise pour cible par les artilleurs allemands. Un 88mm tombe sur le coin gauche du trou où se trouve “Pare-Chocs”, derrière sa mitrailleuse lourde. Il est grièvement blessé aux jambes. La blessure n’est pas belle.
Les Toubibs de Spears font du bon boulot, ils le sauveront, mais il perd sa jambe”
Texte tiré du manuscrit de “Calva”
Paul Moisson a la Croix de Guerre pour deux citations; l’une à l’ordre de l’Armée et l’autre à l’ordre de la Division, lui donnant le droit de porter la palme et l’étoile d’argent. Il a aussi la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
***************
Maréchal des Logis Raymond Anne
“Filochard”
Le 21 juillet 1944, il faisait parti de la garde rapprochée du Poste de Commandement (P.C.) du Capitaine Pierre Hazebrouck dit “Hardy” constituée d’une quinzaine de Cuirassiers..
Lors de l’attaque de Vassieux-en-Vercors (Dauphiné) par les troupes SS venues en planeurs, il est tombé pour la France avec ses compagnons dans des combats désespérés contre un ennemi expérimenté, supérieur en nombre et en armement.
MdL Raymond Anne a été choisi, comme le symbole des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) parmi les seize combattants de l’empire français pour la libération de la France. Son Cénotaphe se trouve au Mont-Valérien.
“Monotones et tristes, les tambours de la Garde Républicaine jouent “Aux Champs”. Le roulement sourd répète seize fois. Seize fois, les sabres brillent à la lueur des torches qui brûlent aux faîtes des cénotaphes… “.
Tiré du manuscrit inédit de André Madeline dit “Calva”.
***************
Capitaine Maurice Bourgeois
– Vassieux-en-Vercors 21 juillet 1945 – Premier anniversaire des combats meurtriers où cette petite commune du Dauphiné a été détruite en totalité et ses habitants ainsi que les Cuirassiers qui y séjournaient furent martyrisés et exterminés jusqu’au dernier, comme à Oradour-sur-Glane.
Le Capitaine Maurice Bourgeois commandait le 1er escadron du 11ème régiment de Cuirassiers qui a vainement essayé de reprendre le village aux soldats allemands venus en planeurs. Il avait pris ses fonctions à la mort du Lieutenant André Roure, tué à l’ennemi aux Barraques-en-Vercors.
Collection Antoine Nal dit “Tonio”
Obsèques du colonel BOURGEOIS
Le 13 avril 2006, discours du Président Jean Brunet.
Devant nous tel un arbre frappé par la foudre, un chef un ami vient de tomber. Devant nous une famille dans la peine, des camarades dans la tristesse et des drapeaux, en bernes dans une grande dignité.
Un jour le destin aux mains glaciales vous frappe, et vous enlève un être cher. Aujourd’hui il a prit notre ami notre chef le Colonel Maurice BOURGEOIS, pour l’endormir à jamais, et ses mystères l’ont emporté, dans le monde des anonymes de l’histoire, dans le royaume des ombres.
Au nom des Anciens du 11 Cuirassiers, Vercors, Vosges, Alsace, il me revient aujourd’hui le pénible devoir de rendre un dernier hommage a notre chef, notre ancien compagnon d’armes.
Pour nous, saluer nos morts, n’est pas seulement un témoignage de fraternelle estime et d’affection, c’est affirmer au travers de l’oubli et du temps qui passe qu’une flamme est entretenu, c’est maintenir l’exigence qui nous a réunis dans la résistance du Vercors, celle de la liberté personnelle attaché à ‘indépendance de la Nation. C’est transmettre par le récit d’une existence, les choses d’un homme et son emprise sur une parcelle de notre histoire.
Le temps passe inexorablement, mais la reconnaissance envers des hommes comme LE COLONEL MAURICE BOURGEOIS, doit demeurer toujours aussi vive, et que cette reconnaissance ne doit pas s’épuiser, car n’oublions jamais que nous leurs devons notre liberté.
Maurice BOURGOIS est né le 15 novembre 1919 à Lyon. Issu d’ancêtres venant de suisse et de Haute-Savoie, il fréquente l’école publique, puis le collège de la source à Lyon, où il effectue de brillantes études secondaires, et pendant un an, à la faculté où il est élève en “science politiques”. Parallèlement à son parcours d’étudiant, il se consacre quatre années durant, de 1934 à 1938 à une préparation militaire à Lyon.
Après avoir passé deux ans à la faculté se Strasbourg, il décide de se vouer a là carrière de militaire.
Le 17 mai 1940 il est Maréchal des Logis au 9éme Cuirassiers. Puis Maréchal des logis Chef au 11 régiment de Cuirassiers et placé en 1943 en congé d’armistice.
Mais comme la fierté de nombreux Français, déjà ébranlé par la cuisante défaite de 1940, avec tout ce qu’elle avait entrainé de sévices et de souffrances, il eu du mal a supporter l’occupation de son pays, qui apportait avec elle les privations, les déportations, les tortures, la honte, le désespoir, ce fut pour lui un refus total à cette intolérable humiliation, il avait qu’un seul bût reprendre le combat afin de redonner l’honneur à son Pays…
Mais voilà que la résistance s’organisait et les combattants de l’ombre eurent bien vite dans leur rang notre ami MAURICE BOURGEOIS
Le 1 octobre 1943 il rejoint le réseau “GALLIA” de la France combattante à LYON en qualité d’agent P1.
Pas très loin de LYON une région particulièrement belle, aux riantes vallées et aux rocher impressionnant, disait à qui voulait l’entendre qu’elle avait gardé sa liberté, c’était le VERCORS, qu’il rejoint le 24 janvier 1944 où il retrouve ceux qui avait dit non à la décadence.
Combien virile dans son austère grandeur, Maurice Bourgeois avait la vénération totale et exclusive du drapeau tricolore, qui lui donnait la force du désintéressement en ne pensant plus qu’à son idéal d’homme libre.
Sur ce plateau du Vercors, il apprit bien vite la différence entre le vécu et l’imaginé, et aussi un des plus vieux langage des hommes, celui de la volonté, du sacrifice et du sang . Les journées de cauchemar vécues dans ce maquis étaient restées gravées dans sa mémoire, tout comme la mort du combattant et l’immolation des civils, enfouie dans les cendres épaisses de l’histoire. Après l’attaque et la destruction des Brraques en Vercors il est investi des fonctions exercées par le Lieutenant ROURE qui avait été tué le 22 janvier .
Le 11 régiment de cuirassier venait d’être reconstitué, dans le Vercors sous le commandement du Capitaine Geyer Thivollet. Sur les hauts de Saint Martin en Vercors le Lt BOURGEOIS donna naissance au 1er escadron du 11 régiment de Cuirassiers. En peu de temps il parvint à faire de ses maquisards, une troupe organisée, disciplinée, combative. A la tête de son 1er escadron du 11 Régiment de Cuirassiers il se couvre de gloire lors des combats de Vassieux en Vercors, la prise de Romans, la libération de Lyon. Puis se fut les campagnes des VOSGES ET D’ALSACE où devant HUTTENHEIM encerclée par un ennemi très supérieur en nombre, il réussit à le bousculer et à se dégager, en causant des ravages à l’ennemi. Le 14 juillet 1948 il reçoit la croix de chevalier de la légion d’honneur accompagnée de deux citations à l’ordre de l’armée.
En 1947 il se trouva en stage de saut à l’école des troupes aéroportées de PAU. Breveté parachutiste, après un passage au 1 er bataillon parachutiste de choc.
De 1953 a 1954 il rejoint en INDOCHINE, une unité de commandos de cette troupe d’élite, avec un bilan remarquable et impressionnant au LAOS, où il reçois la croix de guerre des T.O.A avec une nouvelle citation à l’ordre de l’armée.
Ensuite de 1955 à 1956 : il rejoint Alger, affecté au 18 régiment de parachutistes d’infanterie Coloniale.
Ensuite au 1er Rgt de Hussards Parachutistes. Il mène un baroud sur la frontière Tunisienne, dans la région de TEBESSA, et de NEGRINE.
En 1959 le commandement lui attribue la Croix de la Valeur Militaire avec Citation à l’ordre de la brigade.
De retour en France, en février 1960 il et promu au grade de Chef d’Escadron et affecté au 13 Rgt de Dragon Parachutistes, en juillet 1961 promu Officier de la légion d’honneur le 30 juin 1962 et réintègre la métropole au mois d’août de cette même année.
Muté au Commandement des Forces Française en Allemagne, admis à concourir pour l’attribution du diplôme Militaire Supérieur, en 1966 il et nommé au grade de LT Colonel désigné pour exercer les fonctions de délégué Militaire Départemental de Saône et Loire avec le grade de Colonel. Admis à faire valoir ses droits à la retraite en juillet 1972 il s’engage dans des activités du secteur privé, en qualité de Directeur administratif à la société TEA à LYON.
Ses grandes qualités de résistant, de militaire, et combattant au courage exceptionnel furent reconnues à leur juste valeur, puisque nous avions remarqué les décorations qu’il portait fièrement sur sa poitrine .
Commandeur dans l’ordre de la légion d’honneur, le plus haut grade de l’ordre National.
Croix de guerre 39/45 Croix de guerre des TOE Croix De la valeur militaire Croix du combattant volontaire de la Résistance Médaille des Forces Françaises libres et Combattante Et 6 citations.
Toutes ces décorations viennent récompensés les services rendu à la Nation par l’ officier d’élite qu’il était et qui à toutes circonstances s’est illustré à la tête de sa troupe qu’il a mené au combat avec un courage exemplaire.
