N.D.L.R. : De nombreuses informations ont été recueillies dans ” Histoire de la Résistance en VERCORS ” par Paul DREYFUS.
Edition ARTHAUD et dans le fonds ZIEGLER au SHAT.
SOMMAIRE
I – SITUATION INITIALE
II – ETUDE DU PLAN MONTAGNARD JUIN 43- MAI 44
III – ORGANISATION DU COMMANDEMENT
IV – ORDRES DONNES A ALGER – 23 Mai – 2 JUIN 44
V – CHRONOLOGIE DES COMBATS – 5 JUIN – 23 JUILLET 44
VI – CONCLUSION
Fiche 1 – Visite de CHAVANT à ALGER le 29 Mai 1944
Fiche 2 – Exploitation à LONDRES de la fiche établie par CONSTANS
Fiche 3 – Compte rendu concernant le VERCORS en date du 22 Juin 1944
Fiche 4 – Appui aérien au profit du VERCORS.
Fiche concernant le fonctionnement des commandements français et alliés du VERCORS
I – SITUATION INITIALE
Le VERCORS a été initialement une zone de refuge pour les réfractaires et pour les résistants. Un premier camp est signale en Décembre 1942. A cette époque les personnels ont un armement disparate et travaillent au forestage.
Mais le S.T.O. imposé à partir de Février 1943 a entrainé ” la montée au maquis ” de nombreux réfractaires et en Avril 1943, la Capitaine LE RAY dénombrait déjà 350 maquisards répartis en 10 camps et très peu armés. Il rencontrait d’ailleurs des difficultés pour faire accepter par ces jeunes, une certaine discipline et une instruction militaire. Il a fallu beaucoup de diplomatie pour que les officiers et sous-officiers, recrutes par LE RAY, ” prennent leur place dans le dispositif, se fassent adopter puis obéir”.
Au même moment, un passionné de montagne Pierre DALLOZ avec quelques camarades montagnards comme lui, étudie l’emploi militaire possible du VERCORS, forteresse naturelle, qui commande des lignes de communication importantes.
Il en fait part à Yves FARGE, journaliste au “Progrés” de LYON, qui en parle à Jean MOULIN, qui est intéressé. FARGE revoit DALLOZ et le commandant POURCHIER, ancien directeur de l’Ecole de Haute Montagne de CHAMONIX. FARGE et DALLOZ rencontrent le Général DELESTRAINT et son adjoint le Général DESMAZES le 10 Février 1943 a BOURG en BRESSE . DALLOZ expose un plan, DELESTRAINT baptise ce plan “MONTAGNARD” et l’emporte pour le montrer au Général de GAULLE à LONDRES où il arrivera le 15 Février.
Fin Février DALLOZ reçoit par message personnel de la B.B.C.,” Les montagnards doivent continuer à gravir les cimes”, l’accord de la France Libre pour le plan MONTAGNARD .
Il – ETUDE DU PLAN MONTAGNARD -Juin 1943- Mai 1944
Pour mettre au point son plan, DALLOZ fait appel au Capitaine LE RAY.
Rentré de LONDRES à la mi-Mars, DELESTRAINT se rend début Avril à GRENOBLE puis dans le VERCORS où il étudie avec FARGE, POURCHIER, LE RAY, DALLOZ, le dispositif militaire envisagé.
D’après DALLOZ, deux partis ont été envisagés :
Début de citation :
“1/ Le parti le plus simple consisterait a se servir du VERCORS comme d’un centre de perturbation, d’un repaire de corps francs, d’où pourraient être lancés, le moment venu, des raids vers les voies ferrées, les routes, les ponts, les installations et lignes électriques, les régions industrielles de la périphérie…
2/ Un projet plus ambitieux consisterait :
– à effectuer tout d’abord neufs destructions de route ( mentionnées, précédemment, dans l’étude de DALLOZ)
– à faire tenir pendant quelques temps les défenses extérieures du VERCORS par les groupes de combat qui y sont actuellement réunis.
– à opérer à l’abri de ce rideau, une massive opération de parachutage d’effectifs et de matériel. Des points de ralliement ont été prévus ainsi que des guides.
Bref il s’agirait de créer, sur les arrières de l’ennemi, un important morceau de France libre d’où pourraient être lancés :
– des raids de perturbation,
– l’appel au soulèvement national,
– enfin, et surtout, des opérations de plus grande envergure”
Fin de citation.
FRANCE : DELESTRAINT est arrêté en Juin, mais la Résistance au VERCORS continue, les réfractaires s’y transforment en combattants, l’armement est encore très insuffisant.
