Remise de la Croix de Guerre à l’Etendard du 11e Cuirassiers
Mes chers amis, Faut-il vous dire que si, au cours de mes multiples tournées d’inspection, je m’efforce d’être d’une impartialité absolue, mon coeur a pourtant ses faiblesses. Et ces faiblesses vous les devinez, sont pour les anciens régiments de ma Première Armée.
A ce titre, le 11e CUIRASSIERS m’est doublement cher. D’abord parce qu’il perpétue le souvenir de la cohorte magnifique que j’eus l’immense honneur de mener à la victoire. Ensuite parce qu’il est l’un des représentants les plus authentiques de ces maquis qui rallièrent en masse l’armée venue d’Outre Mer et lui apportèrent la fraîcheur et la générosité de leur enthousiasme en même temps que la pureté de leur mystique.
Reformé dans la clandestinité par le Commandant THIVOLLET, votre régiment est entré de plain-pied dans l’histoire par une épopée glorieuse entre toutes, celle du VERCORS. Le VERCORS, nom qui symbolise à jamais la volonté de la FRANCE de ne pas subir la défaite et le sursaut héroïque de son peuple pour retrouver la liberté.
Il était juste qu’un tel fait d’armes fut magnifié et récompensé par la Croix de guerre avec palme que je viens d’épingler sur votre étendard : l’étendard du régiment VERCORS.
Mais ce ne sont pas là ses seules lettres de noblesse. Regroupé dans l’ombre après cette lutte épique, le 11e CUIRASSIERS attend pour réapparaître en scène, l’heure de la Libération. Elle sonne le 15 août 1944 avec le débarquement des Alliés sur les côtes de Provence. Descendant de la montagne, les escadrons du Commandant THIVOLLET se ruent sur ROMANS, enlèvent la ville de haute lutte aux grenadiers de la IIe Panzer, puis entrent à LYON où ils retrouvent les divisions de la 1ere Armée Française venues par l’autre rive du Rhône. Entre elle et eux le pacte est aussitôt conclu qui va permettre au 11e CUIRASSIERS d’ajouter une nouvelle page de gloire à son livre d’or. Amalgamé aux Coloniaux et aux Légionnaires de la Division BROSSET, il se bat durement durant tout l’hiver 1944-45 dans la trouée de BELFORT, dans les VOSGES et en ALSACE enfin, où il arrête sur l’ILL l’ultime coup de boutoir de la Wehrmacht qui tente de nous reprendre STRASBOURG.
Ramenés à l’arrière pour prendre un repos bien mérité après sept mois de combats incessants, les escadrons THIVOLLET entreront alors dans la composition de la IIIe D.B. Grande unité uniquement formée de F.F.I, qui participera à l’occupation de l’Allemagne.
Fier passé dont vous avez le droit de concevoir le plus légitime orgueil comme le devoir de rester digne des grandes leçons qu’il comporte.
Leçon de volonté et d’énergie en premier lieu. De cette volonté et de cette énergie qui permirent à nos maquisards, voici quatre ans, de tenir tête à l’oppresseur avec un armement et un équipement dérisoire et à un contre cent, puis d’affronter avec les mêmes pauvres moyens, la bataille rangée où ils se révélèrent égaux aux meilleurs.
Leçon d’union aussi. Cette union dont la 1ere Armée Française a donné un exemple unique en fondant dans le même creuset et au souffle de la même foi des hommes venus de tous les horizons.
Oui, grandes leçons, bien propres à exalter vos âmes et à les porter vers l’effort permanent et chaque jour plus vigoureux qu’exigent le redressement de notre pays et la mise en condition de son armée.
Jeunes du 11e CUIRASSIERS, souvenez-vous de vos anciens et puisez dans leur exemple ces deux vertus qui doivent rester votre loi :
La fidélité du devoir et l’amour de la patrie
Général de LATTRE de TASSIGNY