Mon colonel, vous resterez c’est évident, dans le cœur de tous les anciens du 11 CUIRASSIERS VERCORS auquel vous avez voué tant d’admiration et d’amitié. Vous êtes parmi ceux qui ont incarné au plus haut l’esprit associatif. Ayant le sens de l’initiative, qui va de l’avant et ne se résigne pas, votre simplicité, votre modestie, n’eurent d’égales à votre sensibilité et à votre grande qualité de cœur reconnues de tous.
La richesse de vos capacités humaines, votre loyauté, votre sens du devoir, votre esprit d’ouverture, vous faisais gagner l’estime de tous ceux qui vous approchaient.
Par la chaleur de votre accueil et la délicatesse de votre écoute, vous aviez cette façon indéfinie, celle de laisser avec bienveillance s’exprimer votre interlocuteur, ce qui vous a valu dans notre association une considération exceptionnelle.
Mon colonel, vous voilà parti pour un grand voyage, non pas de la même fougue que vous aviez pour gravir les sentiers du merveilleux Vercors. Mais tandis que nous voyons lentement votre silhouette s’effacéé, et disparaître à l’horizon, ceux que vous laissez sont envahis de peine et d’affliction. Ils ont la consolation de savoir que vous avez retrouver dans le royaume des vainqueurs tous ceux qui ont connu les atrocités de la guerre. Plus forte que la mor,t la vie garde ses droits, Au coin du souvenir nous ne vous oublierons pas.
Ces drapeaux qui représentent la grande famille des anciens combattants sont venus saluer et s’incliner une dernière fois devant notre chef, notre ami, le frère d’armes qui vient de nous plonger dans une pénible tristesse.
Nous ne reverrons plus cette forte personnalité qui vous caractérisait, la maladie étant venu contrarier votre vie paisible et contre laquelle vous avez mené un dur combat mais hélas le dernier, l’ultime. Comme un guerrier jaloux qui, témoin d’une fête jette au milieu des fleurs son panache sanglant, vous vous êtes incliné, laissant votre famille et vos nombreux amis.
A elle et à eux, l’association des anciens du Cuirassiers Vercors présente ses respectueuses condoléances.
Puisse Madame BOURGEOIS, l’affection de tous ses camarades qui sont ici présents ou par la pensée, vous apporter ainsi qu’à vos enfants et petits enfants quelques réconforts dans votre grande peine.
Mon Colonel en vous disant un dernier adieu, vous pouvez être fièr d’avoir parfaitement rempli votre rôle de FRANÇAIS, d’époux, et de père, à une époque où les droits l’emportent sur les devoirs, le laxisme, sur la morale et la rigueur.
Vous pouvez être certain que vous figurerez parmi les hommes qui font l’honneur de notre génération.
Mon Colonel au revoir et reposez en paix.
Jean Brunet
***************
Sous Lieutenant Louis Rose
Né le 28 Avril 1921 à Paris
S/Lieutenant. Est entré en résistance le 16 Septembre 1943.
Affectation pendant la campagne 1944/1945
Maquis du Grand-Serre de Septembre 1943 à Janvier 1944.
Maquis du Vercors de Janvier 1944 à Septembre 1944.
Commandant la 2ème section sénégalaise lors de la libération de Romans le 22 Août 1944.
A réussi grâce à son initiative et au mépris total du danger, à anéantir une partie du convoi Allemand qui tentait de forcer la sortie de la caserne. Sa section n’a subi aucune perte.
Campagne des Vosges de Septembre 1944 à Décembre 1944.
Campagne d’Alsace de Janvier 1945 à Février 1945.
Croix de guerre, Citation à l’ordre de la division (Grand-Serre et Baraques)
Citation à l’ordre de l’Armée (Romans)
Ses chefs : GEYER (Thivollet), Colonel HUET.
“Officier d’un courage éclatant et animé du patriotisme le plus ardent. Engagé volontaire à 19 ans en 1940, a combattu sur la Loire. Renvoyé dans ses foyers, entre officiellement et volontairement dans la Résistance en Mars 1943 au Réseau Marco, passe en Septembre de la même année au Maquis du Grand-Serre (11ème Cuirassiers), rejoint le Massif du Vercors avec ce maquis en Janvier 1941, participe à toutes les affaires du Vercors, puis à la libération de Romans, de Valence et de Lyon. Poursuit la lutte, avec le 11ème Cuir intégré dans la 1ère armée française jusqu’à la libération et la Victoire.
Démobilisé le 24 septembre 1945, suit avec assiduité depuis 1951 l’instruction des officiers de réserve. Une blessure deux citations. Officier de valeur, ayant payé de sa personne largement et dans des conditions très difficiles. N’a pas reçu la Médaille de la Résistance qu’il méritait hautement.
A récompenser !”
Colonel HUET
***************
Capitaine Bernard Chastenet de Géry
“Roland”
Ancien cadet de Saumur, Lieutenant au 11ème régiment de Cuirassiers au quartier de La Part-Dieu en 1942, il est officier d’active et en tant que tel, il commandera le C4 qui deviendra par la suite le C14.
Lors d’une reconnaissance exécutée en service commandé avec quelques cuirassiers de son camp, fin juillet début août, son commando est tombé dans une embuscade tendue par l’ennemi à Serre-Montuez.
Le 11ème Cuirassiers perd en lui un magnifique officier, pur, ardent, très aimé par tous ceux qui le connaissaient et en particulier par son escadron. Il avait déjà subit la tragique aventure de Malleval qu’il avait rejoint en 1943 avant de se réfugier dans le Vercors avec les rescapés. “Thivollet”.
Collection Yves Chastenet de Géry
***************
Lieutenant Pierre Point
“Payot”
Officier d’active commandant les camps C12-C15-C18 qui formeront dans l’armée régulière, les trois pelotons de combat du 2ème escadron du 11ème Cuirassiers.
A 24 ans, Pierre Point sera mortellement blessé à Vassieux lors d’un bombardement. Il succombera, vidé de son sang à l’arrivée à l’hôpital de Saint-Martin-en-Vercors.
Pierre Point et Pierre Hazebrouck avaient fait connaissance au régiment d’artillerie de Bordeaux. C’était de bons camarades. L’un, “Payot”, était protestant, et l’autre catholique. Ils étaient tous deux dotés de grandes qualités morales.
Cette photo a été prise lorsque, Maréchal-des-Logis, il reprend du service dans l’armée d’armistice au régiment d’artillerie de Grenoble.
Collection Simone Lapouge
***************
Capitaine Pierre Hazebrouck
“Hardy”
Saint-Cyrien, il est promu lieutenant d’infanterie en décembre 1942.
“Hardy” est né en 1920 à Noeux-les-Mines dans le Pas-de-Calais. Il a succédé au Lieutenant “Payot” le 13 juillet 1944 à la tête du 2ème escadron à la mort de ce dernier.
Il sera tué lui même huit jours plus tard, le 21 juillet lors de l’attaque des troupes aéroportées SS venues en planeur.
Au jour du 21 juillet 1944, Vassieux n’était défendu que par douze Cuirassiers formant la garde rapprochée du P.C. du Capitaine.
Cette photo a été prise en 1939 au régiment d’artillerie de Bordeaux où il fit connaissance de Pierre Point.
Collection Robert Dusserre “Castor”
***************
“Fayard”, le caractère d’un chef
Bourdeaux dirige l’exploitation forestière d’Ambel. De taille moyenne mais robuste, la quarantaine imposante, c’est un sacré bonhomme qui peut se prévaloir du respect et de l’admiration de ses hommes. Jacques Col, qui sera le cuisinier du camp, trouve qu’il discute peu mais ne s’en plaint pas :
“Il en dit le moins possible ; il vaut mieux, vu le contexte. Il est dur, téméraire, pas commode même. Cela ne l’empêche pas d’avoir l’estime de tous ceux qu’il a sous ses ordres. Quelqu’un qui sait commander mérite le respect”.
Et pour cause : originaire du Jura, capitaine de réserve, Bourdeaux dit “Fayard” a les qualités que lui apportent ses racines. Costaud, vif, intelligent, “il a le caractère du chasseur alpin qu’il fut” selon André Valot, son futur lieutenant. C’est-à-dire : “Pas très grand, nerveux, pas toujours de bonne humeur mais ne reculant pas devant la tâche”. Son tempérament enjoué ne le pousse cependant pas à des actions irréfléchies. Il s’en tient à son rôle : rendre compte à ses patrons en ce qui concerne la société d’exploitation et garder le contact avec “Jacques” qui a organisé la filière vers le camp d’Ambel. Il saura rester patient et ne cherchera pas les coups d’éclat qui peuvent toujours mal finir. Il fera même preuve de sang froid et d’autorité face à l’ennemi qui tentera plus tard de débusquer les maquisards dont il est le chef. Il saura donner l’ordre de ne pas tirer, ce qui évitera des représailles et des conséquences tragiques pour les populations de la plaine du Royans.
Louis Razaire, qui s’occupera de la comptabilité de l’exploitation, confirme que “Fayard” est “un homme qui réfléchit toujours avant d’agir. Ce n’est pas une “tête brûlée”. Et la sévérité qu’il manifeste à l’égard de ses gars, se justifie par son sens de l’équité et de la justice”.
Pour l’instant, “Fayard” a pour seule mission de recevoir les hommes qu’on lui envoie. C’est l’hiver, le chantier ne reprendra qu’au printemps. Les jeunes recrues qu’il faudra former à leur nouveau métier, continueront d’arriver par vagues successives. C’est le soir, dans sa maison de Bouvante, Bourdeaux tire sur sa bouffarde, en compagnie de sa femme et de sa fille qui se roulent chacune une cigarette, et de Pierre Brunet, son “second” chargé notamment du ravitaillement. Dans la fumée de sa pipe et la faible lumière du jour qui tombe, se perdent ses pensées.
Un mélange d’excitation et d’inquiétude.