Quelques imprudences attirent l’attention des Italiens qui procèdent à des arrestations dont Aimé PUPIN, premier chef civil du VERCORS.
LE RAY reprend la liaison à PARIS, puis à LYON, avec comme chef civil du VERCORS, Eugène CHAVANT qui succède à PUPIN.
En Septembre 1943, par suite de la relève de l’Armée Italienne, la Wehrmacht, prend le contrôle des ALPES, mais ne se hasarde pas beaucoup dans le VERCORS.
Le 13 Novembre un parachutage important est effectué au VERCORS.Devant les critiques faites sur les conditions de réception de ce parachutage, LE RAY démissionne et est remplacé par le Lieutenant GEYER (pseudo THIVOLLET) nouveau venu dans le VERCORS.
LE RAY sera nommé plus tard, chef militaire de l’ISERE.
ALGER : Le 24 Novembre DALLOZ arrive à ALGER et présente son plan MONTAGNARD :
– à PASSY – Chef du B.C.R.A.
– à BILLOTTE – Directeur du Comité d’Etudes de Défense Nationale
– à SOUSTELLE – Nouveau directeur général des services spéciaux et secrétaire général du Comité d’Action en France dont le président est le Général de GAULLE.
LONDRES : 6 Janvier 1944, une mission interalliée “UNION” est parachutée pour le VERCORS. Chef THACKTWAIT (pseudo Procureur).
31 Janvier, DALLOZ arrive à LONDRES et présente son plan MONTAGNARD au B.C.R.A. et en particulier à FOURCAUD (pseudo SPHERE).
6 Février, FOURCAUD parachuté, rejoint au VERCORS la mission UNION.
FRANCE : Les Allemands harcèlent le VERCORS, les 18,22,29 Janvier, le 3 Février, les 9 et 18 Mars, causant des pertes aux résistants.
Pendant ce temps, le plan MONTAGNARD est critiqué, face à FOURCAUD, par :
– CHAMBONNET Chef régional F.F.I.
– DESCOUR Chef d’E.M. F.F.I. (et chef O.R.A.)
– BOURGES MAUNOURY Délégué Militaire National zone Sud
– THACKTWAIT Chef Mission UNION.
Finalement le 3 Mai THACKTWAIT rend compte a LONDRES que pour MONTAGNARD, il est nécessaire de parachuter au minimum sur le plateau, l’état major d’un bataillon de parachutistes avec une compagnie d’armes lourdes.
Résumé du plan MONTAGNARD :
Elaboré par Tanant, Dalloz, J Prévost il tient en six points :
1. Le Vercors doit rester exclusivement sur le plan militaire national.
2. Il sera organisé en vue d’opérations précises.
3. Il ne devra intervenir qu’à un moment fixé à l’avance.
4. Ses missions : surveillance des vallées, attaque des troupes sur les grands itinéraires (Vallée du Rhône-Route des Alpes-Col de la Croix haute-Route Napoléon-Vallée de l’Isère). Il devra si possible prendre à revers le dispositif allemand.
5. Des effectifs importants pourront être disséminés, instruits, encadrés sur le plateau.
6. Des terrains seront aménagés pour recevoir des parachutages et surtout, le jour J des forces aéroportées.
La carte jouée sera celle de la surprise.
Il s’agira non de braver l’ennemi en possession de tous ses moyens, mais de le désorganiser, non de s’incruster et de tenir, mais de pousser dans tous les sens.
En février 1943, la force secteur 8 est reconnue par les Alliés en élément d’appoint à utiliser à discrétion selon leurs propres besoins (message de Londres du 25-2-1943 qui entérine l’accord de plan d’utilisation du Vercors).
L’estimation militaire faite par le Général Le Ray est :
peut tenir cinq jours face à un ennemi très supérieur en moyens.
Effectifs : 450 éclaireurs sur le terrain – 7 500 hommes mobilisables.
Armements : 5 canons antichar – 15 mortiers – 750 fusils mitrailleurs – 795 pistolets mitrailleurs – 6360 pistolets ou fusils.
Munitions : 10 fois le poids des armes + 2 tonnes de dynamite.
III – ORGANISATION DU COMMANDEMENT
PARIS – Le Colonel ZELLER est désigné par le COMAC comme coordinateur entre les régions R 1 et R 2.
LONDRES – KOENIG est nommé Délégué Militaire pour le théâtre d’opération NORD, auprès du Général EISENHOWER.
28 MARS – COCHET est nommé Délégué Militaire pour le théâtre d’opération SUD, auprès du Général WILSON.
– KOENIG précise que sa zone de responsabilité inclut le VERCORS en totalité.
ALGER et que la zone de responsabilité de COCHET ne concerne que les régions R 2 et R3.
– En attendant que COCHET exerce ses responsabilités, en principe à partir du 1er Août, l’activité des F.F.I. en particulier dans le VERCORS est suivie à ALGER par la Direction des Services Spéciaux (SOUSTELLE et Colonel CONSTANS)
en liaison avec le S.P.O.C. (Centre d’opérations interallié des projets spéciaux).
IV – ORDRES DONNES A ALGER
ALGER 23 Mai – Las d’attendre confirmation des ordres concernant le VERCORS, CHAVANT, chef civil du VERCORS arrive à ALGER. Il est reçu par CONSTANS (voir fiche n°1)
FRANCE 3 Juin – CHAVANT rentre en FRANCE muni d’un ordre écrit, signé SOUSTELLE, pour le VERCORS, prescrivant d’appliquer le plan MONTAGNARD dès réception d’un message passé à la B.B.C..
5 Juin – DESCOUR reçoit l’ordre apporté par CHAVANT et entends en même temps le message. Il donne l’ordre à HUET d’exécuter le plan MONTAGNARD.
V – CHRONOLOGIE DES COMBATS 5 JUIN – 23 JUILLET
LONDRES – Le 5 Juin, la B.B.C. passe tous les messages d’exécution concernant tous les plans régionaux F.F.I. et en particulier celui concernant le plan MONTAGNARD, KOENIG et même le Général de GAULLE étant pratiquement mis devant le fait accompli.
5 Juin – DALLOZ est convoqué par l’EM KOENIG au sujet du plan MONTAGNARD, perdu de vue (?)
7 Juin – DALLOZ présente le plan à BETHOUARD
8 Juin – DEJEUNE reçoit d’ALGER le compte rendu de CONSTANS (voir fiche n°2)
10 Juin – KOENIG télégraphie :”FREINEZ AU MAXIMUM ACTIVITE DE GUERILLA”…etc..
16 Juin – LEJEUNE met ZIEGLER, chef d’Etat-major de KOENIG au courant de la situation du VERCORS.
FRANCE HUET a été nommé chef du VERCORS, COSTA de BEAUREGARD Secteur NORD,GEYER Secteur SUD.
Les interlocuteurs du VERCORS sont :
à ALGER le Lieutenant Colonel CONSTANS et à LONDRES le Commandant LEJEUNE.
10 Juin – HUET recevait le message “Freinez”, il répond “trop tard”.
13 Juin – 1ère attaque allemande – Repli allemand
13 – 14 Juin – Parachutages d’armes venant d’Italie et de Grande Bretagne.
15 Juin – 2ème attaque allemande – Occupation de SAINT NIZIER
22 Juin – 3ème attaque allemande sur C0MBOVIN
ALGER 22 Juin – Compte rendu de SOUSTELLE sur le VERCORS (voir fiche n°3)
FRANCE 23 Juin -VERCORS demande sans succès, attaque aérienne sur CHABEUIL.
24 Juin – 4ème attaque allemande repoussée.
25 Juin – Parachutage massif de jour – 36 forteresses volantes.
28 – 29 Juin – Parachutage Mission Eucalyptus – CONUS plus 2X15 américains.
6 – 7 Juillet – Parachutage Mission Paquebot – TOURNISSA pour établissement piste d’atterrissage DAKOTA (voir fiche n° 4)
ITALIE 12 – 13 Juillet – COCHET se rend a CASERTE au P.C. du Commandement des Forces Aériennes en Méditerranée (MAAF)
FRANCE 14 Juillet – Parachutage massif de jour – 72 forteresses volantes L’aviation allemande mitraille le parachutage.
LONDRES 15 Juillet – KOENIG rappelle à COCHET que tous ordres acheminés vers le VERCORS doivent émaner du Général KOENIG.
21 Juillet – Attaque générale allemande, combinée avec poser de planeurs et appui aérien.
ALGER 21 Juillet – COCHET demande un appui aérien au Commandement allié à NAPLES, sans résultat. (voir fiche n° 4)
Le décrochage d’une unité F.F.I. de la DROME ouvre la route du col du ROUSSET aux Allemands.2
3 Juillet – Ordre de dispersion donné par HUET, que rejoint DESCOUR – Télégrammes de HUET à KOENIG et de CHAVANT à ALGER.
CONCLUSION
L’échec du VERCORS a plusieurs causes :
1°/ Le commandement allié a déclenché prématurément le plan MONTAGNARD en passant le 5 Juin à la B.B.C. le message qui le concernait.
2°/ La mission, confirmée au VERCORS par ALGER, avait un caractère statique, elle ne pouvait être remplie qu’avec des moyens supplémentaires importants: parachutistes, armes a tir courbe, appui aérien feu.Les moyens promis n’ont pas été accordés.