***************
Yves Moine
Le Capitaine Yves Moine, figure emblématique des combats du Vercors, nous a quittés…
Une cérémonie religieuse a été célébrée, en présence d’une assistance très nombreuse, le 19 septembre 1998 en l’église Saint-Hilaire de Boissy-la-Rivière, près d’Étampes, dans le département de l’Essonne.
Dans son homélie, le Père Pascal, aumônier du 11ème Régiment de cuirassiers, venu spécialement de Carpiagne, a souligné la noble figure du disparu, homme de courage et d’honneur, maquisard ardent, entré en résistance comme on entre en religion, en décembre 1942.
Patriote intransigeant, ayant mis l’entièreté de sa foi en les destinées de la Patrie, chef de guerre prestigieux, du maquis du Grand Serre, du Vercors et d’autres lieux, chef de famille exemplaire, dont le souvenir restera impérissable…
L’Association nationale des Anciens maquisards, Combattants et résistants du Vercors, dont il était le Président délégué, a pris conscience, comme chacun d’entre nous, du vide irremplaçable que constitue cette disparition et ressenti une émotion partagée d’une particulière intensité, dans cet adieu à celui qui fut un homme exceptionnel et un combattant de légende.
Les anciens officiers, sous-officiers, cavaliers du llème Régiment de cuirassiers étaient présents comme ils le furent en toutes circonstances “au chemin de l’honneur” – la fière devise du régiment – venus rendre hommage à celui qui fut leur chef, du maquis du Grand Serre, puis du Vercors, jusqu’aux Vosges, en Alsace, au bord du Rhin, franchi par “leurs chevaux d’acier” et enfin, en territoire ennemi, en passant par Romans et Lyon, et autres lieux de hauts combats.
Fils d’un père polytechnicien, ingénieur général de l’armement, officier de la Légion d’honneur, Yves Moine avait été élevé dans un esprit de droiture, de service et de dévouement à la patrie, qui doit savoir aller jusqu’au sacrifice suprême.
Candidat à Saint-Cyr, il s’engage volontairement dans les Forces Françaises de l’Intérieur (AS-Vercors) le 1er janvier 1943, avec le grade de Lieutenant. La guerre fait alors rage, et il attendait ce moment avec l’impatience de sa jeunesse et cette soif d’action qui l’animera tout au long de l’extraordinaire épopée de sa vie.
Il rallie le maquis du Grand Serre (Drôme/Nord) en décembre 1942, en qualité d’adjoint au Lieutenant de Cavalerie Geyer La Thivollet, fondateur et chef de ce maquis.
Le 24 décembre 1943, “Thivollet” prend la route du Vercors avec 90 maquisards, en convoi automobile, avec armes et bagages, opération audacieuse et périlleuse, parfaitement réussie. Ils sont accueillis par la famille Reboulet à “La Gratte”, à Saint-Martin-en-Vercors. Thivollet installe, sur la commune, son PC au lieu-dit “Le Bouget”, ferme inhabitée mise à la disposition du maquis par la famille Maréchal, propriétaire des lieux.
Le détachement des maquisards devient le Premier Corps Franc du Vercors, placé sous les ordres du Lieutenant Maurice Bourgeois (le Lieutenant Bourgeois sera promu Capitaine le 1er juin 1944), prend ses quartiers dans la ferme Filet, également vacante au lieu-dit “Les Combes”, située à proximité quasi-immédiate du “Bouget”.
***************
Lieutenant Colonel HUET
Commandant le 11ème Cuirassiers
Le Lieutenant Colonel a quitté le Régiment, fin Décembre. Il n’y a pas ici à faire son éloge ou à dire les regrets qu’il a laissés. – C’était un Chef. – Un bref résumé de sa carrière montrera à ceux qui ne l’ont connu que depuis peu, que sa vie militaire a été toute entière consacrée à se préparer au combat, à se battre, à se battre partout où depuis 20 ans il y avait des coups à donner et des coups à recevoir, à vaincre.
François HUET est né le 16 Août 1905 d’une famille d’Officiers – Entré à St CYR en 1923, S/Lieutenant en 25 – après un an à Saumur il sert quelques mois au 5ème Chasseurs à cheval à Senlis et part pour le Maroc.
Pendant 8 ans, d’abord au 22ème Spahis Marocains, ensuite à la tête d’un goum, il participera à toutes les opérations qui aboutiront finalement en 34 à la pacification totale du Pays.
Une blessure, de nombreuses citations, la Légion d’Honneur, le grade de Capitaine, à titre exceptionnel marqueront cette période toute remplie de combats, d’embuscades, de séjours dans les postes et cela sous la neige ou sous un soleil torride de la Région Nord du Maroc aux confins sahariens.
Rentré en France en 34 le Capitaine HUET, après un an à Saumur, commande un escadron de chars au 2ème AM à STRASBOURG de 1935 à 37.
Appelé à un poste de choix à l’Etat-Major de l’Armée, il sollicite dès la déclaration de guerre, un commandement, – Affecté au 1er G.R.D.I. il prend part aux durs, mais glorieux combats menés par cette unité en Belgique.
Des pertes considérables ayant amené la dissolution du 1er GRDI le Capitaine HUET, forme en quelques jours, le 4ème Groupe de Cavalerie et avec lui, il est jeté, dès les premiers jours de juin, dans la bataille – jusqu’à l’armistice – de la Basse Seine puis la Garonne, il luttera pied à pied conservant jusqu’au dernier jour, une Unité constituée disciplinée.
Après l’armistice, le Chef d’Escadrons HUET, s’occupera, à l’État-Major de l’Armée, d’assurer une liaison entre les organisations de jeunesse et l’Armée elle-même. – Puis, à la fin de 1942 il entre dans un réseau de Renseignements, prépare dans le Rhône, le noyautage des PFI. – Enfin, mis à la tête des maquis du Vercors, Isère, Drôme, le Lieutenant Colonel HERVIEU en 44, dirigera cette lutte acharnée, d’où ressortira le llème Cuirassiers d’où viendra la libération. – Les détails de cette période infiniment glorieuse sont trop connus pour qu’il soit nécessaire d’insister.
En septembre 44, le Lieutenant Colonel HUET est appelle à l’E.M. de la XIVème Région à Lyon et c’est alors qu’il viendra prendre le Commandement du Régiment à Pithiviers en juillet 1945.
Officier de la Légion d’Honneur, 11 citations dont 8 à l’ordre de l’armée, méritées tant au Maroc qu’en France en 40 ou en 44, voila ce qui sanctionne des années de combats et de victoires.
Le Lieutenant Colonel HUET est parti – comme il l’a dit lui-même. Le Colonel est mort, vive le Colonel, c’est à dire que les Colonels se succèdent, les hommes se succèdent mais il y a le Régiment qui reste, le Régiment, qui comme la France connaît bien des vicissitudes, mais qui reste toujours : “au Chemin de l’Honneur”
***************
Du maquis du Vercors………….au front des Vosges
Le Sous-Lieutenant MARC COQUELIN
(CHARVIER, dans la Résistance)
Parmi les braves qui se distinguèrent dans le Vercors, puis se joignirent, après le Débarquement, à notre armée pour libérer la France, le Sous-Lieutenant Marc Coquelin (Charvier) est une des figures les plus originales et les plus marquantes. Il était le fils de notre confrère Maurice Coquelin, emprisonné par les Allemands en 1943, aujourd’hui directeur de l’agence France-Presse, à Toulouse.
Ce jeune chef de Chantier de Jeunesse arrive dans le Vercors au début du mois de mai 1944. Presque tout de suite, ses chefs lui donnent mission de former un camp avec des nouvelles recrues, à Vassieux, sous les ordres du Lieutenant Payot. Il réussit parfaitement dans cette tâche. Et son camp devient bientôt un modèle du genre.
Les quelque trente jeunes qu’il commande l’adorent. Il réussit ce que seul les vrais chefs savent obtenir, grâce uniquement à leur ascendant moral : l’obéissance librement consentie. Il sait insuffler aux jeunes sa foi en la France éternelle, sa fougue et aussi son calme courage.
C’était d’ailleurs un trait de son commandement d’être plutôt raisonné qu’autoritaire. Il s’inspirait beaucoup de la méthode scoute pour l’entraînement de ses hommes. Méthode sportive et souple, dont les résultats, dans son cas, furent extrêmement heureux.
En juin, lors du débarquement en Normandie, l’ordre parvient de verrouiller le Vercors. La défense de cette véritable citadelle s’organise. Charvier nommé aspirant, reçoit la mission de défendre avec son peloton le champ d’aviation de Vassieux, alors en construction.
Le 14 juillet, les Alliés procèdent à un parachutage monstre : plus de mille “containers” pleins d’armes descendent sur Vassieux. Mais les forteresses volantes ont à peine disparu que chasseurs et bombardiers allemands harcèlent les maquisards venus ramasser les armes tant attendues. L’aspirant Charvier et ses hommes se prodiguent au milieu des éclatements et de la mitraille pour récupérer la précieuse cargaison.
Le 21 juillet, les Allemands attaquent en force. Le Vercors est assailli de tous côtés. Les planeurs ennemis atterrissent en masse sur le terrain de Vassieux et prennent à revers nos forces. Charvier tient un col au-dessus du champ d’aviation. L’artillerie et les mortiers allemands éclatent de toutes parts. Les mitrailleuses lourdes débarquées des planeurs crachent dans toutes les directions. Pour beaucoup des nôtres, c’est le baptême du feu. Et quel baptême! Charvier, par son calme souriant, maintient tout son monde en place. Subjugués par l’ascendant de leur chef, nos bleu gardent le flegme des vieilles troupes.