3°/ Mauvaise coordination entre les commandements français de LONDRES et ALGER. Le contre ordre KOENIG (“Freinez”) est arrivé trop tard.
Néanmoins le VERCORS a immobilisé dans le SUD-EST des effectifs importants et de qualité.
FICHE N° 1
Visite de CHAVANT, chef civil du VERCORS, à ALGER le 29 Mai 1944
CHAVANT (pseudo CLEMENT) est reçu par le Lt Colonel CONSTANS chef du Service Action à la Direction Technique de la DGSS.
CONSTANS rend compte de cette entrevue par une Note sur l’Action Militaire dans le VERCORS (5 pages dactylographiées) où il indique :I/ la mission telle qu’elle a été définie par le Général DELESTRAÏNT en 1943,II/ les questions posées par CHAVANT,III/ la concordance des demandes de CHAVANT avec celles de la mission SPHERE UNION envoyée de LONDRES,IV/ la suite donnée par le Service Action aux demandes de CLEMENT
I. LA MISSION
FAIRE DU VERCORS UN DES BASTIONS DE LA RESISTANCE SUSCEPTIBLE DE :A/ RECUEILLIR AU JOUR J DES SEDENTAIRES DES AGGLOMERATIONS DES ENVIRONSB/ SERVIR DE BASE DE PARACHUTAGE ET D’OPERATIONS POUR LES TROUPES AEROPORTEES.
Pour ce faire, devait être réalisé un plan de défense comprenant :a/ la mise sur pied d’unités armées,b/ un réseau de destruction des voies de communications destiné à isoler la région du VERCORS,c/ la reconnaissance et l’aménagement de terrains de parachutage et si possible d’atterrissage pour troupe aéroportées.
II. QUESTIONS POSÉES PAR CHAVANT
PRIMO : LA MISSION DEFINIE PAR LE GENERAL DELESTRAINT RESTE-T-ELLE VALABLE ?
SECUNDO : SI OUI CLEMENT demande que :a) ALGER désigne un Chef Militaire capable, local ou venu de l’extérieur.b) les armes nécessaires pour 8 Compagnies légères et lourdes doivent être envoyées d’urgence.c) un secours financier soit accordé.d) QU’UN MESSAGE RADIO DECLENCHE LE DISPOSITIF DE VERROUILLAGE DU VERCORS.
III. CONCORDANCE AVEC LES DEMANDES DE LA MISSION SPHERE
Les chiffres et le dispositif indiqués par CHAVANT correspondent à ceux fournis par la mission SPHERE et semblent constituer un élément d’un plan d’ensemble, englobant notamment les départements de SAVOIE, de la DROME et de l’ISERE.
IV. SUITE DONNEE PAR LE SERVICE ACTION AUX DEMANDES DE CHAVANT
a) Télégramme officiel au D.M.R. de R 1 demandant d’entériner la nomination de HUET comme chef militaire provisoire du VERCORS – Copie à LONDRES.
b) Envoi de l’armement de 4 Compagnies pour la présente lune, d’accord avec les Alliés.
c) une somme de 1 million de francs sera remise à CHAVANT.
d) LE MESSAGE RADIO DESTINE A DECLENCHER LE VERROUILLAGE DU VERCORS SERA LE MEME QUE CELUI FIXANT LA MISE EN ALERTE DE LA REGION R 1.
e) Remise à CHAVANT d’un ordre prescrivant DE CONTINUER LA MISSION FIXEE PAR LES DIRECTIVES DU GENERAL DELESTRAINT…
f) envoi de LONDRES d’une mission interalliée pour remplacer la mission SPHERE-UNION…
REMARQUES
Après avoir rédigé et signé cette NOTE, CONSTANS :
– remet à CHAVANT le document suivant signé “pour le Général de GAULLE ” le secrétaire général du Comité d’Action en France : J- SOUSTELLE.
DECISION – LES DIRECTIVES. DONNEES EN 1943 PAR VIDAL (DELESTRAINT) POUR L’ORGANISATION DU VERCORS DEMEURENT VALABLES. LEUR EXECUTION SERA POURSUIVIE DANS LE CADRE DE LA HIERARCHIE REGIONALE ET DEPARTEMENTALE SOUS LA CONDUITE DU D.M.R. 1 EN LIAISON AVEC LA MISSION MAQUIS ET LA BASE D’ALGER.
– transmet sa NOTE A L’ETAT-MAJOR du Général KOENIG à LONDRES. L’exemplaire arrivé à LONDRES, figurant dans le fonds ZIEGLER (SHAT) est contresigné “Vu et Approuvé par A.PELABON”.
FICHE N° 2
EXPLOITATION À LONDRES DE LA NOTE DU LT COLONEL CONSTANS
Cette note arrive à LONDRES le 8 Juin, c’est à dire après le déclenchement du plan DELESTRAINT.
Elle est étudiée par le Commandant LEJEUNE Chef du 3ème Bureau qui la transmet le 16 juin au Colonel ZIEGLER (alias VERNON) Chef d’E.M. du Général KOENIG accompagnée d’une fiche établie par l’officier chargé de suivre les opérations de la Région R 1 sur la situation du VERCORS au 15 Juin 1944.
Cette fiche :
– indique le plan VIDAL a été mis en application par les phrases codées passées le 6 Juin, Ce ne semble pas être une surprise à LONDRES et la mission définie par le plan VIDAL est mentionnée à nouveau dans la fiche.
– la conclusion de l’officier craint une issue tragique si des opérations n’ont pas lieu avant le 20 Juin .
– enfin en post scriptum le rédacteur mentionne : “Je viens d’apprendre à l’instant que des opérations ont lieu à partir d’ALGER depuis quelques jours. Le nombre et l’importance de ces opérations ne sont pas encore connus.”
Cette phrase semble indiquer une interférence d’ordres entre LONDRES et ALGER alors que le VERCORS à cette date est dans la zone de responsabilité du Général KOENIG.
D’ailleurs le 15 Juillet à ALGER le Général COCHET Délégué Militaire pour le théâtre d’opération SUD recevra de LONDRES le message suivant : “LE GENERAL KOENIG RAPPELLE QUE LE VERCORS APPARTIENT A LA ZONE NORD …TOUS ORDRES A ACHEMINER SUR LE VERCORS DOIVENT EMANER DU GENERAL KOENIG SEUL.”
FICHE N° 3
COMPTE RENDU DU 22 JUIN 1944 DE J. SOUSTELLE, Secrétaire Général du Comité d’Action en France
Le compte rendu ci-joint classé dans le dossier VERCORS (13 P 5 2) du SHAT ne semble pas prendre en considération la mission de défense du VERCORS confirmée par J. SOUSTELLE le 31 Mai par l’intermédiaire de CHAVANT.
Il semble minimiser la gravité de la situation en se préoccupant seulement du moral des combattants, alors que ceux-ci demandent les renforts parachutistes, par de nombreux télégrammes reçus par CONSTANS.
CONSTANS confirme pourtant .implicitement la mission de défense, d’une “base d’opérations pour troupes aéroportées comportant un terrain d’atterrissage” en envoyant à cette fin d’ALGER l’équipe du Capitaine TOURNISSA (pseudo PAQUEBOT)
Enfin si le commando américain annoncé est parachuté avant l’attaque allemande, le commando français n’arrivera que plus tard et dans la DROME.
FICHE N° 4
Appui aérien au profit du VERCORS
I – Dès le début de l’étude du plan MONTAGNARD, les chefs militaires ont demandé l’envoi de mortiers, d’armes antichars et même d’artillerie de montagne.
A cette époque il n’était pas possible de parachuter des obus de mortier, c’est ce qui explique en partie la demande formulée par FOURCAUD de l’établissement d’une piste d’atterrissage où pourraient être livres des mortiers et leurs obus par avions. Ceci explique l’envoi d’ALGER de la Mission Paquebot du Capitaine d’Aviation TOURNISSA, dotée d’appareil radio guidage des avions.
II – L’organisation du commandement allié était telle qu’en fait le commandement allié en méditerranée était tout au moins initialement, subordonné au commandement suprême d’EISENHOWER (SHAEFE).
C’est en particulier pour cette raison que KOENIG a été reconnu officiellement par EISENHOWER, Commandant en Chef des F.F.I. sur toute la France.
Il aurait donc fallu que l’E.M. de SHAEFE alerté par KOENIG prévienne le commandement allié en Méditerranée d’avoir, éventuellement, à appuyer des combats, au profit des F.F.I., dans le SUD-EST de la FRANCE, puisque cette zone était hors de portée des chasseurs bombardiers stationnés en ANGLETERRE. La CORSE libérée dès 1943 était, en effet, avec ses terrains, un véritable porte avion à bonne portée du VERCORS.
Or cette démarche n’a pas été faite en temps utile ou n’a pas abouti.