Une colonne d’environ 300 ennemis se dirige vers le col. Le peloton fait feu de toutes ses armes. L’ennemi se plaque au sol et progresse avec précautions, tout en répondant par son tir. Alerte ! Une sentinelle signale qu’une autre colonne, aussi forte que la première, monte par l’autre versant du col. Il ne peut être question de tenir sur place. D’ailleurs Charvier reçoit l’ordre général de décrochage. Sous la poussée de deux divisions, l’ennemi a réussi à percer le dispositif. Le problème est maintenant de se replier en bon ordre, de passer à travers des éléments allemands qui sillonnent le pays et garder le point de ralliement prescrit : la forêt de Lente.
Le petit groupe réussit à éviter tous les dangers et rallie le P.C du Commandant Thivollet. Et ce furent trois longues semaines pendant lesquelles nos hommes, privés de nourriture et même quelquefois d’eau, durent tenir au milieu des bois, soumis aux intempéries, constamment aux aguets, encerclés par les Allemands qui ne manquaient pas de venir les harceler.
Enfin le 15 août, c’est le débarquement en Méditerranée. Déjà depuis deux jours, les Allemands ont quitté le Vercors. Le 11ème Cuirassiers descend dans la plaine et, le 21 août attaque Romans.
L’aspirant Charvier commande le peloton de reconnaissance. Le premier, il entre dans la ville, à la tête de ses hommes et participe activement au nettoyage de Romans.
Le 27 août, une “Panzerdivision” allemande, comprimée par l’avance alliée dans la vallée du Rhône, se rue sur Romans, qu’elle occupe jusqu’au 30.
Revenu à Romans, le 11ème Cuirassiers rejoint ensuite l’armée régulière. C’est à ce moment que l’aspirant Coquelin-Charvier est nommé sous-Lieutenant. Une magnifique citation vient témoigner de sa bravoure.
Depuis se succèdent, au cours des mois d’octobre et de novembre, une série de combats où toujours le peloton Charvier se distingue. Il prend position à Grange-la-Ville, à la côte 71, près de Fresse, à Ramonchamp au Haut-du-Them.
Le 19 novembre commence la magnifique poussée en avant qui libère les Vosges et l’Alsace. Le peloton Charvier est soutien porté de chars de reconnaissance : mission périlleuse mais exaltante s’il en fut.
L’axe : Auxelle-Bas. Les chars progressent. On approche. Un dernier virage. Les mitrailleuses claquent. Charvier et ses hommes sautent à terre. On est en face d’un avant-poste dont le compte est vite réglé: trois allemands sont tués, les autres se rendent. La progression continue. Voici le village. Les chars foncent, les hommes du soutien porté bondissent d’une maison à l’autre, nettoyant tout. En une heure, tout est terminé : c’est le premier village reconquis au cours de cette avance de novembre.
Le lendemain, la progression se poursuit. Charvier est toujours sur ses chars. Au débouché d’un bois, une batterie antichars se démasque. Tout le monde en bas. Le duel commence entre le blindé et son adversaire. Charvier fait masquer son peloton dans le bois et insouciant du danger pour lui même, il reste sur la route pour observer, prêt à rassembler ses hommes pour un nouveau bond en avant. Un obus éclate à ses côtés. Il est atteint à la nuque. Le lieutenant Marc Coquelin tombe foudroyé; et son beau visage conserve dans la mort le calme rayonnant qu’il avait toujours montré.
Ce jour là, le 11ème Cuirassiers perdit un de ses meilleurs officiers. Mais son empreinte reste profonde, non seulement dans l’esprit des hommes qu’il avait lui même façonnés, mais aussi dans le coeur de tous ceux qui l’ont connu et pour lesquels il restera toujours : “Le Lieutenant”.
Un sous-officier du peloton CHARVIER.
***************
Le Capitaine Jury
Le Capitaine Jury est né le 8 Juillet 1916 à Lyon.
Il a passé une grande partie de sa jeunesse dans la propriété de ses parents à Dombes, où il a développé son amour de la campagne et son goût du cheval. Élève d’Ecole Supérieure de Commerce de Lyon, en 1936 il est reçu à la P.M.S. En sortant de l’école de cavalerie de Saumur, il est envoyé en Avril 1937 au 3ème Hussards à Sarreguemines.
Ses nombreux succès dans les courses de la région et sa passion du cheval font tant et si bien qu’il est considéré comme un des meilleurs cavaliers de son Régiment. A la déclaration de guerre, il fait partie du 15ème G.R.C.A. C’est alors la dure vie des avant-postes en Sarre, où déjà se manifestent ses qualités de cran et de sang-froid. Elles lui valent d’être à l’Ordre du Corps d’Armée par le Général commandant le 20ème Corps avec le motif suivant : ” Jeune officier d’une bravoure exceptionnelle, depuis le début des hostilités, a été volontaire pour toutes les mission périlleuses.
Durant la nuit du 6 au 7 Octobre 1939, complètement encerclé dans un village par un ennemi supérieur en nombre et très agressif, a donné à son peloton le plus bel exemple de calme et de sang-froid dans la défense de sa position qu’il a conservée intégralement. Deux jours plus tard, s’est offert pour nettoyer un village où l’ennemi s’était infiltré. S’est acquitté parfaitement de sa mission. ” Ce travail à pied cesse après l’hiver de repos et c’est dorénavant à cheval que son peloton s’est employé en avant de la ligne Maginot. Patrouilles, embuscades sont à cette époque son travail quotidien, et cette recherche du renseignement est presque toujours couronnée de succès et précieuse au commandement.
Il est cité à l’ordre de la Division avec le motif suivant : “Le 29 Mai, à la tête d’un groupe de combat, a sauté sur une patrouille allemande qu’il a décimée et mise en fuite. A ramené deux prisonniers. Le 30 Mai, à la tête de son peloton à pied, a manoeuvré très adroitement une forte patrouille allemande qui avait réussi à s’infiltrer dans nos lignes, l’a mise en fuite, en lui infligeant des pertes. A pris une mitraillette à l’ennemi”. Après le 15 Juin et la ligne Maginot, son G.R.C.A a pour mission de retarder l’ennemi en direction de Lunéville. De repli en repli, avec des combats meurtriers coupés de longues et fatigantes étapes, son peloton assure magnifiquement sa mission retardatrice de protection. Encerclé sur un piton des Vosges, le 23 Juin, son G.R.C.A, après avoir enterré ses culasses et ses cartouches, se rend la dernière de toutes les unités engagées dans ce secteur. Quelques instants après avoir été fait prisonnier, le lieutenant Jury s’évade avec un de ses camarades.
C’est alors costumés en cheminots et se faisant passer pour des poseurs de voies, qu’ils font la plus grande partie de la route de Sainte-Marie-Aux-Mines à Paris, où ils arriveront après une randonnée aux multiples incidents. Puis ils se rendent en Bretagne, où ils essayent vainement de passer en Angleterre pour rejoindre le Général De Gaulle. Ils descendent alors jusque dans les Pyrénées où ils n’ont pas plus de succès pour passer en Espagne. Finalement ils franchissent la ligne de démarcation et sont affectés dans des Régiments de l ‘Armée d’Armistice. Le lieutenant Jury, après un court stage dans les Chantiers de Jeunesse, demande et obtient d’être affecté au 3ème Spahis à Batna. Il y reste jusqu’à sa démobilisation, en 1942. Dès son retour en France, il prend contact avec le colonel Descours et c’est avec quelques Officiers et Sous-Officiers, la formation d’un groupe de Résistance dont il devient vite le chef. Son activité est intense. Liaisons, protections, parachutages, camouflages d’armes. Il constitue un dépôt dans sa propriété des Dombes. Dénoncé, c’est la ruée de la Gestapo. Il réussit à s’échapper, mais sa mère est emprisonnée à Montluc et déportée à Ravensbruck, où elle mourra des mauvais traitements qui lui seront infligés. Eloigné à Paris, il reprend contact avec la Résistance, jusqu’au moment du débarquement Allié en Normandie. Il vient alors au Vercors reprendre le commandement de son ancienne équipe. Lors de l’attaque du Plateau et l’atterrissage des planeurs à Vassieux, c’est la défense du Col du Pas du Pré. Lorsque toute résistance devient impossible, il réussit à faire passer son groupes en Forêt de Lente. C’est là que le Commandant Thivollet lui donne le commandement du 2ème escadron, à la tête duquel il remplace le Capitaine Hardy tué à Vassieux. Nommé Capitaine, il entre le 1er à la tête de son escadron dans Romans où il occupe audacieusement et, cependant sans pertes, les objectifs qui lui ont été assignés. Il mérite la Citation suivante à l’Ordre de la Division : ” Jeune Officier ayant fait preuve de l’attaque de Romans du 22-8-44, s’est porté en avant avec son escadron, pour occuper les objectifs que le Commandement avait désignés. ”
Après le passage triomphal à Lyon, c’est avec le D.F.L, la dure campagne des Vosges. En ligne, toujours au milieu de ses hommes, sa grande conscience professionnelle, son entrain, son courage et son sang-froid à toute épreuve, lui assurent non seulement la sympathie et l’estime, mais la très profonde affection de tous ses subordonnés. A Mignafans, sous les obus qui entourent son P.C, comme durant les dures journées de Fresse, comme au Thillot, comme au Haut-du-Them, il est toujours présent. Son allant, sa bonne humeur, son sourire, galvanisent les plus fatigués. Pendant l’offensive de Novembre, enfin, en jeep, toujours en tête du peloton de pointe, il entraîne son escadron dans un déboulé irrésistible. Malheureusement aux portes de l’Alsace, il est blessé grièvement le 23 Novembre 1944 à Rougegoutte. Il est cité à l’Ordre de l’Armée : “Commandant le 2ème escadron du 11ème Cuirassiers. Travaillant en soutien porté du 1et Escadron de Chars du 1er Régiment des Fusiliers Marins, a conduit ses hommes au combat avec un esprit remarquable du danger. Son escadron a eu une large part de 150 prisonniers faits par l’avant-garde au cours des combats qui se sont déroulés de Ronchamp à Massevaux. A été blessé le 22-11-44 à Rougegoutte”. Malgré son désir, il ne peut rejoindre avant plusieurs mois, et on le devine aisément bouillant d’impatience lorsqu’il apprend que son escadron subit le choc brutal de l’attaque allemande en Basse-Alsace. Mais malgré son éloignement, ses encouragements et ses recommandations, il rejoint enfin son escadron près de Besançon. De Pithiviers à Jargeau, il ne nous quitte plus, jusqu’au jour où un stupide accident nous l’enlève à la veille du départ tant désiré vers l’Allemagne.
***************
Aspirant Paul Durand dit “Paulo”
“Paulo” était officier de l’état-major du commandant militaire du Vercors de janvier à fin mai 1944.
Il sera tué le 17 janvier 1945 à Huttenheim, au Sud de Strasbourg, lors de la contre-attaque du Général allemand Wiese, commandant la XIXème armée, qui avait l’ambition d’offrir à Hitler la capitale de l’Alsace pour la nouvelle année.
Archives Yves Moine
Mise en terre provisoire de la dépouille de l’Aspirant Paul Durand dans la commune de Huttenheim. Entourant le cercueil de bois blanc, tout à côté et de gauche à droite de la photo se tiennent le Commandant Geyer la Thivollet, le curé du village et Pierre Durand son frère, Aspirant comme lui. Les deux frères étaient rattachés à l’état-major régimentaire. Inséparables, ils avaient été les compagnons de tous les instants de Geyer la Thivollet.
Archives Yves Moine.
***************
Jacques Bonneront dit “Grognard”
Lors des combats de Saint Dizier, “Grognard” sera tué sur le coup par un obus de mortier allemand qui tomba directement sur son trou, alors qu’encerclé, il épuisait ses dernières munitions. La veille, il venait d’avoir ses vingt ans.
Citation à l’ordre du régiment Mort au champ d’honneur du 2ème classe Jacques Bonneront
Au cours de l’attaque de Saint Dizier, le 16 juin 1944, a infligé de lourdes pertes à l’ennemi. Placé aux avant-postes et cerné par de nombreux grenadiers ennemis, s’est défendu avec acharnement, refusant de se replier. Est mort glorieusement sauvant par son sacrifice plusieurs de ses camarades.
***************
Simone Lapouge
Le samedi 2 septembre 1944, à Romans, nous remarquons l’arrivée au 2ème escadron, de deux jeunes filles, il s’agit de mesdemoiselles Simone Lapouge et Andrée Sécheny. Elles deviennent Cuirassiers à part entière, la première comme infirmière et la seconde en tant que secrétaire de l’Adjudant d’escadron François Herrenschmitt.
C’est le 4 octobre, au repos à Aymans, que nous retrouvons nos “Cuirassières”. Simone Lapouge profite de ce répit pour réparer les bricoles négligées en temps normal : blessures légères, furoncles, abcès …etc…etc….
Légende d’après le manuscrit de André Madeline dit “Calva”
Collection Simone Lapouge
Née le 23 août 1924 à Die, Simone Lapouge est entrée insensiblement en résistance. Au moment où les troupes allemandes menaient des combats de répression contre les patriotes français du Vercors, cette enfant du Diois travaillait à l’hôpital de Die dans le service de deux chirurgiens. C’est à ce moment là qu’elle fréquenta très souvent les maquisards du Vercors blessés ou malades qui venaient se faire soigner.
D’un dévouement exemplaire, d’une efficacité remarquable et d’une grande simplicité, Simone Lapouge est une fille de France patriote. Elle ne signera jamais aucun engagement, mais restera volontairement infirmière dans le 2ème escadron.
Commentaires Gérard Galland.
Collection Simone Lapouge
***************
François Herrenschmitt
Adjudant d’escadron, venant de l’artillerie, cet Alsacien père de six enfants s’est engagé à Lyon en septembre 1944 dans le 2ème escadron. Il était l’homme sur lequel le Capitaine Jury se reposait pour tout ce qui était l’administration de son escadron.
Après les hostilités, il devint l’Architecte en chef chargé de l’urbanisme de la ville de Strasbourg.
Cette photo a été prise à Lyon, lors d’un repas annuel des Anciens du 2ème escadron. Il était fier de porter le calot de son régiment.
Collection Bertrand Morel Journel.
***************
Jacques Brunel Dit “Jacquot”
Né le 26 juin 1924 à Charce, non loin de La Motte Chalancon dans la Drôme, Jacques Brunel était en faculté de lettres à Lyon lorsqu’il se décida à rejoindre le maquis du Vercors.
D’une famille protestante de Die, lui même très convaincu dans la foi huguenote, il était très strict sur la morale. Son père, garagiste à Die, était un grand patriote qui mis les véhicules de son garage au service du maquis.
Après son passage dans le camp C12, il poursuivit la lutte comme sous-officier dans les rangs du 2ème peloton du 2ème escadron du Capitaine Jury.
Etant donné la vocation à laquelle il se destinait, il devint l’adjoint du Capitaine aumônier protestant Daniel Adget.
Informations “Roby” Brunel.
Collection Jacques Brunel.
***************
Les deux frères romanais
Deux compagnons d’armes, des drômois de Romans, ont mis à la disposition de leur peloton leurs dons exceptionnels pour la cuisine. Dévoués et modestes, d’une bonne humeur permanente, ils sont vite devenus indispensables à leurs camarades. Ils étaient du 2ème peloton de l’escadron “Jury” du 11ème régiment de Cuirassiers reconstitué dans le Vercors. Henri est né à Romans le 30 juillet 1925, et Louis dit “Loulou”, le 10 janvier 1927 d’une famille de cultivateurs. Durant leur adolescence, ils ont participé activement aux travaux de la ferme familiale.
Henri Félix
Il a rejoint le régiment en mars 1945 à Pithiviers. Tout naturellement, il a demandé et obtenu d’intégrer le 2ème peloton de l’escadron Jury où se trouvait déjà son frère Louis
Cavalier de seconde classe, il a suivi l’instruction de l’arme blindée. Avec la 3ème D.B. de la 1ère Armée Française, son régiment fait partie des troupes d’occupation en Rhénanie tenant ses quartiers non loin de la ville de Trier (Trêve).
Revenu à la vie civile, sa femme et lui créent une entreprise d’horticulture, qui devait devenir florissante. A la retraite de Henri et de son épouse, celle-ci sera reprise par leurs deux fils qui, à force de travail, en feront l’une des plus importantes de la région.
Henri décédera le 15 juillet 2001.
Louis Félix dit “Loulou”
Engagé volontaire pour la durée de la guerre, le 26 août 1944 au moment de la libération de la ville, il participera aux derniers combats de sa commune avec le 11ème régiment de Cuirassiers reconstitué dans le maquis du Vercors en Juin 1944. C’est encore une unité des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.). Elle le restera jusqu’en fin octobre où elle sera intégrée dans la prestigieuse 1ère Division Française Libre (1ère D.F.L.).
Il a été nommé Brigadier à Pithiviers en Juin 1945. Le 4 juillet de la même année, avec Henri, il organisera un repas fameux pour le 2ème peloton au restaurant Billard.
Dans tous les combats, de Romans à Sélestat, il s’acquittera avec bravoure de toutes les missions qui lui seront confiées.
Il sera libéré en Rhénanie le 18 mai 1946 et entrera dans l’industrie de la chaussure où il fit carrière.
Légende Gérard Galland.
***************
La mort d’un Lyonnais tombé à l’ennemi. Jean Neel
Né en 1928, il n’avait que 16 ans lorsque la mort l’a fauché. Sur cette photo, il fait de la barque sur le lac de La Tête d’Or à Lyon, juste avant son engagement pour la durée de la guerre dans le 11ème régiment de Cuirassiers. Il sera le premier tué de l’escadron, mort pour la France, durant l’attaque à laquelle nous avons participé qui a été déclenchée le 19 novembre 1944 à partir de Ronchamp. Sa mort est intervenue juste après la ville de Champagney. Les circonstances de cette dernière font l’objet de deux interprétations bien différentes.
Premièrement, le capitaine de corvette Roger Barberot écrira dans son livre “A bras le coeur” édité chez Robert Laffont ce qui suit :
“Dans l’excitation générale du rassemblement des prisonniers, personne ne s’est rendu compte qu’un grand diable qui avançait les bras levés, tenait des grenades dégoupillées dans ses mains. Arrivé près de nous, il lâche ses grenades. Il est blessé mortellement, mais blesse aussi trois des nôtres.”
Dans ces trois camarades aurait figuré le cavalier de 2ème classe Jean Neel. C’est la version d’un de ses compagnons Lyonnais.
Deuxièmement, lorsque Jean Neel a dû sauter du char de reconnaissance pour intercepter les Allemands qui se rendaient et s’avancer sur la route, une grenade s’est dégoupillée dans sa musette et aurait explosé, le tuant sur le coup.
Tel est le témoignage d’un de ses camarades de combat qui se trouvait non loin de lui au moment des faits. Le Capitaine René Jury est venu constater par lui même les circonstances des événements ayant entraîné la mort du premier Cuirassier de son escadron.
Commentaires Gérard Galland.
Collection Marc Brossa.
***************
Jean Béolet alias “Ripaté”
Portrait de Jean Béolet lorsqu’il a intégré le maquis FTPF de la Drôme-Nord sous le pseudonyme “Ripaté”. Sa vie de combattant de l’ombre débuta en avril 1943, comme agent de liaison; il était âgé de quinze ans et demi.
Il est né le 11 juillet 1928 à Villeurbanne dans une famille d’artisan commerçant.