Bien au contraire, une preuve du manque de coordination entre les forces alliées et les F.F.I. est donnée par le fait que le commandement américain ferme pour les rénover, les bases aériennes corses, très exactement pendant la semaine de l’attaque allemande contre le réduit du VERCORS. La première patrouille de chasseurs bombardier qui redécollera d’une de ces bases une fois réaménagées, ne le fera que le 27 Juillet, Seize P 47 du groupe de chasse 2/5 conduits par le commandant de RIVALS-MAZERES survolerons alors le VERCORS redevenu silencieux. Au cours de leur retour, ces P 47 mitrailleront dans la vallée du Rhône deux trains et une colonne de véhicules allemands. (Extrait d’une étude faite par le Colonel VAUCHY de l’Association Nationale des Résistants de l’Air)
FICHE CONCERNANT LE FONCTIONNEMENT DES COMMANDEMENTS FRANÇAIS ET ALLIES POUR LE CAS PARTICULIER DU VERCORS
Le Général de GAULLE, chef du Gouvernement provisoire disposait à ALGER, notamment :
– d’un cabinet militaire
– d’un Comité d’études de Défense Nationale (BILLOTTE)
– d’un état-major de Défense Nationale
– d’un Comité d’Action en France- d’une direction générale des Services Spéciaux (SOUSTELLE)
avec un B.C.R.A. – ALGER, un B.C.R.A. – LONDRES
I. – LE COMITE D’ETUDES DE DEFENSE NATIONALE avait fait approuver par le Général de GAULLE, 2 instructions (5 Avril et 16 Mai 1944) et 1 mémoire (16 Mai) ayant trait à “l’emploi de la Résistance sur le plan militaire”.
Il n’y était pas fait état explicitement du plan Montagnards, ni du VERCORS.
Toutefois, il était écrit : étant données “la nature montagneuse des Alpes du Dauphiné et de la Savoie, et la vitalité particulière de la Résistance, il semble possible d’y mûrir progressivement une action insurrectionnelle généralisée dans la région DAUPHINE-SAVOIE-JURA SUD, visant, en temps opportun, c’est à dire ici, essentiellement en fonction des opérations alliées :
– à interdire à l’ennemi l’accès de ces provinces de quelque direction que ce soit.
– à l’obliger à n’utiliser dans ces régions que le couloir du Rhône et à l’y harceler”.
II. En prévision des débarquements NORD et SUD, il a été créé deux délégations comprenant chacune, un délégué militaire et un délégué civil, du C.F.L.N.
– le délégué militaire NORD, placé auprès du Général EISENHOWER est le Général KOENIG qui est en même temps le Commandant des Forces Françaises stationnées en ANGLETERRE.
– le délégué militaire SUD destiné à être placé auprès du Général WILSON, Commandant en Chef en Méditerranée est le Général COCHET.
Compte tenu des délais séparant les débarquements NORD et SUD, le Général COCHET n’exercera pleinement ses fonctions qu’à partir du 1er Août et sa zone d’action sera limitée aux régions R 2 (Provence Côte d’Azur) et R 3 (Languedoc Roussillon).
Une note du Général KOENIG en date du 19 Juin précise qu’il est chargé d’assurer la coordination des actions des F.F.I. dans les zones Nord et Sud et qu’en particulier le Vercors bien qu’à cheval sur l’ISERE et la DROME, est rattaché en entier à la Zone Nord”.
Le 15 Juillet un message de KOENIG rappelle à COCHET que : “tous ordres à acheminer sur le VERCORS doivent émaner du Général KOENIG seul”.
III. Ce dessaisissement du Général COCHET au profit du Général KOENIG a eu deux graves conséquences :
– le Vercors n’a pas eu, au moment de l’attaque allemande, un appui aérien feu, faute de coordination avec le Commandement en Méditerranée. En effet ce dernier, dans le cadre de la préparation du débarquement du 15 Août, avait fermé à ce moment pour les rénover, les bases aériennes de CORSE qui auraient pu permettre l’envol de chasseurs bombardiers P 4.7.(cette fermeture a eu lieu très exactement pendant la semaine de l’attaque allemande contre le VERCORS (source ANRA Col. VAUCHY). La première patrouille de 16 P47 français ne pourra décoller de Corse que le 20 Juillet)
– la prise de contrôle par la D.G.S.S de SOUSTELLE à ALGER au lieu et place de COCHET, des actions des F.F.I. du Sud de la France et en particulier du VERCORS (voir sous-dossier en annexe), s’est traduite par une mauvaise et tardive information du Général KOENIG. C’est ainsi que le 16 Juin, l’officier opération de l’E.M. KOENIG, écrivait : ” je viens d’apprendre à l’instant que des opérations ont lieu à partir d’ALGER depuis quelques jours. Le nombre et l’importance de ces opérations ne sont pas encore connues.