Après avoir servi dans le 159ème régiment d’infanterie alpine (RIA) où il participa aux campagnes de Maurienne, d’Alsace, d’Italie et d’Allemagne, il intégrera le llème régiment de Cuirassiers au village Trépot, près de Besançon, où surnommé “Jeannot”, il pilotera le “Crusader” du Lieutenant Hubert Audras, commandant du 1er peloton du 2ème escadron.
Légende et collection de Jean Béolet.
Les Premiers camarades FTPF de Jean Béolet
C’est avec des jeunes gens de 16 à 20 ans que la résistance française a pu exister. Sur cette photographie-souvenir, prise à l’époque au mépris du danger qu’elle pouvait représenter, figurent les premiers camarades de Jean Béolet. Ils faisaient partie du maquis de Saint Donat et Saint Avit. De gauche à droite en regardant la photo : Assis Jean Béolet alias “Ripaté”; le Corse “Jean-Marie”; un arménien “Clarck” et “Julot”. Jean Béolet ne se souvient pas de leur nom patronymique.
Légende et collection Jean Béolet.
***************
Lieutenant Hubert Audras
Né le 2 mai 1919 à Lyon, il est employé dans une agence de change dans cette ville en 1939.
Il fait partie des élèves de l’école de Cavalerie de Saumur qui pendant trois jours de combats acharnés arrêtèrent une division allemande sur la Loire (Cadets de Saumur). Sous Lieutenant dans le 1er régiment de chasseurs à cheval à Vienne jusqu’à l’envahissement de la zone libre et la dissolution de l’Armée d’Armistice, il décide immédiatement de rejoindre, avec quelques copains, un réseau de résistance dans l’A.S. En juin 1944, ses compagnons et lui reçoivent l’ordre de rejoindre le maquis du Vercors, où, à la fin des combats, ils reforment le 2ème escadron du 11ème régiment de Cuirassiers.
Le lieutenant Hubert Audras obtiendra plusieurs citations En occupation en Allemagne, après le décès du Capitaine René Jury, il fera fonction de Capitaine et commandera le 2ème escadron jusqu’à sa démobilisation en 1946. Le 2 mars 1964, il est mort chez sa soeur en Saône et Loire d’une grave maladie de foie à l’âge de 45 ans.
Commentaires Mme Denis Audras et Bertrand Morel Journel.
M.d.L. Michel Audras
Né le 2 avril 1920 à Lyon, en 1942 il était étudiant à Montauban lorsqu’il décide de rejoindre Lyon pour suivre son frère dans le maquis du Vercors.
Durant les combats du Vercors, il sera en permanence avec son frère Hubert. Par la suite, quand le 11ème Cuirassiers aura intégré l’Armée régulière, il fera partie du 1er peloton commandé par son frère.
C’est à Trépot, lorsque nous aurons été retirés des combats, qu’il sera cité à l’ordre du régiment pour sa conduite au feu dans les Vosges et en Alsace.
Il sera nommé Maréchal des Logis, chef de char dans le 1er peloton.
Comme Hubert son frère, il aura la joie de défiler dans les rues de Lyon le 19 juillet 1945, à bord de son “Crusader”.
Il est décédé le 9 juin 1969 à l’hôpital américain de Neuilly sur Seine à l’âge de 49 ans.
Commentaires Mme Denis Audras et Bertrand Morel Journel.
***************
Le MdL Georges Torchin dit (“O.F.I.”*) Matricule 225
Né le 28 août 1922 à Paris Xllème arrondissement, il rejoindra le maquis du Vercors le 23 mars 1943 dans le camp C3, pour rejoindre par la suite le C12 avec les rescapés de son camp d’origine, anéanti par les Nazis.
Les camps C12, C15 et C18 regroupés, deviendront à partir du mois de juillet 1944, le 2ème escadron du 11ème Cuirassiers dans lequel “O.F.I.”* poursuivra le combat jusqu’à la fin des hostilités. Il a terminé son engagement volontaire le 2 février 1946 en Allemagne avec le grade de Maréchal de Logis, après avoir tenu cette fonction pendant les combats, en entraînant derrière lui les soutiens-portés de chars de reconnaissance, puis comme chef de char lorsque le 11ème Cuirassiers aura perçu ses propres engins blindés.
Cité à l’ordre de la Brigade par ordre général n°264 du 12 juillet 1945, il est décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre 39 – 45. Il a participé à toutes les campagnes de France : Vercors -Vosges – Alsace et Allemagne. Dans le civil, il était à la B.N.P. dans un bureau se trouvant à la Viscose à Grenoble. C’était un homme de grand dévouement, courageux et apprécié de tous ses camarades.
*(“Office Français d’Information”).
Collection Christiane Torchin.
***************
Le MdL Antoine Louis Nal dit “Tonio”
Né le 2 novembre 1921 à Lyon VIème arrondissement. Du 19 mars au 23 octobre 1942, il fait une période aux chantiers de jeunesse. Par la suite, étant désigné pour partir en Allemagne pour le Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), il refuse et devient réfractaire en se réfugiant le 19 mars 1943 dans les Hautes Alpes.
Il rejoindra le maquis du Vercors le 6 juin 1944 et intégrera le camp C15. Il sera nommé Brigadier le 7 juillet 1944. Le 21 juillet, lors de l’attaque des SS sur Vassieux, il se comporta brillamment, ce qui lui vaudra une citation à l’ordre du régiment. Incorporé, dans le 2ème escadron, il participera à la libération de Romans et de Lyon, avant l’intégration du 11ème Cuirassiers dans la 1ère D.F.L. Lors de l’attaque de novembre 1944; pour la seconde fois, sa conduite au feu lui vaudra une nouvelle citation à l’ordre de la Division.
Il sera nommé MdL, chef de char, le 1er juin 1945 à Pithiviers. Il terminera son engagement en Allemagne le 5 février 1946. Il est décoré de la Croix de Guerre avec deux citations et de la Médaille Militaire. Très discret, toujours souriant, il a su attirer vers lui, l’amitié de ses camarades. Il est décédé le 4 février 1998 à Die dans la Drôme.
Collection et informations Christiane Nal.
***************
Madame JULLIEN Suzanne
Chevalier de la Légion d’Honneur, médaillée de la Résistance Française,
Croix du Combattant Volontaire (guerre 1939/1945)
Suzanne Sirot est née en 1910 dans un petit village de l’Indre, très tôt orpheline de guerre, son père a été tué en 1915, son frère aîné est mort en 1920 d’un accident et sa mère disparut en 1921. Alors âgée de 11 ans, elle fut séparée de son jeune frère. Pupille de la nation, elle habitat dans un premier temps avec ses grands-parents rigoristes dans une ferme isolée, puis elle est placée chez les sœurs. Elle a connu des moments difficiles qui ont contribués, sans nul doute, à forger son caractère volontaire.
Emancipée à l’âge de 18 ans, elle se maria très jeune. Trois enfants naîtrons de cette union. Quelques années plus tard, elle se sépara de son mari. Soutenue par son caractère énergique et quelques amies, elle prend des cours qui lui permettrons d’obtenir un certificat d’Infirmière.
Elle travaille chez LIP à Issoudun, puis à l’hôpital au moments des bombardements de l’offensive allemande de l’été 40 et enfin dans une garderie d’enfants de réfugiés et de prisonniers. Un jour, le Maire de la ville lui demanda de donner l’hospitalité à un couple. C’était des belges, l’homme était un commissaire de police et assurait la sécurité du cabinet Pierlot (gouvernement Belge) qui évacuait vers une destination inconnue.
A l’automne 1941, elle trouve un poste d’infirmière à l’hôpital de Romans. Sa fille l’avait accompagnée à Romans, mais les garçons étaient avec la famille de son mari . Au retour d’une visite auprès de ses garçons, lors d’un contrôle à Vierzon,, elle fut arrêtée et amenée dans un bureau de la gare où était installé la gestapo. Elle dut subir un interrogatoire sur son déplacement. On l’enferma dans une cellule.
La Croix Rouge entrepris des démarches pour la libérer. Elle était malade depuis une quinzaine de jours lorsqu’elle fut libérée. Un gendarme l’accompagna pour s’assurer qu’elle prenait bien la direction de Lyon.
Arrivée à Romans, elle reprit rapidement ses activités et ses contacts malgré la fatigue et l’épreuve qu’elle venait de passer. Depuis quelques temps, elle avait une amie infirmière. Cette dernière lui fit connaître “Loulou” Boucher qui lui demanda discrètement si elle accepterait d’entrer dans le groupe de Résistance qui venait de se constituer. Elle fit connaissance alors connaissance de ceux dont le nom reste attaché à ces début héroïques :
André Vincent-Beaume, le docteur Ganimède, René Piron, Octave Taravello, Albert Triboulet, Alex Blanchard, Gilbert Chapelle, Joseph Claudet, Victor Boiron, Jacques Samuel, c’est-à-dire les principaux acteurs de la Résistance de la région.
Elle commença par quelques missions qui lui permettaient de se familiariser avec les différents contacts et lieux. Grâce à sa mémoire, on lui confiait souvent des missions où il était préférable de ne pas noter les noms, les adresses et même les actions ou mots à transmettre. Elle allait donc d’un endroit à un autre et transmettait les ordres sans écrire un seul mot. Elle savait où se rendre et qui rencontrer.