IV. Les ordres donnés au VERCORS :
41°/ CHAVANT venant d’ALGER, rentre en France dans la nuit du 2 au 3 Juin et remet l’ordre signé : “pour le Général de GAULLE, le secrétaire général du Comité d’Action en France : J.SOUSTELLE.
– d’appliquer le plan DELESTRAINT (VIDAL) “.
Le Lt Colonel CONSTANT de la D.G.S.S. précise que le verrouillage du VERCORS sera déclenché par le même message que celui qui mettra en alerte la région R1.
42°/ Ce message, comme ceux de toutes les régions de France, est envoyé le 5 Juin par la B.B.C., l’Etat-major du Général KOENIG étant en réalité mis devant le fait accompli (confirmé par ZIEGLEB Chef d’E.M. et LEJEUNE Chef du 3ème Bureau).
4 3°/ Au reçu du message, le commandant DESCOUR Chef d’Etat-major de la région F.F.I. R 1, donne l’ordre d’exécuter immédiatement le plan Montagnard à HUET qui montrait quelque réserve, le débarquement n’ayant lieu qu’en Normandie.
44°/ Recevant des demandes d’armes de toutes les régions F.F.I. qui se sont soulevées, KOENIG donne l’ordre de “freiner au maximum les activités de guérilla en attendant qu’il soit en mesure d’effectuer de nombreux parachutages ”
45°/ Le Vercors répond à ce message de KOENIG, qu’il est trop tard, on ne. peut pas renvoyer chez eux ceux qui sont montés au VERCORS
V. – CONCLUSION
En conclusion, l’échec du VERCORS a plusieurs causes :
1°/ le plan Montagnards a été déclenché beaucoup trop tôt;
11 – Le Général KOENIG avait le VERCORS dans sa Zone de responsabilité, mais c’est la D.G.S.S. d’ALGER qui a donné par écrit les ordres au VERCORS (transmis par CHAVANT) prescrivant en particulier le verrouillage du VERCORS dès réception du message prescrivant la guérilla généralisée (plan rouge) pour la région R 1.
12 – Or les Alliés ont lancé le 5 Juin tous les messages régionaux de guérilla généralisée et en particulier celui de R.1
II°/ KOENIG a bien prescrit le 10 Juin de freiner au maximum la guérilla généralisée, mais pour DESCOUR et HUET c’était trop tard.
Le VERCORS a ensuite été confirmé dans sa mission :
– par les parachutages d’armes venant de LONDRES.
– par la mission PAQUEBOT, venant d’ALGER, pour réaliser un terrain d’atterrissage
III°/ La mauvaise coordination des commandements n’a pas permis au VERCORS de recevoir des appuis aériens feu, qui aurait du venir de CORSE (plus proche), ni l’aide de formations parachutées (pas d’avions disponibles en AFN)
Néanmoins le VERCORS a immobilisé dans le SUD-EST, des effectifs allemands importants et de qualité.
ORGANISATION DE RESISTANCE DE L’ARMEE O. R. A. 4, Bd des Invalides 75007 PARIS
LA RÉSISTANCE EN VERCORS
En mars, Dalloz, Jean Prévost et Tanant exposent leur idée du rôle que peut jouer le Vercors dans la résistance.
En janvier 1942, les responsables Isère se réunissent à Grenoble et créent les premiers groupes de combat.
Le 29 août a lieu dans la Drôme le premier parachutage de personnel à Etoile. Le 4 septembre, loi sur le STO.
Le 9 octobre, les maquis sont organisés militairement sous les ordres du Général Délestraint.
Le 10 octobre, premier accrochage à Grenoble.
Le 11 novembre, l’armée de l’armistice est dissoute, les Allemands envahissent la France libre.
En 1942, création des Corps Francs chargés de la police ( ?) et de la justice.
Le groupe de Romans comprend 8 permanents et 28 occasionnels.
En 1943, Londres reconnaît les mouvements de résistance, le 1er janvier et le 30 janvier Vichy crée la milice…
Début mars 1943, premières arrestations à Grenoble par les Italiens.
Le 9 mars, arrêt de travail dans les usines de Romans pour protester contre le STO.
Le 10 mars, manifestation à la gare de romans contre le train STO.
Le camp d’Ambel est évacué et pourchassé par les Italiens sur dénonciation.
Il rejoint Pré Grandu et reviendra ensuite à Ambel (40 km dans la neige).
Le 18 mars,200 Italiens attaquent le C4 à Cornouze : 2 tués, 4 arrêtés et déportés.
Le 31 mars, les Italiens attaquent le C4 à Béguère. Les maquisards évacuent le camp et se regroupent ailleurs.
Le 19 avril, Les Italiens attaquent le plateau Saint-Ange (1 mort).
Le 25 avril, c’est au tour de Sassenage (1 mort).
En mai 1943, les anciens élèves de l’école militaire de Valence se regroupent à Saint-Martin.
Le 15 mai, le Général Délestraint inspecte les défenses du Vercors. Accord sur les Francs Tireurs. Combat et ORA.
Le 17 mai, attaque par les Italiens du C4. Il se replie sur le Pas de l’Allier. Le 27 mai, les italiens attaquent le C5 et le C7. Ils font quelques prisonniers. L’après-midi, arrestations à Villard. 25 arrestations en tout. Le maquis est désorganisé pendant quelque temps.
Le 2 août, rassemblement de tous les chefs de la résistance à Tourtre, puis à Arbonnouze. Le camp n°2 est investi par les Italiens, il se replie au Pas de l’Ane. Le 9 septembre, bataille à Grenoble entre Allemands et Italiens après la capitulation italienne.
Ce sont les Allemands qui seront désormais responsables du service d’ordre sur tout le territoire du Vercors.
Le 15 septembre, une ligne haute tension est détruite près de romans par les jeunes cadres de saint-Martin.
Le 23 décembre, le C2 abandonne Gresse et s’installe au pied du Grand Veymont. Le 5 janvier 1944, regroupement du C8 et du C6 qui forment le Cl 1. Le 19 janvier, une voiture allemande est mitraillée à Saint-Julien. 2 prisonniers (1 Allemand, 1 Hollandais)
Le 20 janvier, la voiture de la feld gendarmerie qui recherche la première voiture tombe dans une embuscade : du côté allemand, 1 mort, 3 blessés récupérés par les Allemands prévenus par les blessés.
Le 22 janvier, expédition punitive : 300 hommes, 1 auto mitrailleuse. Embuscade à Echevis.Les Baraques brûlées.
A La Chapelle, puis Saint-Agnan, ils font demi-tour.
Le 29 janvier, attaque par les allemands du camp de Malleval. 23 morts dont le lieutenant Eysseric, chef du camp.
Le 1er février, De Gaulle crée les FFI. 2 FTP fusillés à Romans.
Le 3 février, 3 civils guident les Allemands au camp de l’Esparron. Le camp est détruit. Les rescapés rejoignent le C12 au Plateau de Beurre.
Le 8 février,un avion canadien s’abat à Méaudre. Tous les occupants sont tués.
Hors Vercors :
Le 22 février, destruction du camp d’Izon la Bruisse. 36 maquisards tués. Le 27 février, destruction du camp de Châtillon en Diois. Tous les occupants sont déportés ou fusillés.
Le 8 mars, un blessé à l’hôpital de Romans surveillé par les gendarmes est libéré par son commando.
Le 9 mars, 4 hommes du C5, faits prisonniers la veille à Pont en Royans, sont fusillés route des Combes.
Le 18 mars, attaque du PC de la Matrassière à Saint-Julien (10 morts).
Le 19 mars, camp attaqué et détruit à Condorcet (près de Nyons).
Le 13 avril, les maquisards sont prévenus d’une attaque imminente de grande envergure sur le plateau, les camps se dispersent et se cachent.
Le 16 avril, l’attaque a lieu : plus de 1 000 hommes (Wermarcht, Milice et CMR) investissent le plateau. Plusieurs hameaux sont pillés et brûlés, plusieurs personnes fusillées. Le maquis s’est évanoui et évite tout contact
Le 28 avril, les Corps Francs de Thivollet se dispersent après avoir été attaqués à Musan.
Le 17 juillet, voyage de Chavant et Veyrat à Alger.
Dès l’annonce du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, la mobilisation est décrétée.
Dès le 9 juin, les premiers éléments affluent de Grenoble, Romans, le Royans, le Vercors.
Cinq compagnies sont formées :
-la compagnie Brisac (Grenoblois) à Saint-Nizier
-la compagnie fayard (Royans) à Lente
-la compagnie Philippe (Vercors) dans la forêt des Coulmes
-la compagnie Abel (Romanais) à La Balme de Rencurel
-la compagnie Goderville (les anciens groupes Francs) à Saint-Nizier
Les isolés rejoignent les camps Thivollet et Durieu.
En quelques jours, le nombre de résistants passe de 500 à 3 000, puis à 5 000 au moment où la forteresse sera assiégée.
Du 13 au 15 juin 1944, les Allemands prennent Saint-Nizier au prix de nombreuses pertes. 24 tués du côté des maquisards qui résistent longtemps avant l’ordre de dispersion. Le village est incendié et les corps des maquisards jetés dans les flammes…