Les mois passèrent, puis un jour, elle fut convoquée à Grenoble , chez un nommé Bellemain, alias Leblanc qui s’occupait du ravitaillement de la zone Nord. Il venait d’être très malade, et ne pouvait plus assurer cette fonction. C’est le Capitaine Costa de Beauregard qui l’a reçu et lui confia une mission permanente, le ravitaillement du Vercors.. Elle prit donc le relais. “Loulou” Boucher lui montra les itinéraires, les étapes, les lieux de rendez-vous sur le plateau. Après un bref binôme avec le Capitaine Vincent Beaume dit “Sambo”, elle se débrouille seule. Ci-joint un extrait de ses paroles notées dans le bulletin “Le Pionnier du Vercors” de juin 1992 dans témoignages “femmes dans la résistance” :
“Le matin à 7 heures, je quittais mon domicile à vélo, allant de ferme en ferme. Pour la région de Saint-Donat, tout était stocké à Marsaz, chez Paul Richard. Pour le secteur de Barbières, chez le commandant Perdu. Un camion d’Octave Taravello ramassait le tout deux fois par semaine et nous en montions sur le plateau du Vercors. Le jour où l’on ne disposait pas d’un chauffeur, c’est Octave Taravello lui-même ou bien son fils “Fonfon” qui m’accompagnait. Mme Ganimède est venue une ou deux fois à Tourtres pour une réunion.
Je ne livrais jamais nos chargements dans un camp, sans doute par précaution. On nous fixait un endroit déterminé et c’est là que les intéressés venaient prendre livraison de la marchandise. Ces points étaient à Saint-Nazaire-en-Royans chez M. Feroul, le charron. Chez M. Estassy à Saint-Eulalie-en-Royans. Puis Echevis, au café. Ensuite, Vassieux au café Allard. Aux Chabottes à Saint-Aignan chez M. Filet Marius (scierie), à Tourtres, chez les parents de “Loulou” Bouchier, à Saint-Martin-en-Vercors chez notre ami Alfred Roche. Enfin chez un boulanger à Méaudre, M. Martin Léon. Nous descendions parfois de notre périple à minuit. …/… Toute cette année 1943, s’est passée de cette façon, en plus de toutes les liaisons que l’on me donnait à faire.
Hélas, en décembre 1943, je fus victime d’une crise de myocardite, soignée par le Dr Viret et Mme Bouchet, infirmière et amie. Rétablie, l’altitude me fut interdite ainsi que les efforts trop violents.”
Elle se trouvait chez une amie, Madame Y. Bebillier qui était employée des Postes et la garda pendant un mois malgré les risques. Il faut savoir qu’elle ne pouvait plus avoir de domicile fixe compte tenu des risques encourus.
Rétablie, en février 1943, elle rentra dans le “réseau Hunter”. Elle reprit du service comme agent de liaison. Le travail consistait à se rendre fréquemment à Lyon, Grenoble et Romans et parfois d’autres villes. Cette activité demandait beaucoup de disponibilité et les risques étaient tout aussi grand que le ravitaillement. Il fallait partir par tous les temps, le courrier devait arriver impérativement malgré les difficultés physiques (distance et temps) et aussi les risques de mauvaises rencontres (patrouilles, barrages, milice, gestapo, etc…).
Malgré la nouvelle activité, elle continua à garder contact avec “Loulou” Bouchier et Vincent Beaume. Elle leurs rendait divers services.
Lorsque les Allemands attaquèrent le Vercors, les informations passaient mal. Elle participa à une réunion pour regrouper les informations et les interpréter. Les nouvelles étaient alarmantes et incertaines. Elle partit sur le plateau avec M. Taravello, François Jullien un ancien du C6 du groupe Hunter et une jeune femme à la recherche de son mari. C’est ainsi qu’elle fut témoin du massacre du Vercors. Elle raconte dans ses mémoires:
“Il faisait très chaud, c’était l’été et le soleil brillait de tout son éclat. Nous avions les fenêtres du camion ouvertes et une odeur désagréable commençait à pénétrer dans la cabine, l’angoisse nous saisie. Nous étions en vue du lieu-dit “la Mure”, l’odeur était de plus en plus forte, cela sentait mauvais, nous n’avions jamais senti ce relent insupportable. Nous aperçûmes des cadavres de bêtes, vaches, chevaux, chiens…/… “
“Quelques mètres plus loin, au bord du chemin qui monte à la ferme. Je pris instinctivement mon appareil photo. Mon Dieu, quel spectacle horrible! Des cadavres partout, le premier que nous avions vu, c’est le commandant Philippe, nous l’avons reconnu à sa plaque d’immatriculation qu’il avait au poignet car il était méconnaissable …/… ”
Des pendus sur les arbres: un garçon, encore jeune, peut-être 19 ans, un autre, un américain, la trentaine, ils étaient pendus par un système de balançoire les mains liées et un pied à la palissade. On les avait torturés et mutilés, les yeux étaient crevés, la langue arrachée au plus vieux et le plus jeune les dents cassées ou extraites…/… ”
“Je pris néanmoins des photos pour témoigner…/…”
“Avant d’arrivée dans le village, en contrebas, nous trouvâmes dans le champs le cadavre du Lieutenant Henri Grimaud que je connaissais bien ainsi que sa famille, le père travaillait comme concierge à l’abattoir de Romans, sans oublier ses beaux-parents M. et Mme Chapelle. Il avait fait partie du même escadron que mon frère. Il était monté au Vercors parce qu’il n’avait pas pu rejoindre son unité …”
“Nous avons prit vers le col du Rousset… A la sortie du village, dans un champ, des cadavres étaient étendus dans les herbes hautes. Nous avons pu identifier Georges Magnat et M. Allard le restaurateur de Vassieux. Nous restions là sans articuler une parole, pétrifiés par l’horreur et le souvenir de nos amis étendus ici…”
“Nous avons donc continué notre périple dramatique. En revenant sur nos pas, je m’arrêtais pour recouvrir le cadavre de Georges et des autres avec de la chaux, des branchages et des pierres. Au retour, nous rendîmes compte des événements à nos responsables… “
Elle se joignit à ses camarades du Vercors du 11 Cuirs qui étaient au Château de Mours.
Il y avait notamment Grange, Francois Jullien, son futur mari, Paul Adam son frère d’arme, “Loulou” Bouchier, Marin. Ce dernier appelé aussi “Pape” fut tué plus tard en Indochine. Les événements l’ont contraint de fuir avec ses camarades et trois canadiens, mais moins entraînée, elle dut les laisser partir et se réfugia chez un expert-comptable. Après avoir repris des forces, elle décida de repartir les rejoindre. Elle eut quelques difficultés avec les Italiens, et le lendemain, elle retrouva ses camarades. Elle dut attendre dans une ferme avec un groupe, puis vint l’ordre de rejoindre Romans libéré.
Elle participa à la visite de la délégation internationale conduite par le Colonel Arnaud et le Préfet Condor. Il y avait aussi le capitaine Jean Ruef, des américains, anglais, canadiens, russes et polonais.
Responsable de la maison de l’armée à Valence d’Octobre 1944 jusqu’au 22/10/1945, date de la fermeture de l’établissement. Cela consistait à servir et loger les troupes qui stationnaient à Valence en attente d’ordre. Elle mena à bien cette tâche avec d’autres personnes affectées à ce service. Elle était toujours membre de la DGER.
Puis elle quitta l’armée pour rejoindre son mari à Soulz en Allemagne. Puis elle le suivit en Indochine et déménagea au gré des mutations de son mari. Après avoir repris une activité à la Mairie de Montpellier, elle prit sa retraite à Agde (34) avant de se rapprocher de l’un de ses fils à Salon-de-Provence où elle décéda le 30/07/2008.
Elle fut membre des pionniers du Vercors. Elle était membre de l’amicale de la section de la Légion d’Honneur de Salon de Provence. Elle a été également un membre fidèle à l’amicale du 11 Cuirs dont elle n’a jamais manqué les réunions des Assemblées Générales pour revoir ses compagnons d’arme.
Galerie photos Suzanne Jullien
(Cliquez sur les images pour les agrandir…)
***************
Le 29 juillet 2004
Ecole Nationale des sous-officiers d’active de Saint Maixent
Remise de la Médaille Militaire à monsieur Gérard Galland.
C’est au cours du baptême de la 233ème promotion d’élèves sous-officiers (21% de femme) baptisée “FRANCE 1944 – PROVENCE” que le Général Jean-Claude Godart, commandant de l’école, remet la Médaille Militaire à Gérard Galland au titre de sa participation aux combats pour la libération de la France.
***************
Hommage à Charles Francois
Né à PONT EN ROYANS le 3 novembre 1921, où il vécu jusqu’en 1929 où sa famille vient s’installer à ROMANS.
Le 17 mars 1942 il entre aux Chantiers de Jeunesse jusqu’au 10 octobre 1942.
Le 10 mars 1943, il se met volontairement au service de la nation d’abord ROCHECHINARD, puis le VERCORS au sein du C6 (dans lequel ils sont ravitaillés par Suzanne chaque semaine avec un camion de l’entreprise TARAVELLO ou un camion du Ministère du Travail conduit par Roger FAUROT).
Septembre 1943, l’Italie rompt avec l’Allemagne, et un groupe d’italiens tentant de rejoindre l’Italie est autorisé à coucher dans la grange de la ferme à JOSSAUD. Les maquisards du C6 dont Charles faisait parti tentent courageusement de leur subtiliser les armements, mais les italiens réagissent vigoureusement ; deux morts au sein et une dizaine de blessés au sein du C6 et la ferme entièrement détruite par le feu.
Son groupe se rabat alors sur le GRAND MUSAU où ils reçoivent l’ordre de rallier MONESTIER DE CLERMONT. Malheureusement les allemands sont au Col du ROUSSET, ce qui les oblige à rejoindre le C8 installé à la ferme du PIARROU.
C’est ainsi que naît le C11 par la fusion du C6 et du C8.
Pour sa part Charles rejoint le CORPS FRANC à SAINT JEAN EN ROYANS sous les ordres du lieutenant BERTHET dans les rangs duquel il participe à de nombreux coups de mains sur les cantonnements des Chantiers de Jeunesse afin de récupérer vivres et vêtements dont les maquisards ont grand besoin.
Août 1944, le 11ème régiment de CUIRASSIERS après les épreuves du VERCORS libère la cité de ROMANS .
Le CORPS FRANC de SAINT JEAN EN ROYANS constituant pour le 11ème CUIRASSIERS un détachement important, bien entrainé et doté d’armements alliés. Toujours sous les ordres du Lieutenant BERTHET, ils prennent position le long de la Bourne, pour faire face aux blindés allemands. Le groupe oppose une résistance forcenée mais 6 d’entre eux trouvent la mort aux côtés du Lieutenant BERTHET. Les allemands quittent définitivement le pays.
Il rejoint SAINT JEAN EN ROYANS avec le corps franc, puis intègre le 11ème REGIMENT DE CUIRASSIERS lui-même intégré à la 1ère DFL.
Il remonte alors la Vallée du Rhône, où il est de tous les combats.
A BELFORT, il faut remplacer les tirailleurs sénégalais inaptes à supporter les rigueurs de l’hiver ce qui l’amène à intégrer le BM 24 de la 1ère DIVISION MOTORISEE D’INFANTERIE DE LA 1ère DFL.
Puis en janvier 1945 le BM24 est investi d’une mission de sacrifice empêcher coûte que coûte les allemands de reprendre STRASBOURG.
En position à OBENHEIM à une quinzaine de kilomètres de STRASBOURG son rocket-gun étant hors d’usage, il attaque un char allemand à la grenade. L’allemand ordonne de se rendre. Son chef de bataillon, capturé par l’ennemi, donne l’ordre de cesser le feu.
La mission est accomplie STRASBOURG n’a pas été reprise par les allemands.
Il est capturé et est acheminé vers le stalag XIII II de NUREMBERG. Lors du déplacement du camp, l’aviation américaine attaque le train et il s’évade le 26 avril 1945 avec quatre de ses compagnons.
Il rejoint STRASBOURG où il retrouve ce qui reste du BM24 et est démobilisé le 01 juillet 1945 du 2ème RIC où il avait été affecté.
Il recevra successivement entre autres, les distinctions suivantes :
-MEDAILLE MILITAIRE
-CROIX DU COMBATTANT VOLONTAIRE 39/45 AVEC 2 CITATIONS
-CROIX DE GUERRE
-LEGION D’HONNEUR
Louis Bouchier
Sous-lieutenant – OA – dit “Loulou”
État-civil :
Né le 12 février 1921 à Saint-Martin-en-Vercors (Drôme)
Décédé le 15 décembre 1990
Marié, trois enfants
Carrière militaire :
Engagé volontaire, sert à Porte Puymorens puis à Cambrai.
Résistance – Libération :
En 1943, il entre en Résistance.
Il est chef du groupe franc de Romans. Il mène de nombreuses actions de sabotage dans les usines et sur les voies de communication.
Après le bouclage du Vercors, nommé sous lieutenant au 11ème cuirassiers, il se distingue aux combats de Saint-Nizier et de Corrençon.
Il prend alors le commandement des éléments dispersés de la compagnie du capitaine Jean Prévost (Goderville), tué à l’ennemi, et participe à la libération de Romans du 22 au 27 août 1944.
Carrière après guerre :
Poursuit sa carrière militaire à Orange au 11ème cuirassiers, puis comme instructeur à Saint-Cyr pendant cinq ans : puis à Constance comme chef d’état major de la 13ème brigade blindée.
Il participe à la guerre d’Algérie (deux séjours à Cavallo puis Médéa).
En 1971, il prend sa retraite avec le grade de colonel.
Il devient président de l’ANPCW jusqu’à sa mort.
Distinctions :
Commandeur de la Légion d’honneur
Croix de guerre 1939-45 (quatre citations dont deux à l’ordre de l’armée)
Croix de la valeur militaire
Médaille de la Résistance
***************
LISTE DES PLAQUES COMMEMORATIVES DE LA LIBERATION DE ROMANS
EMPLACEMENTS | TEXTE DE LA PLAQUE | ETAT CIVIL ET DOMICILE |
AVENUE DES ALLOBROGES | “Ici le 27 Août 1944 Simone ABBAT, Secrétaire Régionale du F.T.P.F. a été lâchement abattue par les “Allemands” | Née le 02.11.1915 à Valence – Domiciliée à Valence |
AVENUE DES ALLOBROGES | “Ici le 27 Août 1944 sont morts pour la France” Pierre ROCHAS Benjamin BENBASSAT |
Sans indication |
PLACE JEAN-JAURES (angle Rue de la République) Lien |
“Ici le 22 Août 1944 sont tombés pour la Libération de Romans” | |
René B0ISSE | F.F.I. – Né le 16.02.1908 à Lemps (Isère) Domicilié à Montélimar – Mort à l’Hôpital le 22 Août | |
Georges DURAND | Lieutenant F.F.I. – Né le 21.02.1914 à Saint-Gilles (Gard) Domicilié à Avignon – Mort Cours Bonnevaux le 27 Août | |
Joseph FERVEUR | Expulsé Lorrain – F.F.I. – Né le 13.04.1918 à Metz (Moselle) Domicilié 3, Rue Bistour – Mort à l’Hôpital le 22 Août | |
Louis FLACHET | F.F.I. – Né le 22.12.1899 à Lens-Lestang Domicilié à Romans – Mort Place Jean-Jaurès le 22 Août | |
Jean FRANCON | F.F.I. – Né le 20.01.1914 à Saint-Etienne (Loire) Domicilié à Bourg de Péage – Mort Place Jean-Jaurès le 27 Août | |
Américo MOREAL | F.F.I. – Né le 08.07.1912 à Varma (Italie) Mort Rue Guilhaume le 23 Août | |
AVENUE THIERS (angle Rue de Delay) | “Ici en Juillet-Août 1944 sont tombés pour la Libération de Romans” | |
Jean-Pierre dit VALAYER | F.F.I. – Né le 29.07.1923 au Teil (Ardèche) Domicilié Quartier Laprat à Valence – Mort le 20 Juillet | |
Richard PIETRZINSKI | F.F.I. – Né le 17.07.1923 à Plognavic (Pologne) Domicilié Quartier Petite Martinette – Mort le 20 Juillet | |
René GAINET | Chef de Bataillon en retraite – Commandant Vaillant Né le 31.01.1888 à Paris – Domicilié à Cessieu (Isère) Mort Avenue Thiers le 28 Août | |
SAMBADO | Mort Avenue Thiers le 24 Août (Tirailleur Sénégalais) | |
RUE PAILHEREY (angle Boulevard Gambetta) Lien |
“Ici le 27 Août 1944 est tombé pour la Libération de Romans” | |
Albert TREB0SC | Né le 13.08.1900 à Rodez (Aveyron) Domicilié Rue de la Banque – Mort Rue Pailherey le 27 Août | |
RUE PAVIGNE “Le Bételgeuse” | “Ici le 27 Août 1944 est tombé pour la Libération de Romans” | |
Alfred SANGLIER | F.F.I. – Né le 30.04.1912 à Romans Domicilié Rue Pavigne – Mort Rue Pavigne le 27 Août | |
RUE GRIMAUD (angle Boulevard de la Libération) Lien |
“Ici le 22 Août 1944 sont tombés pour la Libération de Romans” | |
Marcel GAUDRY | Expulsé Lorrain – F.F.I. – Né le 02.06.1920 à Gondrexange (Moselle] Domicilié 5, Rue Saint-Vallier – Mort à l’Hôpital le 25 Août | |
Jean GEORGES | Lieutenant F.F.I. – Né le 19.10.1909 à Thiaucourt (Meurthe et Moselle] Domicilié 13, Rue Pavigne – Mort Jardin Martin le 22 Août | |
René LYSSANDRE | Lieutenant au l1e Cuirassiers – Né le 25.07.1913 à Morez (Jura) Domicilié à Lyon – Mort à l’Hôpital le 22 Août | |
RUE SIMONE ABBAT (angle Route de Tain) | “Ici le 22 Août 1944 sont tombés pour la Libération de Romans” | |
Claudius BOEUF | F.F.I. – Né le 07.02.1906 à Crémieu (Isère) Domicilié à Neyron (Ain) – Mort Route de Tain le 23 Août | |
Gaston LAPASSAT | F.F.I. – Né le 23.11.1918 à Alixan Domicilié Quartier Meilleux – Mort à l’Hôpital le 31 Août | |
Hubert MARTIN | F.F.I. – Né le 30.11.1921 à Romans Domicilié Rue Clérieux – Mort Pont de Vernaison le 27 Août | |
André PLEBIN | F.F.I. – Né le 12.11.1916 à la Salle en Beaumont (Isère) Domicilié à Lans (Isère) – Mort Route de Tain le 23 Août | |
HOPITAL | “Ici en Août 1944 sont morts pour la Libération de Romans” | |
Maurice GUILHERMON | F.F.I. – Né le 12.02.1926 à Romans Domicilié Rue Faubourg à Clérieux – Mort à l’Hôpital le 28 Août | |
Léon-Fernand MONIER | 1er Régiment F.F.I. – Né le 08.10.1920 à Valréas (Vaucluse) Domicilié à Vizan – Mort à l’Hôpital le 21 Septembre | |
André TOUCHE | 11e Cuirassier – Né le 17.04.1925 à Livet et Gavet (Isère) Domicilié à Jarrie (Isère) – Mort â l’Hôpital le 31 Août | |
Willy SIMONS | Né le 15.09.1924 à Cologne (Allemagne) Mort à l’Hôpital le 15 Septembre | |
AVENUE THIERS | “Sur cette avenue, le 22 Août 1944 se sont regroupées les formations F.F.I. pour la Libération de Romans” | – |